En collaboration avec le réseau Fare (Football Against Racism in Europe), une organisation expérimentée dans la lutte contre la discrimination dans le football, la FIFA a lancé en 2015 son premier système de veille anti-discrimination, un dispositif toujours en place dans les compétitions de la FIFA aujourd'hui. Gerd Dembowski, Responsable Diversité et Lutte contre la Discrimination de la FIFA, est en charge du partenariat avec Fare. Il est actuellement au Maroc pour la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA™, où il supervise les observateurs de match lors de chaque rencontre.

"Je me suis lancé dans ce combat il y a 30 ans d'une toute autre façon. J'étais un activiste, un fan moi-même", explique-t-il. "J'ai pris conscience des tendances racistes des supporters de club qui m'entouraient et j'ai dû choisir entre changer de passion ou essayer de faire une différence."

"Alors nous avons organisé des groupes de supporters antiracistes et plus tard, nous avons lutté contre l'homophobie. Je me suis très vite impliqué dans des collectifs d'autres pays et j'ai fait partie des membres fondateurs du réseau Fare, aujourd'hui partenaire de la FIFA." "J'ai participé à des groupes de supporters qui coopéraient avec l'UEFA et la FIFA. Je suis devenu un sociologue et j'ai inventé de nouvelles méthodes de médiation des conflits. J'ai travaillé au Borussia Dortmund, au FC Cologne et au Hanovre 96, et nous avons noué un dialogue avec les ultras dans certaines situations. Les fans hardcore d'un côté, le club de l'autre et la police entre les deux."

Un observateur de match antidiscrimination doit posséder une connaissance pointue de la culture, du langage et du comportement des groupes de supporters concernés. Les individus qualifiés sont recherchés dans le monde entier. Une fois sélectionnés, ils reçoivent une formation spécialisée. Quand ils relèvent des attitudes discriminatoires, il leur faut fournir des preuves, dont des vidéos, qui seront soumises au secrétariat du Comité Disciplinaire de la FIFA dans un rapport de match spécifique. Qu'arrive-t-il en cas d'incidents pendant un match ? "Après le coup d'envoi, nos observateurs anti-discrimination ont la possibilité de livrer une évaluation immédiate d'un incident à notre équipe de sécurité. Leur signalement passe par moi, en tant que spécialiste des droits humains et anti-discrimination, puis nos officiels de match décident de la marche à suivre", commente Dembowski. "Les mesures de sécurité en vigueur vont de l'expulsion du stade à l'arrêt du match." Piara Powar, Directeur Exécutif du réseau Fare, s'est exprimé à la veille de la finale de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA™ à Rabat. Il a décrit la collaboration entre les deux organisations et souligné l'importance d'adhérer aux cadres réglementaires mis en place par la FIFA pour s'attaquer à la discrimination dans les stades.

"Viser une minorité raciale ou ethnique, ou une personne en raison de son orientation sexuelle peut avoir des conséquences désastreuses. La culture des supporters de football varie selon les pays. Certains chants ou comportements peuvent paraître acceptables au niveau national par ignorance." "Parfois, les gens veulent envoyer un message qui, pour le reste d'entre nous, est pour le moins intolérant, voire discriminatoire. On ne peut tout simplement pas laisser le football international leur servir de tribune", poursuit Powar. En amont de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA™, Dembowski a consulté les autorités marocaines, y compris le Comité Organisateur Local et la police, afin de se familiariser avec les systèmes de stadiers, ainsi qu'avec les différents rôles et responsabilités. Le jour du match, il est important de veiller à ce que la FIFA et Fare disposent d'un homologue auprès duquel soulever tout problème éventuel à l'arrivée des spectateurs, puis à leur entrée dans les tribunes du stade.

Ce que l'on sait peut-être moins, c'est que les commentaires et les bannières anti-discrimination sont encouragés. "Les messages généraux sur les droits humains et la lutte contre la discrimination sont conformes aux règles de la FIFA", assure Dembowski. "Nous incitons à renforcer le dialogue avec les supporters, car une discussion préalable permet de résoudre de nombreux problèmes. Par le passé, les organisations sportives considéraient souvent les fans comme un risque pour la sécurité, mais ils peuvent également aider à la préserver."

Ces derniers mois, la FIFA a confié un mandat spécifique à un nouveau membre de l'équipe en charge des droits humains et de la lutte contre la discrimination. "Nous menons un projet pilote avec la Fédération Mexicaine de Football. Nous venons aussi de commencer à travailler avec le Brésil. Notre nouveau collègue supervise l'élaboration d'une stratégie visant à collaborer avec les associations membres de la FIFA longtemps avant le début des tournois, afin de mettre en place des mesures préventives, auxquelles nous nous consacrons de manière beaucoup plus systématique aujourd'hui", ajoute Dembowski. "Notre objectif est d'offrir un environnement plus accueillant et inclusif aux spectateurs des matches organisés par la FIFA dans le monde entier. Le but de la FIFA n'est pas de contrôler les supporters, mais d'ouvrir des fenêtres ou même des portes, ce qui a déjà commencé."

La conclusion revient au directeur exécutif de Fare. "Nous voulons aider à créer une culture du football très inclusive, à laquelle chacun ait le sentiment d'appartenir. Nous ne voulons pas que les jeunes néo-zélandais et australiens, par exemple, refusent d'aller à la Coupe du Monde Féminine par crainte d'être offensés. Ou que leurs parents le craignent." "Il ne s'agit pas de faire le ménage dans le football, mais de respecter les différentes cultures qui le composent et de souligner son pouvoir fédérateur."