Zidane remet le Real sur la voie royale

En début d’année 2016, les supporters de la Maison Blanche broient du noir. Éliminé sur tapis vert en Coupe du Roi et distancé par ses deux principaux adversaires au classement en Liga, le Real Madrid peine à retrouver le sourire, malgré sa qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions de l’UEFA. Pire encore, ni le spectacle proposé ni les échos émanant du vestiaire ne sont du goût de l'exigeant public de Santiago Bernabeu.

En mai, tout cela semble bien loin. Après avoir tenu la dragée haute au FC Barcelone jusqu’à la dernière journée dans sa course au titre en Liga, le Real Madrid est en passe de disputer une nouvelle finale de Ligue des champions, face à l’Atlético de Madrid. Les supporters madrilènes ont retrouvé foi en leurs joueurs, ceux-là mêmes qui avaient mis à mal leurs espoirs en janvier. Un seul nom se cache derrière cette embellie printanière : Zinédine Zidane.

Si les Colchoneros sont des adeptes du cholismo depuis que Diego Simeone a redoré le blason du voisin de l’Atlético, les Merengues ont connu l’effet Zizou et retrouvé une ambition à la mesure de que l’on peut attendre du club le plus titré de l’histoire de la compétition. Arrivé sur le banc suite à l’éviction de Rafael Benitez le 4 janvier dernier, le champion du monde 98 a permis au Real Madrid de retrouver la dynamique de la victoire, sans changement radical :  "C’est fantastique de pouvoir s’entraîner sous ses ordres. Il fait du bon travail, avec un grand professionnalisme. Lui aussi est passé par là et il sait se mettre à notre place pour nous guider et nous comprendre", confiait Cristiano Ronaldo sur FIFA.com, dans la foulée des premiers entraînements réalisés sous la houlette du Français.

Être à nouveau en osmose avec leur entraîneur a constitué un élément déclencheur pour les Merengues. Le charisme de Zidane a apaisé les tensions d’un effectif acquis à sa cause et demandeur de nouveaux défis pour panser ses plaies. L’aspect tactique a été simplifié et l’entraîneur français accorde une confiance aveugle à ses joueurs, qui peuvent exprimer tout leur talent. Mis sur orbite, les Madrilènes se sentent plus écoutés et ont retrouvé la flamme qui leur faisait défaut. Ils sont désormais prêts à en découdre pour vivre une fin de saison en apothéose.

Preuve du succès de Zizou, Simeone, son homologue et adversaire le 28 mai prochain lors de la finale de la Ligue des champions, est aussi admiratif de ses performances : "Il fait un excellent travail. C’est difficile de réaliser de meilleurs débuts. Il a trouvé son propre style. Il s’appuie sur la vitesse de son trio d’attaquants Ronaldo, Benzema et Bale et il a apporté la sérénité qui manquait au Real Madrid. Atteindre la finale de la Ligue des champions est une étape importante de sa carrière, qui va lui faire franchir un palier".

Unis vers la gloire A vrai dire, cet effet Zizou n’est pas survenu du jour au lendemain. Lors de son premier mois sur le banc, 12 points séparaient son équipe du leader en Liga, le Barça, et la mayonnaise ne semblait pas encore avoir pris sur le terrain. Mais Zidane a su faire front avant de transformer Bernabeu en une véritable forteresse, qui est d’ailleurs restée imprenable depuis. "Zidane sait la pression que représente le fait de jouer dans ce club et en sélection. Il connaît bien les joueurs et son message passe. Il n’a besoin que de quelques mots. De toute façon, personne ne peut remettre en cause ce qu’il dit, il a déjà tout vécu", explique le latéral brésilien Marcelo.

En janvier, Zidane accepte l’aventure d’entraîner le Real seulement un an après avoir officié en tant qu’adjoint de Carlo Ancelotti, lors de la saison 2013/14. Auparavant, il dirigeait la Castilla, l’équipe réserve de la Maison Blanche, pour sa première expérience sur le banc, après avoir ébloui le monde entier 20 années durant. "Quand j’étais petit, je le prenais comme modèle. C’était l'un des meilleurs joueurs de sa génération. Chacun de ses conseils est précieux et m’aide à progresser." Les propos élogieux tenus par Luka Modric pour décrire l’icône française sur FIFA.comprouvent que le héros du 12 juillet 1998 a été accueilli en messie par le vestiaire du Real, pourtant bondé de stars. Si l’idole de Modric est devenue son mentor, pour Sergio Ramos c’est un ancien partenaire qui est devenu son chef : "Nous revenons parfois sur certaines anecdotes datant de l’époque où nous jouions ensemble. Mais désormais, c’est lui le patron et ce sont ses idées que nous devons appliquer sur le terrain", nous confiait, il y a quelques mois le héros de la Décima.

En ce qui concerne sa philosophie de jeu, Zizou reste celui qui en parle le mieux : "J’ai toujours aimé le jeu offensif, même s’il faut un équilibre défensif. Pour moi, le but premier sur un terrain est de prendre du plaisir. Le football doit être un jeu avant tout, que ce soit pour les joueurs ou pour les spectateurs. Je ne suis pas devenu entraîneur pour ennuyer les gens. Je veux leur proposer un spectacle de qualité. Nous y arriverons en adoptant un style de jeu rapide, porté vers l’attaque".

Zidane, qui peut s’appuyer sur le soutien de ses supporters et de ses protégés, peut mettre un point d’orgue à sa première saison en remportant la Ligue des champions de l'UEFA. "J’espère vraiment qu’il connaîtra autant de grands moments en tant qu’entraîneur dans le futur que lorsqu’il était joueur", confie Cristiano Ronaldo. À Milan, les Madrilènes tenteront d’écrire une nouvelle page de l'histoire de la Maison Blanche. Buteur lors de la neuvième Ligue des champions remportée par le Real et adjoint lors de la dixième, Zidane remportera-t-il la onzième en tant qu’entraîneur ?