Pendant le festival de lancement du programme Football for Schools en Équateur, un enfant de 10 ans s'est approché du professeur Orly Salas pour lui dire qu'il était fatigué. Alors qu'il venait de participer à six des neuf ateliers répartis sur le terrain, l'enfant a expliqué qu'il faisait rarement de l'exercice et qu'il accusait le coup. "Pas de problème, mais je vais te demander de m'aider à faire quelque chose", a répondu Salas dans un sourire. "À partir de maintenant, tu es 'professeur assistant' : j'ai besoin que tu t'assoies là et que tu me dises comment s'appellent tes camarades pour que je puisse crier leur nom et leur lancer le ballon."

"J'ai fait ça parce qu'aucun enfant ne doit être exclu", explique Salas à FIFA.com. "L'objectif est de les faire participer à tout moment d'une manière ou d'une autre, aussi bien dans le cas de ce garçon que dans le cas de tout enfant ayant un problème ou une capacité différente. Cela fait partie de notre travail en tant qu'enseignants, formateurs et éducateurs."

Salas est l'un des 50 instructeurs que la FIFA a formés lors du séminaire organisé les 7 et 8 février à l'école traditionnelle Vicente Rocafuerte de Guayaquil. Plus d'une centaine d'enfants de la région ont participé au festival célébré dans cet établissement, qui a vu passer sur ses bancs de grands sportifs équatoriens ainsi que des personnalités majeures du pays.

L'Équateur est ainsi le quatrième pays sud-américain à adopter le programme, qui touchera 500 écoles équatoriennes grâce à l'inclusion du football dans le programme scolaire. Âgé de 51 ans dont plus de 25 passés dans l'enseignement, Salas est notamment l'un des précurseurs du football féminin à Rocafuerte, une institution autrefois exclusivement réservée aux garçons. Pour lui, la mise en œuvre de Football for Schools est importante.

"Pendant un certain temps, le sport n'était plus au cœur de l'éducation des enfants dans ce pays, d'où les problèmes d'obésité ou de sédentarité que l'on constate aujourd'hui. Même s'il existait quelques initiatives au niveau d'institutions ou de clubs privés, ce programme va nous permettre de toucher toutes les régions et de sortir les enfants de la rue pour leur transmettre des valeurs importantes dans la vie. Aucun sport n'est plus populaire que le football, son impact est énorme", explique-t-il.

Alexandra Huete Ramos est Manager à Football for Schools à la FIFA et elle est une des personnes de la FIFA qui ont participé au séminaire. Elle souligne elle aussi le rôle que le programme peut jouer en Équateur, où le sport a été déclaré "politique d'État" en 2022.

"Le fait que le gouvernement ait décidé il y a seulement quelques mois de miser sur le sport comme outil de développement et d'inclusion et que, dans le même temps, la FIFA ait perçu l'Équateur comme un candidat idéal pour commencer la mise en œuvre de Football for Schools constitue un véritable tournant", explique-t-elle. "Pour la FIFA, c'est un privilège de contribuer à jeter les bases d'un processus aussi important au travers de ce programme."

La toxicomanie, le décrochage scolaire et les violences sexistes font partie des fléaux qui touchent la jeunesse équatorienne. "Football for Schools peut devenir un argument pour garder les jeunes dans les écoles et les éloigner de ce genre de problèmes. Nous travaillons sur ces questions dès l'âge de 4 ans et jusqu'à l'âge de 14 ans en pratiquant la mixité. Les valeurs telles que le respect, l'égalité ou la résolution des conflits sont des piliers fondamentaux de notre méthodologie", ajoute Huete Ramos.

La présentation officielle a eu lieu en présence du Ministre des Sports Sebastián Palacios, du membre du Conseil d'Administration de la Fédération Équatorienne de Football (FEF) Selim Doumet, du Secrétaire Général de la FEF Nicolás Solines, du Directeur de l'école Vicente Rocafuerte Martín Ortega, du Sous-Secrétaire chargé de l'Éducation dans le district 8 de Guayaquil Jeremy Rubio, et de Carlos Tenorio, membre des FIFA Legends.

"La fête a été intense pendant deux jours au cours desquels football et éducation se sont conjugués à merveille pour le plus grand bonheur des enseignants et des enfants, qui sont les grands bénéficiaires de ce beau projet de la FIFA", commente Fernando Bocca, Directeur du Développement de la FEF.

Cinquante éducateurs ont suivi la formation, répartis entre 30 hommes et 20 femmes. Tatiana Burgos, Coordinatrice du Développement à la FEF, explique que "30 éducateurs sont issus du Ministère de l'Éducation, ce sont des professeurs d'éducation physique qui enseignent toutes les disciplines. Dix autres sont issus de 'Supporters de mon quartier', le projet gouvernemental visant à introduire le football dans les quartiers les plus pauvres. Et les dix autres sont des instructeurs qui sont issus des instituts fédéraux de formation des éducateurs de football".

"Au vu des efforts et de l'implication dont les éducateurs ont fait preuve pendant la formation, nous sommes convaincus qu'ils sont prêts à lancer la mise en œuvre de ce programme. Ce projet peut être extrêmement bénéfique pour les enfants du pays. Renforcer l'éducation aux valeurs est un enjeu fondamental", souligne Antonio Sánchez Buenaño, Manager à Football for Schools.

Ces enseignants seront désormais chargés de former les éducateurs, formateurs ou instituteurs qui travailleront avec les enfants dans les régions, les districts et les quartiers, en s'appuyant sur l'application mobile développée spécialement pour le programme.

Le professeur Salas est convaincu que le travail qui les attend "aura un impact énorme. Le fait de venir en aide aux enfants en situation de vulnérabilité va leur donner un avenir, un horizon, un espoir pour avancer dans la vie. Le but est d'en faire des individus avec des valeurs qui auront à leur tour un effet multiplicateur au travers de leurs actes".