La fonction fait-elle l'homme ou l'homme fait-il la fonction ? Si la capacité naturelle d'Eden Hazard à se fondre dans un groupe semble innée, il n'a jamais aspiré au brassard de capitaine de la Belgique que lui a confié Marc Wilmots en juin 2015, et qu'a confirmé Roberto Martinez a son arrivée en septembre 2016. Le milieu offensif avait cependant accepté la proposition avec un mélange de détachement et de sens des responsabilités, comme il prend les choses dans la vie.

"Il a n'a jamais aimé prendre la parole sur le terrain ou dans les vestiaires", confirme son petit frère Thorgan. "Ses pieds restent son mode d’expression favori, même si son nouveau rôle le pousse à aller encore plus vers le groupe." Le changement est notable, mais il a pris du temps à se dessiner. Hazard ne se contente plus d'apporter au groupe sa bonne humeur, ses blagues et son talent. Il cherche désormais à impliquer au mieux l'ensemble des Diables Rouges et à se faire entendre si le contexte l'impose. Une réalité plus marquée encore depuis le début de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018.

Un exemple ? Face au Panama lors de l'entrée en piste de la Belgique, Hazard est déçu du manque d'implication dans le jeu de Romelu Lukaku en première mi-temps et il tient à lui faire passer le message. "Je n'ai pas envie de lui dire que j'avais raison de le confronter, parce que je n'ai pas toujours raison, mais je pense qu'on a vu un autre Romelu après la mi-temps avec ses trois buts", glisse-t-il avec le sourire.

"Je ne suis pas une personne qui parle beaucoup mais s'il le faut je le fais", insiste Hazard, aussi à l'aise balle avec le ballon qu'avec ses coéquipiers. Derrière ses airs insouciants, il peut aussi compter sur son intelligence émotionnelle et sur sa connaissance du caractère de chacun des Diables Rouges. "Il y a des joueurs à qui on peut s'adresser d'une manière plus directe et d'autres avec lesquels il faut un peu adapter son discours", précise le joueur de Chelsea.

Père de trois enfants à 27 ans, il continue pourtant à cultiver son âme d'enfant. En bon capitaine, Hazard est sans doute l'une des meilleures illustrations de cette capacité des Belges à s'amuser sur et en dehors des terrains, tout en affichant un haut niveau de performance. Depuis qu'il porte le brassard, la Belgique n'a concédé que 4 défaites pour 26 victoires, avec un total de 102 buts marqués.

"Je suis toujours très joueur et je pense que cela se voit dans mon football, c'est l'une de mes forces. Je dois ma carrière à cette force. Ma femme a parfois l'impression d'avoir quatre enfants à la maison !", s'amuse-t-il. Le plaisir et la joie sont visibles dans le camp des Diables Rouges depuis le début de cette Coupe du Monde. Une satisfaction pour Martinez qui répète souvent que ses joueurs ont besoin de s'amuser sur le terrain pour être performant.

Le Japon a déjà annoncé son intention de chercher à jouer offensivement plutôt qu'à déjouer le schéma tactique belge ce lundi 2 juillet en huitième de finale. Les Diables Rouges pourraient hériter des espaces qu'ils affectionnent tant. Un contexte idéal pour le capitaine pour encore montrer l'exemple.