mercredi 25 avril 2018, 09:32

Lengwe, l'égalité hommes-femmes face au sifflet

  • La Coupe du Monde U-17 de la FIFA de la FIFA a vu des femmes arbitrer dans une compétition masculine

  • Gladys Lengwe était l'une d'elle et raconte son expérience à FIFA.com

  • Elle officie régulièrement en première division masculine de Zambie

De plus en plus de femmes sont appelées à diriger des rencontres masculines. La Coupe du Monde U-17 de la FIFA, par exemple, a été le premier tournoi masculin de la FIFA à mettre également en vedette des femmes en noir.

Gladys Lengwe, qui officie depuis 2002 dans des rencontres internationales, était quatrième officielle lors du match de groupe Allemagne - Costa Rica. Elle a prouvé que le moment était venu pour les meilleures arbitres féminines de diriger également des rencontres masculines aux côtés de leurs collègues.

La native de Zambie n'aurait pas pu imaginer que sa carrière prendrait un jour cette direction, car ses motivations pour devenir arbitre étaient à l’origine d'une nature complètement différente. "J’ai commencé l’arbitrage à l’âge de 17 ans. À cette époque, les arbitres de ma région recevaient des billets pour assister gratuitement à des matches. Lorsque j’en ai entendu parler, je me suis dit : 'Pourquoi je ne m’affilierais pas comme arbitre pour avoir des billets ?'", raconte-elle en riant à FIFA.com. "Au début, c'était juste pour s'amuser. À ce moment-là, mon objectif n'était pas vraiment de devenir arbitre. Je n'ai vu que des hommes aux matches, et aucune arbitre femme. Il n'y avait donc pas grand-chose pour me motiver. Je n'étais vraiment intéressée que par les billets d’entrée", poursuit-elle honnêtement.

Si son point de vue a changé, c'est aussi grâce à ses collègues masculins, qui l'ont encouragée et ont vu en elle un vrai potentiel. "En 2002, j'ai commencé à diriger des rencontres de divisions inférieures. Ça a duré pendant près de dix ans. Même à l'époque, il n'était pas facile d'accepter une femme comme arbitre dans un sport dominé par les hommes. Mais après des jours, des mois, des années, ils ont commencé à m'accepter et surtout à accepter mes décisions. Ils ont commencé à se sentir plus à l'aise parce qu'ils ont vu que je faisais du bon travail", explique Lengwe à propos de ses débuts dans le football masculin.

"En 2011, les choses ont pris une autre tournure. Cette année-là, la FIFA a mis en place des bureaux régionaux et des managers d'arbitres. Le manager est venu me voir en me disant : 'Je pense que tu peux te débrouiller en première division zambienne. Au début, je n’arrivais pas à y croire : 'Qui ça ? Moi ?' En fait, il avait plus confiance en mes capacités que moi-même. Il m’a sélectionnée pour les deux derniers matches de la saison et j'ai fait mes débuts parmi l'élite. L'année suivante, je n’ai plus été convoquée pour arbitrer dans les divisions inférieures et à ce jour, je ne dirige que des matches de Super League."

A 40 ans, elle est la première Africaine à diriger des rencontres de l'élite et a été nommée arbitre féminine de l'année dans son pays d'origine en 2012. Lengwe a également officié sur la scène internationale. Elle a été nommée parmi les trois arbitres africaines pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2015™ au Canada, où elle a dirigé le match de groupe entre l'Allemagne et la Thaïlande. Lengwe a également pris part au Tournoi Olympique de Football Féminin 2016 à Rio.

"Bien sûr, j'ai de bons souvenirs, mais j'aimerais évoquer un autre match. Ce fut ma première expérience négative et il m’a fallu beaucoup de courage pour m'en sortir", tient-elle à souligner. "Il s’agissait d’une rencontre entre la Colombie et la Nouvelle-Zélande. Je me faisais une joie de participer à ce tournoi. Je m’y étais soigneusement préparée car je voulais bien faire", explique Lengwe. Mais à la 88ème minute, elle a dû sortir un carton rouge à Abby Erceg après une faute, contraignant l'Australienne à quitter le terrain.

"C’est là que le quatrième officiel me demande : 'Tu es sûre ?' Je lui ai fait part de mon étonnement et il m'a dit qu'elle avait joué le ballon. J'aurais dû obtenir cette information plus tôt !", raconte-t-elle. "J'aurais su qu'elle avait touché la balle avant de commettre la faute. J'avais déjà sifflé la reprise du match, donc je ne pouvais pas changer ma décision. Il fallait que je me concentre à nouveau sur le jeu, mais et j’ai fait une autre erreur parce que je pensais encore à cet incident. Après la rencontre, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je n'étais pas moi-même et je passais mon temps à faire les cents pas dans ma chambre. Je voulais vraiment réaliser une bonne prestation, mais cette erreur a tout fichu par terre", raconte la Zambienne, qui conclut tout de même en assurant que son expérience est essentiellement positive.