vendredi 05 février 2016, 06:18

L'Irlande se voit de plus en plus grande

La Women’s National League irlandaise n'a que trop rarement l'occasion de se retrouver sur le devant de la scène médiatique. C'est pourtant ce qui s'est produit il y a deux ans, lorsque les images de la frappe extraordinaire de Stephanie Roche lors du match entre Peamount United et Wexford Youths ont fait le tour de la planète football.

La perfection du geste de l'attaquante en a laissé plus d'un pantois. Les amoureux du beau jeu ne s'y sont pas trompés : ils ont été des milliers à voter pour l'Irlandaise, qui a ainsi terminé à la deuxième place du Prix Puskas de la FIFA 2014. De son côté, la sélectionneuse Sue Ronan semble convaincue que ce but hors du commun a contribué à accroître la renommée du football féminin en République d'Irlande.

"C'était un phénomène international. Tout le monde a vu ce but et maintenant, Stephanie est devenue une célébrité", explique la technicienne à FIFA.com. "Beaucoup de gens ont pris conscience de l'existence du football féminin. De nombreuses jeunes filles la considèrent comme un exemple à suivre. Nous avons besoin de modèles comme Stephanie, qui donneront envie aux plus jeunes de devenir footballeuses."

"Stephanie a fait beaucoup de ce point de vue, tout comme les joueuses des sélections U-17 et U-19 qui se sont qualifiées pour les compétitions européennes et qui ont obtenu d'excellents résultats. Grâce à notre calendrier bien rempli, nous sommes aujourd'hui plus visibles. Les jeunes filles ont désormais des idoles à qui elles peuvent s'identifier. C'est ce qui peut les convaincre de s'investir dans le jeu" ajoute-elle.

Il n'y a pas si longtemps, le football féminin irlandais ne pouvait même pas compter sur un championnat de première division national. Sans la Women’s National League, fondée en 2011, le monde n'aurait peut-être jamais entendu parler de Stephanie Roche. "Quand j'entraînais les U-19, il n'y avait pas de championnat national", poursuit Ronan, à la tête de l'équipe nationale depuis le mois d'octobre 2010. "Les meilleures joueuses participaient à des compétitions locales. Elles avaient tendance à stagner en raison du manque de concurrence."

"Maintenant, nous avons un championnat et les meilleures s'affrontent régulièrement. Le succès est énorme. Cette compétition permet à nos footballeuses les plus talentueuses de repousser leurs limites. C'est un luxe dont leurs aînées ne disposaient pas. Pour progresser, elles devaient partir à l'étranger," explique l'Irlandaise.

Byrne ou l'ambition sans borne Emma Byrne, 36 ans et capitaine de l'équipe nationale, peut en témoigner. Le dernier rempart des Arsenal Ladies a pourtant réalisé une belle carrière loin de sa terre natale. Durant son séjour en Angleterre, elle a accumulé onze titres, auxquels il convient d'ajouter une Ligue des champions féminine de l'UEFA en 2007.

La nouvelle génération de footballeuses irlandaises bénéficie donc d'opportunités dont Byrne et ses contemporaines ne pouvaient que rêver. À en croire l'inusable gardienne, l'équipe nationale devrait largement profiter de cette évolution dans les années à venir.

"Aujourd'hui, les filles ont davantage de possibilités", confie l'intéressée à FIFA.com. "Il y a des bourses, mais aussi des compétitions professionnelles et semi-professionnelles. Le football est devenu une carrière attrayante. Le niveau a énormément progressé et les entraîneurs aussi. Désormais, un technicien peut tout à fait envisager de travailler dans le football féminin ; autrefois, c'était un simple passe-temps."

"Le football féminin est sans doute le sport le plus dynamique dans notre pays. Nous avons des bases solides et de jeunes talents commencent à éclore. Il y a des jeunes filles de 17, 18 ou 19 ans qui jouent déjà en équipe nationale… et elles le méritent," constate Byrne.

Compte tenu des énormes progrès réalisés ces dernières années, le football féminin semble promis à un bel avenir en République d'Irlande. Mais Ronan n'entend pas se reposer sur ses lauriers ; elle souhaite voir la participation augmenter encore. "Il faut continuer à nous appuyer sur la base", précise-t-elle avant de conclure : "Je crois qu'il faut toujours chercher à faire progresser le nombre de licenciées. De cette façon, nous formerons davantage de grandes joueuses."