Bien qu'ils n'aient pas débuté dans l'écosystème du football, les deux Argentins jouent un important rôle décisionnaire dans leur club respectif de première division depuis des années. Les deux institutions sont des leaders au niveau national et international, mais elles aspirent à continuer de grandir.

Dans cette optique, Gerardo Moyano Cires et Guido Baroli partagent quelque chose de plus depuis septembre 2022 : ils font partie des 40 participants à la deuxième édition du Diplôme de la FIFA en Gestion des Clubs.

"Quelques mois avant la session inaugurale en présentiel à New York, j'avais négocié avec lui le transfert d'un joueur, mais nous ne nous étions jamais rencontrés", confie Moyano Cires à FIFA.com. Âgé de 37 ans, il est le premier Vice-Président et Directeur Général de Talleres de Córdoba, un club passé de la troisième division il y a trois ans, à la place de quart de finaliste de la Copa Libertadores 2022. "De plus, pendant la pandémie, nous avons partagé des espaces éducatifs virtuels. Aujourd'hui, je nous considère comme des adversaires sur le terrain, mais comme de grands collaborateurs en dehors", commente Baroli, 36 ans, qui a vu Defensa y Justicia remporter la Copa Sudamericana 2020 et la Recopa Sudamericana 2021, ainsi que deux titres locaux de vice-champion, sous son mandat de Directeur Général.

Moyano Cires donne des précisions sur sa participation au Diplôme. "Dans mon cas, il s'agit en partie de développement personnel, mais surtout d'une question institutionnelle. Depuis que j'ai rejoint Talleres il y a neuf ans, nous avons compris que pour grandir, il était essentiel de suivre le chemin de la professionnalisation. Le cursus est innovant, et il propose un contenu non seulement axé sur la gestion des clubs, mais aussi sur le réseautage", explique le diplômé en gestion d'entreprise, qui a précédemment travaillé dans le monde des affaires et des finances.

"À Defensa y Justicia, nous pensons que c'est un bon moyen, tant pour le club que pour mon évolution professionnelle, de partager des expériences et de constituer des réseaux. Il est crucial dans un secteur qui ne dispose généralement pas d'indicateurs de gestion, de nous comparer à d'autres clubs, de comprendre où nous nous situons au-delà des différences, de savoir ce que nous faisons de bien ou mal, et d'être capable d'adapter les idées qui donnent de bons résultats ailleurs", détaille Baroli. Diplômé lui aussi en gestion d'entreprise, il a exercé ses talents dans le basket-ball au Real Madrid et dans le football à River Plate, avant de rejoindre Defensa y Justicia il y a près de cinq ans.

Près de huit mois après le début du cursus, Moyano Cires relève un élément qui l'a surpris. "La décision stratégique de la FIFA d'établir un lien direct avec les clubs est appréciable, parce qu'il en résulte un échange d'informations et de connaissances de la part des intervenants, qui sont tous des dirigeants de haut niveau. C'est ainsi que la FIFA deviendra réellement mondiale."

Baroli souligne deux aspects en particulier. "Tout d'abord, c'est un excellent panel de décideurs, comprenant des personnes aux profils distincts comme des directeurs sportifs, propriétaires ou présidents de clubs, spécialistes des données, stratèges, gestionnaires... Et parallèlement, nous sommes exposés à une diversité de modèles de gestion et d'entreprise durables, avec différentes structures de revenus et de coûts. Cela ouvre des horizons."

Ils mettent tous deux l'accent sur le fait que le Diplôme n'impose pas de méthode, mais fournit des outils visant à améliorer la prise de décisions. En Argentine, les clubs sont des sociétés civiles à but non lucratif, avec de fortes composantes sociales et communautaires, et non des sociétés anonymes dédiées uniquement au football.

"Le Diplôme peut être considéré comme une possibilité offerte par la FIFA à des clubs comme les nôtres, qui sont loin de la professionnalisation et où il existe encore des imbrications entre dirigeants et équipes professionnelles, d'obtenir les bonnes ou meilleures pratiques des championnats plus développés", estime Moyano Cires.

"Les outils fournis peuvent être adaptés à toutes les situations", observe Baroli. "Nous nous penchons sur des études de cas qui nous permettent de comprendre les décisions stratégiques prises. Le thème transversal est la nécessité d'appliquer un modèle d'entreprise durable et viable. Le Diplôme incite à une plus grande compétitivité des clubs, aux fins de développer le football dans le monde entier."

Outre leur satisfaction devant le niveau des intervenants, dont certains n'appartenaient pas à l'écosystème du football, Baroli et Moyano Cires ont apprécié la forme du cursus qui se divise entre sessions en présentiel et en ligne, de même que le fait d'être poussés par la FIFA aux sessions en présentiel pour renforcer le réseautage. Ils ont notamment été impressionnés par leur visite à Tokyo en avril dernier.

"Au Japon, j'ai eu du mal à comprendre comment ils parvenaient à prendre des décisions à un horizon de 50 ans, ce qui serait très difficile dans notre culture", explique Baroli. "Cela nous a permis d'entamer des discussions avec Gamba Osaka en vue d'un éventuel échange de savoir-faire entre leurs pratiques et les nôtres", ajoute Moyano Cires.

Ils tentent tous deux de faire profiter leur club du sacre de l'Albiceleste à la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™, ainsi que de l'organisation de la Coupe du Monde U-20 dans leur pays, conscients de l'importance de garder le football argentin sur le devant de la scène.

"Defensa y Justicia s'appuie sur un modèle d'entreprise clair : revaloriser les joueurs et les vendre, être une plate-forme qui génère de la valeur. Si le Diplôme m'a confirmé quelque chose, c'est que nous ne pouvons pas perdre notre identité. C'est elle qui doit marquer les prises de décision de toute l'organisation", affirme Baroli.

"Nous aimerions remporter des titres tous les ans, évidemment, mais dans ce secteur, bien gérer ne rime pas nécessairement avec gagner. Nous devons continuer à investir dans les infrastructures pour nous développer et essayer de participer à des tournois internationaux tous les ans afin de rester sur les rails de la croissance", poursuit-il.

"Talleres travaille sur un projet de développement stratégique qui s'inscrit sur les dix années à venir, concernant la finalisation de la ville sportive et la construction d'un stade modèle. Nous voulons en faire l'un des meilleurs clubs d'Amérique latine à cet égard. De plus, nous allons renforcer le processus interne de professionnalisation du capital humain", indique Moyano Cires.

Ils ont tous deux accepté d'intervenir lors de la prochaine édition du Diplôme. "Si des exemples de réussite nous ont aidés, nous espérons que les nôtres aideront quelqu'un d'autre".