mercredi 06 avril 2022, 14:00

Espagne et Allemagne : changement de génération mais pas d'ambition

  • L’Espagne défiera l’Allemagne le 27 novembre dans le Groupe E

  • Les deux équipes ont traversé une zone de turbulences après leur sacre mondial

  • Les deux géants européens ont géré le passage de témoin entre générations

Le 27 novembre, le champion du monde 2010 se mesurera à son successeur au palmarès : Espagne - Allemagne, l'affiche la plus alléchante de la phase de groupes.

Outre leur statut, ces deux équipes présentent plusieurs points communs. L’une et l’autre ont connu une période difficile après s’être hissées au sommet du football mondial.

Afrique du Sud 2010 : le 11 juillet, Andrés Iniesta devient le héros de toute une nation. Buteur à la 115ème minute de la finale face aux Pays-Bas, le milieu de terrain du FC Barcelone offre à la Roja le premier sacre mondial de son histoire. Les Espagnols n’avaient, jusque-là, jamais dépassé les quarts de finale. Mais le tiki-taka adopté par l'Espagne e en Afrique du Sud renverse tout sur son passage.

Quatre ans plus tard, les champions du monde débarquent au Brésil avec l'objectif de conserver leur titre. Par le passé, seuls l’Italie (1934 et 1938) et le Brésil (1958 et 1962) ont réalisé cet exploit, ce qui n’empêche pas les Espagnols de nourrir de grandes ambitions. Malheureusement, le retour à la réalité s’avère brutal. Battus d’entrée par les Pays-Bas, ils s’inclinent à nouveau face au Chili lors de la deuxième journée. La victoire contre l’Australie reste anecdotique. Pour la Roja, la compétition s’achève avec la phase de groupes.

À l’inverse, l’Allemagne se trouve alors sur une trajectoire ascendante. Sa victoire historique 7-1 contre le pays hôte en demi-finale, ne fait que confirmer sa montée en puissance. En finale, l’Argentine de Lionel Messi rend coup pour coup à la Nationalannschaft, et arrache la prolongation. Mario Götze emporte la décision en marquant à la 112ème minute. L’Allemagne peut ajouter une quatrième étoile à son maillot.

Mais à l’instar des Espagnols, les Allemands vont vite découvrir que tout ce qui monte doit redescendre. Quatre ans plus tard en Russie, l’Allemagne fait ses valises à l’issue de la phase de groupes. Au-delà des résultats, les performances suscitent beaucoup d'interrogations et un vif mécontentement.

En ce printemps 2022, la tragédie espagnole remonte à huit ans déjà et l’Allemagne a eu quatre ans pour se remettre de son élimination prématurée. D’un côté comme de l’autre, les choses ont bien changé. Le hasard a toutefois décidé de mettre leurs bonnes dispositions actuelles à l'épreuve, en mettant les deux équipes aux prises dès le premier tour de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™.

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"Je préfère être clair : nous allons continuer dans cette voie. Nous pouvons faire encore mieux, mais il faut fournir aux joueurs les outils nécessaires pour progresser. L’Espagne est une référence. Tout le monde a étudié notre façon de jouer... Nous allons conserver notre philosophie, basée sur la possession de balle, mais en y apportant des nuances et des améliorations."

Dès sa prise de fonction au lendemain de la Coupe du Monde 2018, le sélectionneur Luis Enrique établit une feuille de route précise. Par la suite, l’ancien international a démissionné en 2019 pour raisons personnelles, avant de revenir à son poste en fin d’année. Depuis, la Roja est sur un nuage. Elle s’est d’abord qualifiée pour l’UEFA EURO 2020, dont elle a atteint les demi-finales. Malgré sa défaite aux tirs au but contre l’Italie, future lauréate de l’épreuve, elle peut dresser un bilan satisfaisant de sa participation.

Ce redressement n’est toutefois pas uniquement dû au talent de Luis Enrique. Le technicien de 51 ans bénéficie de la montée en puissance d'une nouvelle génération qui a su imposer sa patte sur le jeu de l’équipe. Pour sa part, le sélectionneur a eu le mérite d’accorder rapidement sa confiance et des responsabilités à ces jeunes espoirs, et l'Espagne se redécouvre des ambitions au fil des matches.

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Cette philosophie basée sur la confiscation du ballon, l’Allemagne l’a longtemps faite sienne. L’an dernier Hansi Flick a pris la succession de Joachim Löw, l’homme qui avait mené la Nationalmannschaft au titre mondial en 2014. À son intronisation, l’ancien entraîneur du Bayern Munich, qui occupait déjà les fonctions d’adjoint au Brésil, a fait un état des lieux : "Le jeu à l’allemande, axé sur la possession, jouit d'une belle réputation. Nous n’avons pas peur de prendre le jeu à notre compte et de faire tourner le ballon. C’est important pour nous, mais nous voulons également être capables de marquer rapidement".

Avec huit victoires et un nul en neuf matches, les événements lui ont depuis donné raison. Le sélectionneur de 57 ans bénéficie en outre d'un équilibre entre joueurs expérimentés, à l’image de Thomas Müller ou de Manuel Neuer (plus de 100 sélections chacun), et des jeunes prometteurs comme Kai Havertz ou Jamal Musiala. Sur ce sujet aussi, Enrique et Flick semblent d’accord : "Il faut penser à l’avenir mais, pour l’heure, la priorité est de faire en sorte que les meilleurs joueurs soient en équipe nationale".

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Les deux équipes présentent donc des profils assez similaires. Les habitués de la sélection comme César Azpilicueta, Daniel Carvajal, Müller et Neuer doivent désormais encadrer Pedri, Ferran Torres, Musiala ou Havertz pour leur permettre d’insuffler les moments de génie indispensables pour faire la différence à ce niveau.

Luis Enrique, le sélectionneur de l'Espagne, et Hansi Flick, celui de l'Allemagne