Avant même de les apercevoir, on les entend chanter d'une voix vive et enjouée. Lorsque les joueuses de l'équipe camerounaise descendent du bus à leur arrivée au stade de Colonia pour leur entrée en lice en Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, elles joignent rapidement le geste à la parole et c'est en dansant qu'elles prennent la direction des vestiaires.

Pour les joueuses, il ne pourrait en être autrement. "C'est une tradition", souligne Marie Ngah. "Nous faisons ça avant chaque match." Le sourire de la jeune attaquante de 16 ans est particulièrement radieux depuis quelques jours. "Je suis tellement heureuse de représenter mon pays et de participer enfin à une Coupe du Monde.“

Il y a deux ans, Marie Ngah était déjà sur le point de réaliser son rêve. Pion majeur de l'équipe camerounaise, elle avait participé activement à la première qualification du pays pour une Coupe du Monde U-17 de la FIFA. Elle n'allait pourtant pas s'envoler pour la Jordanie.

La raison ? Ngah était tout simplement trop jeune. Le règlement stipule en effet que les joueuses doivent avoir atteint l'âge de 15 ans à la fin de l'année civile du tournoi. "Quand je me suis rendue compte que je ne pouvais pas prendre part au tournoi, je n'arrivais pas à y croire. J'étais déçue, car j'avais travaillé dur pour réaliser mon rêve. J'avais donné le maximum dans les matches qualificatifs et je n'étais pas récompensée de mes efforts."

Si l'équipe U-17 a accumulé de l'expérience lors du tournoi, le Cameroun a tout de même été éliminé au terme de la phase de groupes. En voyant le résultat, la joueuse de 14 ans n'a pu retenir ses larmes. "Tout le monde me demandait pourquoi je n'y étais pas, mais je n'avais pas la force de répondre."

Le découragement s'est rapidement transformé en une volonté irrésistible. Ngah allait passer et réussir un examen scolaire important, clôturant ainsi l'année 2016 sur une note positive. Son attention s'est ensuite tournée vers la Coupe du Monde Féminine U-17 en Uruguay. En inscrivant cinq buts en quatre rencontres lors des qualifications africaines, elle a largement contribué à la deuxième qualification du Cameroun pour la Coupe du Monde Féminine U-17.

Lorsqu'elle est sortie du tunnel pour le match contre les États-Unis et qu'elle a entendu retentir l'hymne national de son pays, Marie Ngah a compris qu'elle avait réussi son pari. Son rêve était devenu réalité, avec deux ans de retard.

Au coup d'envoi du match, les yeux de Ngah se sont mis à briller. Elle a pu faire étalage de ses qualités techniques sur quelques actions et s'est créée une grosse occasion de but. La rencontre s'est toutefois terminée sur une victoire 3-0 des États-Unis."J'aimerais marquer un maximum de buts pour mon équipe", a-t-elle sinsité après la partie. L'occasion se présentera peut-être lors du prochain match, face à l'Allemagne.

Ce qui est certain, c'est que les joueuses camerounaises arriveront de nouveau en chantant au stade. Elles danseront et riront. Ce rituel aura pour l'une d'entre elles une saveur particulière, en raison du travail effectué et des nombreux obstacles qu'elle a dû surmonter pour réaliser son rêve.