samedi 02 octobre 2021, 07:00

Giustozzi a tout gagné et a tout prédit

  • L'Argentine ira chercher son deuxième titre consécutif

  • Giustozzi est l'entraîneur qui a mené l'Albiceleste à la victoire en 2016, avec Matías Lucuix comme adjoint

  • "Si je n'avais pas été sûr que Matías améliorerait ce que j'ai construit, je serais resté", confie-t-il

Diego Giustozzi assistera à la finale de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA™ dans les gradins de la Kaunas Arena. "J'aurai le ventre noué", avoue à FIFA.com l'entraîneur qui a conduit l'Argentine au sacre mondial en 2016. Il est venu de Murcie pour accompagner ses amis dans ce grand rendez-vous. Par sa seule présence, il apporte confiance et sérénité à tous les membres de la délégation argentine. Giustozzi est l'un des principaux artisans de l'évolution d'une Albiceleste qui s'emploie aujourd'hui à poursuivre son héritage de la meilleure des manières sous la direction de son "petit frère" Matías Lucuix. Au micro de FIFA.com, il évoque sa nervosité avant le match au sommet, la progression de l'équipe, sa relation quasi-familiale avec Mati et ce qu'il attend de la finale.

Comment vivez-vous la Coupe du Monde ? Je reviens à mes racines. Je fais partie des 99 % de fans argentins et j'aime le vivre ainsi. Je suis un peu trop investi, parce que j'ai constitué l'ensemble du staff technique. J'ai grandi avec les joueurs et les dirigeants. Je me sens partie prenante du groupe. Vous étiez dans les gradins lors du quart de finale contre la RFU. Qu'avez-vous ressenti ? Heureusement, j'ai pu me défouler, parce qu'au moins, je pouvais crier après les joueurs. Sur le terrain, je me sentais vivant. Je sais que ce n'est pas normal. Un ex-sélectionneur devrait assister aux rencontres en costume-cravate dans une loge. Moi, j'en suis incapable. Les gens ne comprennent pas, mais il y a huit ou dix ans, tout cela était inimaginable. Aller si loin avec si peu fait perdre le sens de la mesure. Avez-vous le sentiment d'être une pièce-clé de l'évolution de l'Argentine ? Une petite pièce. À mon arrivée, je n'ai pas pensé une seule seconde à mon intérêt personnel. Je me suis attaché à bien faire les choses et à travailler certains aspects du jeu. J'ai toujours rêvé de rendre à mon pays ce qu'il m'avait donné et nous avons accompli bien plus que nous ne l'avions imaginé. Je fais partie du passé, aujourd'hui les acteurs ont changé. Mon rôle est d'encourager le groupe.

À quoi vous attendiez-vous lorsque vous avez pris la sélection en main ? Je savais que Fernando Larrañaga avait laissé des bases solides, et où et comment nous pouvions nous améliorer. Je suis arrivé dans un environnement sain. Je n'ai pas eu à détruire pour reconstruire, sinon nous n'aurions pas pu en accomplir autant en cinq ans. Méthodologie, jeunesse, concurrence interne et empathie : ce sont les quatre principes qui permettent à l'Argentine de continuer à progresser, qu'elle gagne ou perde la finale. Cette sélection suscite l'enthousiasme, la passion et l'émotion. Quand on travaille dans une ambiance de confiance, de loyauté et de camaraderie, tout est possible. C'est l'un de nos principaux atouts. C'est pour cette raison que l'Argentine s'impose sur de grandes puissances. Matías Lucuix a affirmé il y a quelques jours qu'il suivait la route que vous aviez tracée. Reconnaissez-vous la suite logique de votre travail ? Je n'aime pas mettre en avant le "moi" aux dépens du "nous", surtout maintenant que nous gagnons. Il était impossible que cette sélection porte mon empreinte sans un groupe aussi investi que moi. Matías a été choisi, non parce que sa grave blessure nous inspirait de la compassion, mais parce qu'il possède l'affinité, la passion et l'honnêteté que nous recherchions. Il en va de même pour le staff technique et les joueurs. Je ne suis qu'une petite pièce du mécanisme. En mon temps, j'ai essayé d'apporter et de laisser un héritage à poursuivre et à perfectionner par mon successeur. Étiez-vous certain que Matías Lucuix améliorerait ce que vous avez construit ? Si je n'en avais pas été sûr, je serais resté. Après ce que j'avais réalisé et ce que nous avions gagné, je suis parti avec le sentiment du travail accompli. Matías m'a dit que je lui avais passé une patate chaude et qu'il était sous pression parce qu'il était difficile de prendre mon relais. Je lui ai répondu de ne pas s'inquiéter et je lui ai prédit qu'il décrocherait un deuxième sacre mondial. Je le lui ai répété il y a un an. Mais il ne suffit pas de soulever de nouveau le trophée. L'Argentine a déjà gagné. Nous ne devons pas lever le pied, ni oublier ce que nous étions et tout ce qui a changé en quelques années.

Quelle a été la clé de la demi-finale contre le Brésil ? La capacité de souffrance de l'Argentine. Même s'ils portent l'écusson de champion du monde, les Argentins connaissent leurs limites et ils sont humbles. Nous nous attendions à subir, nous avons su le faire et nous avons livré un match intelligent, avec la conviction d'en sortir vainqueur. On ne peut pas battre le Brésil en jouant d'égal à égal et nous avons toute confiance dans nos armes : nous avons réussi à neutraliser Ferrão, nous avons bien resserré les lignes et la rencontre a tourné en notre faveur. Comment jugez-vous le Portugal, l'adversaire de l'Argentine en finale ? C'est une excellente équipe qui est de tous les tournois européens et mondiaux. Il lui manquait un petit plus sur le plan de la compétitivité et du mental, que Jorge Braz et le championnat portugais l'ont aidée à acquérir. Elle est habituée aux grands rendez-vous, ce qui la rend dangereuse. Elle possède la qualité technique, la capacité tactique et la solidité mentale nécessaires pour faire face dans les situations extrêmes. Cette équipe allie jeunesse et expérience. Elle compte quatre ou cinq éléments rompus à ce type de confrontation comme Bruno Coelho ou Ricardinho, et des jeunes pleins de cran et d'allégresse qui savent improviser. Ils gèrent bien les phases de jeu et voudront prendre leur revanche de la défaite que nous leur avons infligée dans la précédente Coupe du Monde. Mais l'Argentine est capable de dominer mentalement et de les amener sur son terrain. Que ressentirez-vous si ce groupe soulève son deuxième trophée ? Du bonheur, une immense fierté et de la sérénité. J'ai pris une décision difficile quand j'ai quitté l'équipe et voir que tout va bien me donne une grande tranquillité d'esprit. Ce trop-plein de sensations va exploser, tant d'émotions, tant de joie... Voir les joueurs et le staff technique se serrer dans les bras est profondément émouvant.

Diego Giustozzi the coach of Argentina is seen with the winners trophy