jeudi 17 février 2022, 03:00

Klimková : "Ma Nouvelle-Zélande jouera pour la gagne"

  • Jitka Klimková a pris la tête de la Nouvelle-Zélande en septembre dernier 

  • Elle veut que l'équipe hôte de la Coupe du Monde déploie un football attractif 

  • Les Football Ferns affrontent les États-Unis, l'Islande et la République tchèque en SheBelieves Cup

Nommée aux commandes de la Nouvelle-Zélande en septembre 2021, Jitka Klimková a dû travailler à distance en raison des règles et contrôles frontaliers liés au COVID. Les restrictions ont rendu toute planification impossible, mais la Tchèque voit lentement le bout du tunnel. "J'ai vraiment hâte d'être en Nouvelle-Zélande et de parler à mon équipe en face-à-face", avoue-t-elle à FIFA.com depuis son pays d'origine."

Malgré tout, elle a réussi à organiser des matches au Canada et en République de Corée l'an dernier. "Je suis ravie que nous ayons pris le risque de jouer ces amicaux, parce qu'autrement nous commencerions notre préparation maintenant, sans l'expérience que nous avons engrangée lors de ces déplacements", estime-t-elle.

Jitka Klimková, la sélectionneuse de la Nouvelle-Zélande, souriante à l'entraînement

Réorientation offensive

La technicienne de 47 ans, qui a entraîné les sélections juniors américaines, néo-zélandaises et tchèques et a remporté l'A-League avec Canberra United, a l'intention d'inculquer une philosophie davantage axée sur l'attaque aux Football Ferns. Abandonner une longue tradition de robustesse défensive ne se fera toutefois pas du jour au lendemain.

"Il s'agit de changer les mentalités et de faire comprendre aux joueuses que nous voulons garder la possession et contrôler le jeu autant que possible", explique Klimková. "Nous ne sommes pas naïves. Nous savons que face à certains adversaires, nous passerons par des phases sans ballon, des contres et des transitions rapides. Il nous faut aussi être très compacts en défense et solides dans les duels. L'équipe ne demande qu'à jouer offensif et je crois qu'elle y est prête."

Lors du premier match contre le Canada, l'équipe a adopté le nouveau système avec enthousiasme. Mais quand elle a été menée au score, elle s'est retranchée en défense. Cette leçon a été utile à Klimoková. "Nous avons encore du travail devant nous, bien sûr", reconnaît-elle, même si ses joueuses ont tiré des leçons des premiers matches. "La rencontre suivante contre les mêmes adversaires l'a montré : nous nous sommes inclinées sur un court 0-1, alors que nous avions encaissé une défaite 1-5 auparavant."

"Les joueuses ont ainsi pu constater la différence entre jouer pour ne pas perdre et jouer pour gagner. Elles ont besoin de voir par elles-mêmes que la deuxième option offre de meilleures chances. Cela prendra peut-être du temps, mais je suis très patiente et je n'abandonnerai pas. Quel que soit notre adversaire, la Nouvelle-Zélande jouera pour la gagne."

Les Football Ferns n'ont guère connu la réussite ces dernières années. Leur récente victoire 2-0 contre la République de Corée, finaliste de la Coupe d'Asie Féminine de l'AFC 2022, a ainsi mis fin à une série de huit défaites. "C'est une récompense pour les joueuses, pour leur adhésion à nos principes de jeu et leur motivation", poursuit Klimková.

Les Kiwis s'appuieront sur la nouvelle tactique de leur sélectionneuse la semaine prochaine en SheBelieves Cup. Le premier tour prendra une dimension toute personnelle pour Klimková, puisque la Nouvelle-Zélande a été versée dans un groupe comprenant la République tchèque, les États-Unis et l'Islande.

"J'ai beaucoup d'amis aux États-Unis et la confrontation avec la République tchèque sera, bien sûr, un moment très spécial", commente-t-elle. "C'est mon pays, et c'est aussi une équipe dont j'ai porté le maillot et que j'ai entraînée. Ce sera palpitant de l'affronter dans un tournoi aussi prestigieux. Nous sommes très heureuses d'y participer, d'autant que c'est un test idéal pour nous préparer à la Coupe du Monde."

Les matches de la Nouvelle Zélande à la SheBelieves Cup

  • Islande (18 février)

  • États-Unis (20 février)

  • République tchèque (23 février)

Jitka Klimková, New Zealand women's coach, speaks during training.

Un avenir prometteur

Co-organisée avec l'Australie, la Coupe du Monde 2023 ouvre de vastes horizons en Nouvelle-Zélande, mais une forte pression s'exerce sur l'équipe locale et son entraîneur. Klimková sait à quel point il est important de veiller à ce que ses protégées n'en souffrent pas. 

"Nous travaillons d'arrache-pied sur la planification de l'ensemble du cycle de la Coupe du Monde, en nous concentrant notamment sur la pression pesant sur l'équipe hôte", explique-t-elle. "Nous discutons des façons de s'en servir, car la pression peut être un atout. Mais nous savons qu'elle peut aussi détruire tous les efforts déployés pendant la préparation. Nous devons nous assurer qu'évoluer à domicile inspire et motive les joueuses."

Mais les autorités nationales du football voient au-delà de 2023. Leur vision à long terme et leur engagement se reflètent dans la durée du contrat de Klimková, qui est ravie du message envoyé par son mandat de six ans.  

"C'est très important que la Fédération néo-zélandaise pense à long terme", juge-t-elle. "Nous n'en sommes qu'au début et je n'occupe mon poste que depuis quatre mois, mais nous voulons vraiment intégrer la sélection senior avec les équipes juniors. Notre plan va au-delà de cette année et même de 2023."

"Le football féminin possède un immense potentiel de croissance en Nouvelle-Zélande et je suis très heureuse de la chance qui m'est offerte. C'est un énorme défi et une lourde responsabilité, puisque nous co-organisons la Coupe du Monde. Mais je suis surtout motivée par les possibilités que j'ai vues en 2013 et 2014 en tant que sélectionneuse des U-17 féminines et en observant les Ferns. À l'époque comme maintenant, j'ai senti que la Nouvelle-Zélande pouvait accomplir de grandes choses. C'est un privilège de l'y aider", conclut-elle.

Images fournies par Photosport