jeudi 31 janvier 2019, 08:21

Heinze dans la salle d'attente du succès

Il aurait pu devenir footballeur professionnel au Bayern Munich. Il a joué aux côtés de Mats Hummels et de Thomas Müller. Mais, à 24 ans, il a repris ses études et s'est lancé dans une carrière de joueur de futsal. Auteur du premier but de l’équipe d’Allemagne de futsal en match officiel, Timo Heinze a participé en tant que capitaine au premier match de la Mannschaft en qualification pour la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA. En Géorgie, les Allemands ont toutefois payé au prix fort leur manque d’expérience, en s’inclinant 5-1 face à leurs hôtes.

FIFA.com a rencontré l’international de 32 ans, par ailleurs auteur d’un livre dans lequel il raconte son expérience au sein du centre de formation du Bayern Munich.

Timo, quelles sont vos impressions après la défaite face à la Géorgie ? On aurait pu mieux faire. Mais il faut bien admettre que, sur ce match, nos adversaires étaient un cran au-dessus. L’écart était flagrant, tant dans le jeu qu’au tableau d’affichage. Il faut maintenant se concentrer sur les prochains matches, qui seront décisifs.

Vous affrontez le Danemark ce 31 janvier... Pour les deux équipes, ce match est comme une finale. Nous aurions bien aimé battre la Géorgie, mais tout va se jouer contre le Danemark. Si nous appliquons notre stratégie à la lettre, nous sommes certains de pouvoir l’emporter.

Revenons à votre parcours. Après votre passage au Bayern, vous êtes parti à Bali et vous avez écrit un livre... Ça me tenait à cœur. Pour moi, c’était une façon de faire le deuil de ma carrière de footballeur et d’accepter que je n’avais pas réussi à atteindre le très haut niveau. Au départ, ce n’était pas du tout un livre ; c’était plutôt une sorte de travail sur soi.

Avez-vous encore des contacts avec d’anciens coéquipiers comme Thomas Müller ou Mats Hummels ? Je ne vois plus du tout Thomas, mais c’est normal. Nous nous entendions parfaitement sur le terrain mais en privé, c’était une autre histoire. C’était prévisible, car nous vivons dans deux mondes complètement différents. Mats, je le vois trois ou quatre fois par an. Je m’entends très bien avec son frère. Il nous arrive de faire des sorties tous les trois.

Comment êtes-vous venu au futsal ? Au départ, je voulais seulement m’amuser sans abandonner le ballon complètement. Au fur et à mesure, le jeu allait de plus en plus vite. Il faut dire que nous avions la chance d’avoir un bon entraîneur, qui m’a appris beaucoup de choses sur le plan tactique. Ça faisait plusieurs années que nous attendions la création d’une équipe nationale. J’ai même craint de raccrocher les crampons avant que ça se fasse. Quand les choses ont pris une tournure plus concrète, je n’avais qu’une idée en tête : faire partie de l’aventure. Finalement, j’ai eu la chance d’inscrire le premier but. C’était presque trop beau pour être vrai !

Qu’est-ce qui vous plaît dans le futsal ? Dans ma jeunesse, j’ai participé à des matches de football en salle classique, mais je trouve que le futsal est plus cohérent. Comme il n’y a pas de bordures extérieures, le facteur chance est moins important. Il faut trouver des solutions par soi-même. En Allemagne, on entend souvent dire que les bordures font la part belle à la créativité. Ce n’est pas complètement faux, mais ça n’a pas grand-chose à voir avec le football.

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Vous avez été défenseur mais, en futsal, on vous voit souvent marquer des buts... En défense, je suis à la pointe du diamant. Je suis pratiquement le dernier homme. Mais curieusement, je suis beaucoup plus efficace sur le parquet que sur le gazon. C’est sans doute parce que les espaces sont réduits. Comme je joue en retrait, j’ai davantage d’espace devant moi quand j’apporte le surnombre. En général, les buts interviennent suite à une passe en profondeur ou à un appel inattendu. Le fait est que le futsal m’a permis de découvrir un sens du but qui ne s’était jamais manifesté sur les terrains de football.

L’Allemagne est une grande puissance du football mais, pour ce qui est du futsal, elle fait encore partie des petits... Nous n’en sommes qu’à notre troisième année. Nous devons commencer par rattraper notre retard. Nous sommes un pays en voie de développement, pour ainsi dire. Le chemin qui mène au plus haut niveau est encore long. Nous sommes encore loin des sommets, mais nous sommes sur la bonne voie. Nous avons fait un énorme bond en avant, ces derniers mois. Notre objectif est de passer le premier tour des qualifications pour la Coupe du Monde de Futsal. Ça peut sembler un peu étonnant pour un pays comme l’Allemagne, qui fait partie des poids lourds du football mondial. Mais pour nous, ce serait déjà un beau succès.

En tant que capitaine de l’équipe nationale, que souhaitez-vous au futsal allemand ? J’aimerais que notre pays s’ouvre à la discipline. Je connais peu de gens qui ont essayé le futsal et qui n’ont pas été conquis. En général, les réactions sont très positives. J’aimerais assister à la création d’une Bundesliga du futsal, avec les structures adaptées. Il faudrait aussi que les médias s’intéressent davantage à nous. Le futsal est un sport spectaculaire. Le handball est présenté à juste titre comme un vrai spectacle, mais le futsal n’a rien à lui envier.

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