mercredi 13 mai 2020, 01:58

Erceg : passion, méditation et motivation

  • Abby Erceg est la première à atteindre les 100 capes pour la Nouvelle-Zélande, hommes et femmes confondus

  • Elle a posté des vidéos de remise en forme tout au long du confinement

  • "La méditation ramène à l'essentiel", explique-t-elle à FIFA.com

Dans un sens, Abby Erceg était parfaitement préparée à la pandémie du COVID-19. La Néo-Zélandaise a été contrainte de vivre l'hiver dernier à 13 000 km de son pays natal, en attendant la finalisation de sa demande de carte verte en Caroline du Nord. Elle a passé son 30ème anniversaire et les fêtes de Noël loin de sa famille. Elle a fait de longues randonnées par tous les temps dans les montagnes, seule avec ses pensées.

"C'était très dur", avoue Erceg à FIFA.com. "Je me suis réfugiée dans l'exercice et la lecture pour m'occuper l'esprit. Le sport m'a toujours aidée à surmonter les épreuves. Quand je suis triste ou que j'ai besoin de réfléchir, je pars courir. Certains jours, j'étais déprimée à en pleurer pendant mon jogging, alors je mettais toute mon énergie dans ma course. Il m'arrive d'être particulièrement performante quand je suis bouleversée, cafardeuse ou préoccupée, parce que je me concentre sur mes jambes et je me donne à fond. C'est en cela que le sport m'aide."

Il ne s'agit pas seulement de condition physique. Pour Erceg, la course à pied est une forme de méditation. Quand elle court, elle sent une harmonie s'établir entre son corps et son esprit. "La méditation ramène à l'essentiel", explique-t-elle. "On se détend, on prend du temps pour soi, on vit le moment présent au lieu d'agir. Cela permet de prendre du recul, de souffler, d'être reconnaissant de ce que l'on a et de ce que l'on n'a pas. C'est ce qui m'a aidé à garder mon équilibre psychologique et mental."

Un moment crucial de la journée

Son hiver solitaire en Caroline du Nord lui a donné une sorte d'avant-goût de la crise du COVID-19. Comme elle l'avait fait en novembre et décembre, la défenseuse a publié des vidéos sur son compte Instagram pour présenter à ses followers des moyens créatifs de faire de l'exercice pendant le confinement, notamment avec des sacs à dos remplis de livres.

"Je veux montrer des mouvements à la portée de n'importe qui. Je ne fais pas du sport parce que je suis une athlète, mais parce que je suis un être humain et que je veux rester en forme. Proposer des exercices à pratiquer avec des objets du quotidien peut être utile à tous", précise-t-elle.

Consciente des risques de blessures inhérents au métier de footballeuse, Erceg a obtenu son diplôme d'entraîneur juste après avoir terminé ses études secondaires à Auckland. "On sait que le sport libère des endorphines qui procurent un sentiment de bien-être", poursuit-elle. "Nous commençons vraiment à en comprendre les avantages en ce moment. Même une courte promenade dans le quartier est aujourd'hui considérée comme un moment crucial de la journée".

"Faire ce que nous aimons"

Elle doit sa force de caractère en partie à sa mère, qui a élevé seule ses deux enfants, tout en travaillant à plein temps. "Se sortir d'une telle situation la tête haute est une formidable réussite. Un enfant ne peut qu'être marqué par ce genre d'exemple", assure Erceg, qui veut être elle-même un modèle de force mentale et de persévérance, et vient d'obtenir une licence en psychologie parallèlement à sa carroière balle au pied. "Au début, j'étais surtout intéressée par la psychologie infantile. Je trouve les enfants fascinants. Plus tard, j'ai découvert la psychologie légale et je me suis prise de passion pour cette discipline. Je me spécialiserai probablement dans ce domaine quand je raccrocherai les crampons."

Son dernier match de compétition remonte à plus de six mois. Le 27 octobre 2019, elle a contribué à la victoire 4-0 de North Carolina Courage sur les Chicago Red Stars, qui a valu à son club de remporter son deuxième titre consécutif en championnat. En novembre et décembre, elle confiait déjà à quel point disputer des matches lui manquait. "Nous espérons que la saison aura lieu, même si elle est écourtée ou que nous devons jouer à huis clos. Nous serions reconnaissantes de pouvoir faire ce que nous aimons, alors que beaucoup n'ont pas cette chance. Le simple fait de retrouver le terrain ferait notre bonheur", conclut-elle.

Cet article s'inscrit dans notre série "Women in Football" qui met en lumière des femmes inspirantes tant sur les terrains qu'en dehors. La semaine prochaine, nous irons à la rencontre de la gardienne de but chinoise Zhao Lina.

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