dimanche 29 mai 2016, 08:05

Médailles perdues, retrouvées, rendues et offertes

Les grands tournois internationaux se profilent à l'horizon. À chaque fois, les vainqueurs repartiront avec un souvenir autour du cou. Mais il arrive parfois que ces médailles effectuent des voyages inattendus, que ce soient de petits détours ou de longues absences.

Il y a trois ans, à l'issue de la finale victorieuse de la Ligue des champions de l'UEFA, deux joueurs du Bayern Munich ont bien failli voir leur récompense s'envoler en un instant. Alors qu'il soulève fièrement le trophée au-dessus de sa tête, Mario Mandzukic ne voit pas le ruban autour de son cou se déchirer. Sans les réflexes de Franck Ribéry, la médaille du Croate aurait disparu dans la foule. À quelques mètres de là, son coéquipier Jérôme Boateng n'a pas eu cette chance. "Quand j'ai dit que j'avais perdu ma médaille, tout le monde a ri dans le vestiaire. D'un seul coup, je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus rien au bout du ruban. J'étais comme un fou", se rappelle-t-il. "Je n'arrêtais pas de crier : 'Où est ma médaille ? Qui me l'a prise ?' Ils me regardaient tous. Le ruban était là, mais pas de médaille. Ils n'arrêtaient pas de rire… 'Cherche un peu, mon vieux.'"

Le défenseur allemand a fini par renoncer, convaincu d'avoir connu la même mésaventure que Mandzukic, mais sans le coup de main providentiel du Français. Il n'avait qu'à moitié raison. Quelques heures plus tard, le journaliste de Sports Illustrated Nick Zaccardi l'a retrouvée au milieu des confettis, alors qu'il arpentait le stade en quête de souvenirs de cette soirée de gala. Un petit travail d'investigation a suffi à réunir le joueur et sa médaille. Étrangement, Boateng avait déjà vécu une expérience similaire lors de son passage au Hertha Berlin mais cette fois, l'issue avait été moins heureuse.

En Écosse, Kenny Dalglish a dû faire appel à la police pour retrouver la sienne, qui s'était égarée dans un parapluie. "J'avais perdu ma médaille de la Coupe d'Écosse 1977 dans cette ambiance de fête. Elle était tombée de sa boîte. Heureusement, un policier l'a retrouvée et me l'a rendue." En Amérique du Sud, l'Uruguayen Enzo Francescoli a été le témoin impuissant de la disparition de sa médaille. Après avoir manqué le triomphe de River Plate en Copa Libertadores en 1986, l'ancien attaquant a pris sa revanche une décennie plus tard. Malheureusement pour lui, un supporter indélicat lui a subtilisé sa médaille tandis qu'il soulevait le trophée. Le malfaiteur a même été pris sur le vif par les photographes.

La médaille est pour tout le monde, mais celui qui l'a attrapée a de la chance. Ça lui fera un beau souvenir.

Echange et enterrement Heureusement, Francescoli n'a pas tardé à récupérer son bien. "Au milieu de cette folie ambiante, j'étais le seul à me soucier de ma médaille pendant que tout le monde hurlait", se souvient le double Joueur sud-américain de l'année. "Je pense que la rumeur s'est rapidement propagée. Alors que je rentrais aux vestiaires, un type m'a appelé : 'J'ai ta médaille, mais je veux quelque chose en échange'. Je n'arrivais pas à y croire. Je lui ai donné mes protège-tibias. De toute façon, je n'avais plus que ça !"

En 1986, l'Argentin Carlos Bilardoa fait encore plus fort en refusant tout simplement d'aller chercher la médaille remise aux vainqueurs de la Coupe du Monde de la FIFA™. Furieux, le sélectionneur n'avait toujours pas digéré les deux buts concédés sur corner par son équipe. "Je n'ai pas la médaille que l'on offre aux vainqueurs, seulement celle des finalistes malheureux", confiait l'intéressé à FIFA.com. "Ma médaille de champion du monde, je l'ai donnée à un collègue qui travaillait avec moi en 86. Aujourd'hui, je le regrette."

Trente ans plus tard, l'Italien Daniele De Rossia également fait don de sa médaille de champion du monde à un collègue, dans des circonstances émouvantes. Dix ans après avoir soulevé le trophée mondial en Allemagne, le milieu de terrain a déposé sa récompense dans le cercueil de Pietro Lombardi, le responsable des maillots de la Squadra Azzurra,* affectueusement surnommé Spazzolino* ("brosse à dents") et décédé à l'âge de 92 ans.

Tous les joueurs qui participent à une Coupe du Monde reçoivent une médaille commémorative. À défaut de remporter le tournoi, le Brésilien Leonidass'est illustré en terminant meilleur buteur de France 1938. Pour célébrer le centenaire de sa naissance, sa veuve s'est mise en quête d'un hommage approprié. "Je pensais créer un musée à sa mémoire dans notre appartement", avait-elle raconté dans un journal de São Paulo. "Ce serait devenu la maison de Leonidas. Mais personne n'a jamais voulu financer ce projet." Par chance, le Musée du Football mondial de la FIFA est venu à sa rescousse. Grâce à un vieux carnet d'adresses et après une visite au Brésil, la médaille de Leonidas repose désormais aux côtés de quelques-uns des plus grands souvenirs de l'histoire de la Coupe du Monde.

Il arrive parfois que dans le feu de l'instant, une médaille atterrisse dans les mains d'un autre destinataire. Vainqueur de la Premier League 2006 avec Chelsea, José Mourinho a lancé sa médaille dans la foule. Lors d'un autre sacre avec les Blues, le technicien portugais a renouvelé le geste. "La médaille est pour tout le monde, mais celui qui l'a attrapée a de la chance. Ça lui fera un beau souvenir. À moins qu'il ne décide de la vendre sur eBay pour devenir riche !" Les médailles n'ont pas (encore) été mises en vente, mais elles ont depuis été estimées à une valeur totale de 50 500 euros.