dimanche 04 juin 2023, 03:00

González Ferreira, une leçon de persévérance et de dépassement de soi

  • Un accident de la route a entravé sa carrière de joueur professionnel

  • Le football lui a permis de déjouer tous les pronostics et de retrouver le terrain

  • Aujourd'hui, il fait partie du TSG de la FIFA à la Coupe du Monde U-20 disputée en Argentine, un tournoi et un pays qui l'ont vu s'illustrer il y a 22 ans

L'accident s'est produit le 22 décembre 2005 sur la route qui relie Vicence à Venise, quelques heures avant son départ pour le Paraguay où il devait passer les fêtes. 27 jours plus tard, il était amputé du bras gauche. Le Paraguayen Julio González Ferreira avait 24 ans.

Il a dû renoncer aux rêves qu'il avait nourris en tapant la balle dans son Asunción natale, aux espoirs qu'il avait cultivés à coup de buts et de travail en club et en sélection : quatrième de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Argentine 2001™ et médaillé d'argent au Tournoi Olympique de Football, Athènes 2004, il se préparait à disputer sa première Coupe du Monde de la FIFA™ à Allemagne 2006.

"Quand le chirurgien m'a dit qu'il fallait m'amputer le bras, mon monde s'est écroulé", confie González Ferreira à FIFA.com. Il vit actuellement sa première expérience de membre du Groupe d'Étude Technique (TSG) de la FIFA à la Coupe du Monde U-20 en cours en Argentine.

"Il est difficile d'expliquer tout ce qu'il m'est passé par la tête… J'avais même un précontrat signé avec l'AS Rome. Je rêvais de remplacer l'idole de mon enfance, Gabriel Batistuta !", poursuit l'ancien avant-centre.

Brazil v Tunisia: Round of 16 - FIFA U-20 World Cup Argentina 2023

Comment a-t-il repris le dessus ? "Grâce au football. J'ai compris que mon destin dépendait de ma persévérance, de ce qui m'avait permis de devenir footballeur professionnel. J'ai décidé de recommencer à jouer, sans écouter les médecins ou ceux qui jugeaient mon retour impossible", raconte González Ferreira, aujourd'hui âgé de 42 ans.

Bien que Vicence lui ait offert un poste d'entraîneur chez les jeunes à mi-chemin de sa convalescence, Julio est rentré au Paraguay en 2007 pour rejoindre les rangs de Tacuary. À force d'un travail acharné, il a retrouvé le terrain le 18 novembre 2007, 22 mois et 26 jours après l'accident.

Face au puissant Olimpia et aux côtés de son frère et coéquipier Celso, González Ferreira est resté près de 60 minutes sur la pelouse. La nouvelle a fait le tour du monde, l'érigeant au rang d'exemple de résilience pour des milliers de personnes. "Le football est redevenu ma priorité de vie. Depuis, je ne cesse de m'y impliquer d'une manière ou d'une autre."

Brazil v Tunisia: Round of 16 - FIFA U-20 World Cup Argentina 2023

Le Paraguayen a raccroché les crampons en 2008. À présent, il collabore avec la Fondation de l'Inter Milan dans son pays, où il entraîne des garçons et des filles issus de milieux défavorisés. Il a également obtenu le diplôme d'entraîneur et a officié dans des clubs de catégories inférieures. De plus, il fait partie du programme des FIFA Legends depuis l'an dernier.

Aujourd'hui, il avoue traverser "une période d'intense réflexion en Argentine". C'est compréhensible. C'est ici que le Paraguay a décroché une quatrième place historique en Coupe du Monde U-20, un exploit dont il a été l'un des artisans.

Brazil v Tunisia: Round of 16 - FIFA U-20 World Cup Argentina 2023

Il est surpris quand FIFA.com lui montre une vidéo des deux buts qu'il a marqués dans cette édition, face à la RI Iran en phase de groupes et à l'Ukraine en huitième de finale. "J'avais très envie de les revoir. Ça me rappelle de beaux souvenirs. C'est une nostalgie agréable", commente-t-il.

Il évoque ce que son intégration dans le TSG de la FIFA représente pour lui. "C'est comme si la vie me disait : 'C'est la prime à l'effort, au sacrifice, parce que tu n'as jamais abandonné, tu n'as jamais jeté l'éponge. Aujourd'hui, la vie et le football t'en récompensent ainsi'".

Il prépare ses papiers et sa tablette pour la première journée des huitièmes de finale. Pendant les matches, il observera et analysera tous les aspects "tactiques, techniques, physiques et même psychologiques du jeu, en générant des données qui seront ensuite exploitées par les équipes et les joueurs. La FIFA les met à disposition du monde du football par le biais du Centre d'Entraînement, une plateforme publique", explique-t-il.

"Il est utile de recueillir tous ces éléments, notamment pour produire le rapport final de la compétition. J'aurais tout donné pour disposer d'autant d'informations quand j'étais joueur", ajoute-t-il.

Analysant ce qu'il a vu jusqu'ici dans le tournoi avec un œil d'entraîneur, il est impressionné par "la façon dont les équipes construisent le jeu de possession avec le gardien ou les défenseurs centraux, en passant par les latéraux et les milieux, pour terminer par des mouvements offensifs concertés".

Le match est sur le point de commencer et González Ferreira se plonge dans son travail le sourire aux lèvres, heureux de participer à cette aventure, certain que, au final, le football récompense toujours la persévérance.

Pour plus d'informations sur le Groupe d'Étude Technique de la FIFA et le Centre d'Entraînement de la FIFA, cliquez ici.