lundi 02 mai 2016, 11:50

Guangzhou, ambassadeur de l'ambition chinoise

En RP Chine, le football est sur la pente ascendante. L'objectif est d'une part d'attirer les stars de la discipline afin de remplir les stades, et d'autre part de développer le travail de formation. Afin de favoriser l'émergence des jeunes talents locaux, les règles sont particulièrement strictes : l'effectif d'une équipe professionnelle ne peut comporter que quatre étrangers et seuls trois d'entre eux peuvent être alignés en même temps sur la pelouse. Dans les catégories d'âge inférieures, cela va même plus loin puisqu'aucun étranger n'est autorisé.

Le fer de lance de cette stratégie est le Guangzhou Evergrande FC, participant à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA en 2013 et 2015. Il y a quelques années, le club a fondé la plus grande académie de la planète, avec plus de 2 500 joueurs et 170 entraîneurs. Depuis juillet 2014, cette immense structure est dirigée par l'Allemand Marco Pezzaiuoli, qui chapeaute l'ensemble des équipes du club, depuis les U-9 jusqu'aux professionnels.

"C'est comme un petit château, ou même une petite ville, avec des écoles", décrit l'ancien entraîneur d'Hoffenheim. "Nos jeunes pousses y passent le plus clair de leur temps et rentrent dans leurs familles le week-end. Auparavant, il était presque impossible de mettre sur pied des compétitions régulières à cause de la taille du pays. Maintenant, nous organisons des petits tournois régionaux qui permettent de disputer deux fois plus de matches. Les joueurs ont besoin de jouer, c'est la base de tout." En dehors de ces évolutions, Pezzaiuoli dispose d'un centre d'entraînement de plus de 350 000 mètres carrés, avec notamment 47 terrains de tailles différentes. Il échange également énormément avec Luiz Felipe Scolari, l'entraîneur de l'équipe première, qui veut être tenu au courant de tout, qu'il s'agisse de la formation des techniciens, du déroulement des entraînements ou encore du contenu de l'enseignement défensif et offensif.

Émulation EN 2016 le club du sud de la RP Chine participe pour la première fois au Tournoi Juniors FIFA/Blue Stars. Il ne s'agit que de la deuxième formation chinoise à disputer cette épreuve après le Beijing Guoan FC, qui avait obtenu la huitième place en 2009. "Nous voulons que les joueurs mettent en application ce qu'ils ont appris à un niveau plus élevé", explique Pezzaiuoli. J'espère que nous pourrons gagner un match et que les gens découvriront une équipe qui sait jouer au football, qui prend du plaisir et qui développe un jeu moderne, d'un bon niveau technique et tactique. Nous voulons montrer que la Chine fait du bon travail. Les jeunes joueurs ont besoin d'apprendre et cela passe par des voyages à l'étranger comme celui-là. Depuis un an, nous allons régulièrement à l'étranger. L'apprentissage est difficile mais l'expérience emmagasinée est inestimable. J'ai pris l'équipe en main alors qu'elle était dernière de son championnat et maintenant elle est championne, avec les mêmes joueurs. Chaque séjour à l'étranger est bénéfique au football chinois."

Toute aide est effectivement la bienvenue car d'après Pezzaiuoli, la RP Chine du football a 30 ans de retard sur l'Europe. "Cela commence dès les premières années d'école. Il n'y pas assez d'exercices de coordination et de mouvement avec différents types de balles", détaille-t-il. "Autrefois, à la maternelle, on apprenait plutôt à marcher au pas. C'est une autre forme de mouvement et il faut du temps avant de mettre en place d'autres structures. Il ne faut pas forcer les choses, c'est un processus long. D'ici 30 ans, nous verrons certainement quelques joueurs faire les beaux joueurs de grands clubs européens. C'est un bel objectif. De plus, nous voulons participer régulièrement aux différentes Coupes du Monde et gagner quelques titres", affirme le natif de Mannheim, âgé de 47 ans. "Mais il faut aussi que la Chine sache rester authentique. Il ne sert à rien de vouloir copier tout ce qui se fait en Allemagne ou en Italie. Le football chinois doit garder sa propre culture et seulement accepter d'autres influences de manière ponctuelle."

Selon lui, organiser une grande compétition internationale ferait assurément avancer ce sport. "Les stades sont déjà pleins. Les gens sont à fond derrière l'équipe nationale et les clubs. La prochaine étape, ce serait une Coupe du Monde, pour rendre le football encore plus populaire", précise-t-il. Mais avant d'accueillir un jour l'épreuve mondiale, le pays le plus peuplé de la planète rêve à plus brève échéance d'y participer pour la deuxième fois de son histoire. Cela pourrait bien être pour l'édition 2018 en Russie, puisque la Team Dragon se trouve au troisième tour des qualifications asiatiques. "Nous n'en sommes qu'au début, mais les perspectives sont intéressantes", conclut Pezzaiuoli.