Pour Hervé Renard, seul entraîneur à avoir remporté la Coupe d’Afrique des Nations avec deux sélections différentes, les joueurs africains tirent leur force de leurs capacités physiques, qu’ils affûtent sur tous les types de surface, parfois pieds nus. Vainqueur inattendu de la CAN avec la Zambie en 2012, puis avec la génération dorée de la Côte d’Ivoire trois ans plus tard, Hervé Renard insiste également sur la nécessité d’une organisation solide quant aux compétitions. Dans cette optique, la FIFA apporte son soutien avec la Coupe d’Afrique des Écoles Championnes. Ce tournoi se disputera les 19 et 20 février à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, avec la participation d’équipes scolaires issues de six pays. L’événement fait partie des nombreuses initiatives menées dans le but de dynamiser la compétitivité internationale, l’un des 11 objectifs clés de la Vision 2020-2023 promue par Gianni Infantino, Président de la FIFA. Selon Hervé Renard, le manque de structure chez les jeunes constitue l’une des nombreuses problématiques auxquelles fait face le football africain, qui voit donc sa progression freinée et son potentiel limité.

"En Afrique, les enfants jouent dans la rue, sur le sable, dans la poussière et sur le bitume, parfois pieds nus", raconte le Français, qui a également emmené le Maroc à la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. "C’est ce qui fait leur force et leur confère d’excellentes qualités physiques. Lorsqu’ils accèdent au haut niveau, leur forme athlétique est déjà presque optimale", poursuit-il. "La formation dans les écoles constitue un enjeu majeur. C’est ce dont le continent a besoin. De meilleures infrastructures sont nécessaires, même s’il y a des avantages à jouer dans des endroits qui ressemblent à tout sauf à un terrain de football." "D’une certaine manière, il peut être judicieux de conserver cette caractéristique, mais en y associant des aménagements de qualité au sein des écoles, par exemple. Tout cela favorisera le développement du football africain."

La Coupe d’Afrique des Écoles Championnes réunira des équipes scolaires U-16 masculines et féminines provenant du Bénin, de l’Éthiopie, de l’Afrique du Sud, du Sénégal, du Maroc et du pays hôte. Les matches se joueront au stade des Martyrs, l’antre de la sélection de la RD Congo, qui a été spécialement adapté pour l’occasion. Ce programme a débuté en avril 2021 avec la signature d’un protocole d’accord entre la FIFA, la Fédération Congolaise de Football-Association (FECOFA) et le gouvernement de la RD Congo portant sur la création d’un championnat scolaire de football dans ce pays de 90 millions d’habitants. Le concept a ensuite été étendu à d’autres pays avec le soutien de la Confédération Africaine de Football (CAF).

Au Bénin, par exemple, un tournoi d’une semaine a été organisé l’année dernière par la FIFA, la Fédération béninoise de football (FEBEFOOT) et le ministère des Sports du pays. Dans le cadre de ce projet pilote conjoint, de jeunes arbitres et journalistes ont également participé à des sessions de formation, avant de mettre en pratique leurs compétences. "En tant qu’instance dirigeante du football mondial, la FIFA a pour mission de réguler ces compétitions et de développer ces aspects. Elle fait un travail remarquable et doit poursuivre en ce sens", reprend Hervé Renard. "Il convient de mettre l’accent sur les jeunes, qui ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans." "Avec l’essor des écrans et des réseaux sociaux, leurs intérêts ont changé. Il faut cependant préserver la réalité du sport. C’est bien de jouer à la console, mais le vrai football se pratique sur un terrain. Nous devons à tout prix continuer d’entretenir l’esprit de compétition et le dépassement de soi", conclut-il.