Neshamba écrit son histoire

Il y a un peu plus d'un an, l'internationale zimbabwéenne Rudo Neshamba se posait sérieusement la question de savoir si elle devait continuer dans le football. C'est en partie pourquoi elle a décidé de se lancer dans des études de journalisme d'une durée de deux ans, dans une école d'Harare. À 24 ans, elle continue d'apprendre le métier de journaliste, mais son objectif à court terme est tout autre : aider les Mighty Warriors à bien figurer au Tournoi Olympique de Football Féminin, Rio 2016.

Neshamba et ses coéquipières de l'équipe du Zimbabwe ont créé la sensation en se qualifiant pour les J.O. 2016. Le tirage au sort ne leur a pas fait de cadeau. Elles ont hérité du Canada, médaillé de bronze en 2012, de l'Allemagne, double championne du monde, et de l'Australie, l'une des puissances montantes du football féminin mondial. "Évidemment, c'est un groupe difficile et nous n'allons pas être favorites pour la qualification", explique-t-elle à FIFA.com. "Mais cela met un peu de pression sur les autres équipes. Tout le monde s'attend à ce que nos adversaires nous battent. Cela va nous permettre de jouer sans pression. Les autres équipes vont peut-être même nous sous-estimer."

La quatrième place obtenue à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) Féminine de la CAF 2000 est considérée comme le principal événement du football féminin zimbabwéen. Mais faire partie des deux qualifiés africains pour Rio 2016 a constitué une énorme surprise, surtout au vu de la manière dont le sésame a été décroché.

Exemptées de premier tour, les Zimbabwéennes ont hérité au deuxième tour de leurs grandes rivales en Afrique australe, les Zambiennes. Au match aller, la native de Bulawayo a inscrit un but très important, malgré la défaite 2:1 du Zimbabwe. En effet, lors de la deuxième manche, la Zim s'est imposée 1:0, avec à la clé un rendez-vous avec la Côte d'Ivoire dans le cadre du troisième tour. Les Zimbabwéennes n'ayant pas fait le déplacement en Côte d'Ivoire pour disputer la première manche, elles ont perdu le match sur tapis vert sur le score de 3:0. Ensuite les Ivoiriennes, à leur tour, ne se sont pas rendues au Zimbabwe pour le match retour. La rencontre a été reprogrammée, suite à quoi la Côte d'Ivoire a déclaré qu'elle se retirait de la compétition, donnant automatiquement au Zimbabwe sa place au tour final.

À cette occasion, les Zimbabwéennes sont tombées sur le Cameroun, qui avait participé au Tournoi Olympique de Football Féminin 2012. Neshamba a encore une fois fait la différence pour son pays. À Yaoundé, l'attaquante a ouvert le score, avant que Madeleine Ngono Mani, qui évolue en France, ne réussisse un doublé pour offrir la victoire 2:1 au Cameroun. Au retour à Harare, Neshamba a fait ce qu'il fallait en faisant trembler les filets camerounais dès la huitième minute. Le score n'a plus bougé : le Zimbabwe était qualifié pour Rio grâce à la règle des buts inscrits à l'extérieur.

"C'est seulement après le match aller au Cameroun que nous avons commencé à croire à la qualification pour les Jeux Olympiques. Après ce match, nous nous sommes dits que c'était réalisable", confie Neshamba. "Je suis incroyablement fière d'avoir aidé mon pays à atteindre ce rêve. Aujourd'hui dans tout le Zimbabwe, on sent que c'est toute une nation qui est derrière l'équipe."

Formation continue, sur le terrain et en dehors Et d'ajouter : "Cette qualification est quelque chose de grand pour tout le pays et les autorités mettent tout en œuvre pour que nous réalisions la meilleure préparation possible. Après, il ne tiendra qu'à nous d'être à la hauteur sur le terrain." Quoi qu'il arrive, Neshamba poursuivra ses études. "Au début de l'année dernière, j'ai fait le point sur ma carrière de footballeuses et sur ce que j'avais atteint dans ce domaine. J'ai un certain nombre de médailles, j'ai pas mal voyagé, mais je ne suis pas dans la position de pouvoir gagner ma vie grâce au football au Zimbabwe."

Talentueuse balle au pied dès son plus jeune âge, Neshamba avait été appelée pour la première fois l'équipe nationale en 2008 et avait alors décidé d'arrêter l'école, malgré de bons résultats. Une erreur selon elle, qu'elle est bien déterminée à ne pas la répéter. "À l'époque, je n'ai même pas envisagé la possibilité de combiner le football et les études. C'était peut-être dû l'excitation liée à ma sélection en équipe nationale. En tout cas, c'était une mauvaise décision de ma part et on ne m'y reprendra pas à deux fois. Cette année, je vais passer des examens et j'en aurai d'autres l'année prochaine, pour pouvoir être diplômée."