dimanche 21 mai 2017, 01:41

Batelli : "Un privilège de pouvoir coacher des joueurs de cette qualité"

En juillet 2013, des B**leuets désormais célèbres ont éclos sous le regard du monde entier. Ils s’appellent Paul Pogba, Samuel Umtiti, Geoffrey Kondogbia, ou encore Alphonse Areola et ont offert à la France son premier sacre en Coupe du Monde U-20 de la FIFA. Quatre ans après Turquie 2013, d’autres Bleuets aux carrières déjà florissantes espèrent faire de même sur le pré coréen.

Au micro de FIFA.com, leur sélectionneur Ludovic Batelli évoque cette génération pas comme les autres, qui court après un titre mondial après avoir décroché le graal européen l'été dernier.   ** **

Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, Maxime Lopez, Lucas Tousart, Theo Hernandez, Issa Diop… La génération 97-98 semble vraiment avoir quelque chose de spécial. Peut-on parler d’une "génération dorée" ? Je ne sais si "dorée" est le terme adapté. Cette génération est très talentueuse en tout cas. J’ai eu la chance d’avoir à ma disposition cette génération 97 et d’avoir pu également intégré progressivement des plus jeunes, en avance de par leur maturité et leur talent. Je pense à Kylian Mbappé mais aussi à Faitout Maouassa. C’est un privilège de pouvoir coacher des joueurs de cette qualité et de cette mentalité. Grâce à leur grand talent, la plupart ont joué rapidement au plus haut niveau dans leurs clubs. C’est d’ailleurs un peu grâce à leur histoire personnelle que notre histoire collective à l’Euro U-19 a pu s’écrire avec l’happy end que tout le monde connaît.

Vous suivez ces joueurs depuis quelques années pour avoir été le sélectionneur de l’équipe de France U-18 puis U-19 . Honnêtement, vous attendiez-vous à ce que certains d’entre eux crèvent l’écran à ce point ? Était-ce décelable il y a deux ans ? Le talent était là. Mais au-delà du talent, il faut l’envie de travailler, l’envie d’écouter, globalement un état d’esprit. C’est sur les aspects mentaux que les choses évoluent dans le bon sens ou non. Quand au talent, il faut juste le peaufiner. Je parle d'Ousmane et Kylian en particulier. Ils ont eu cette chance de jouer rapidement, d’avoir des coaches qui leur ont ouvert la porte. A partir du moment où on leur ouvre la porte, des garçons de cette qualité savent s’y engouffrer. Et c’est très difficile de s’en passer ensuite. Ils se sont installés dans les affectifs de fort belle manière. Quelle est votre part de responsabilité dans l’éclosion de ces phénomènes ? On n’a pas une grande part, parce que l’on ne les a pas eu beaucoup. On a eu Ousmane en U18 et U19, après il a été propulsé chez les espoirs puis chez les A. Kylian est venu sur le tour élite en mars 2016 et sur la phase finale de l’Euro U19 cet été. Ensuite, il a été propulsé en A sans passer par la case espoir. Je n’avais pas de doute sur leur talent. Le mérite revient évidemment aux joueurs mais aussi aux entraîneurs de club qui leur ont donné leur chance.

Ce serait donc là la clé de leur réussite… Il se passe en France une espèce de "jeunisme" : On utilise de plus en plus les jeunes dans les clubs. Mais on ne va pas s’en plaindre ! Il y a trois étapes décisives dans la formation : la détection, la formation en elle-même, ensuite il faut qu’il y ait des entraîneurs d"équipe senior capables de vous ouvrir la porte et de vous faire jouer rapidement. En France, on a la chance d’avoir un système de formation très performant qui fournit de très bons joueurs. Je ne suis pas surpris que les entraîneurs soient de plus en plus tentés de faire jouer leurs jeunes. Ce qui se passe aujourd’hui à 18 ans se passait il y a quelques années autour des 20.

D’après vous, quel est le principal écueil à éviter pour eux aujourd’hui ? Le principal écueil est peut-être de partir trop vite à l’étranger, quoique… (Il réfléchit) Là ça a marché avec Ousmane Dembélé. C’est une vraie réussite. En fait, l’essentiel est qu’il puisse, dans leur club, avoir un coach qui compte sur eux et qui les fait jouer. Le principal écueil est de vouloir aller trop vite à l’étranger, pour des salaires plus élevés, mais dans des clubs où ils ne joueront plus. Le principal frein à leur progression se situerait là, d’après moi.

Pour cette Coupe du Monde U-20, votre équipe compte quelques absences de poids : Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, mais aussi Theo Hernandez,…   A titre personnel, est-ce que cela vous frustre ? Ce n’est pas le fait qu’on ait des joueurs de talent en moins qui me frustre. Ça aurait été une vraie plus-value de les avoir. Ce qui me frustre c’est surtout d’un point de vue collectif. Pour qu’un collectif soit bien huilé, ça prend beaucoup de temps. On va intégrer des bons joueurs, le souci n’est pas là. Le problème est sur l’aspect collectif, sur la vie de groupe aussi. J’ai eu deux ans pour façonner mon groupe en vue de l’Euro U-19. En deux ans, on a le temps pour travailler les automatismes. Là, avec toutes ces absences, en si peu de temps, ça va être un peu plus compliqué.

Sans eux, quels seront les "leaders" de l’équipe de France en Corée ? Les leaders seront les gardiens. J’ai trois très bons gardiens. J’ai une charnière centrale de haut niveau avec Issa (Diop) et Jérome (Onguéné). J’ai Lucas Tousart en capitaine qui fait office de leader de vie, leader de groupe, de patron. Devant avec des joueurs du calibre de Jean Kevin Augustin et Allan Saint Maximin, je dispose de garçons capables de se comporter comme des leaders. Ensuite, on a des leaders d’agressivité, d’impact, avec Denis Poha et Jeando Fuchs ; des leaders techniques avec Amine Harit et Christopher Nkunku. J’ai des garçons qui arrivent dans le groupe et qui auront à cœur de montrer des choses, comme Martin Terrier. Je pourrais en citer d’autres. Chacun est, à sa façon, un leader !

On parle beaucoup de la France parmi les prétendants au titre… Je sais qu’on va nous coller cette étiquette de favori en tant que champion d’Europe. Moi, Je ne pense pas que nous le sommes, mais cela n’empêche pas l’ambition : on veut aller très loin ! On peut difficilement dire que nous sommes favoris alors qu’il nous manque cinq-six majeurs. Mais on a un autre groupe, avec d’autres arguments. Avec une autre façon de le faire vivre, peut-être aussi une autre façon de le faire jouer. Il y a encore de la qualité !

Quelles équipes craignez-vous ? Il n’y a certes pas de noms ronflants du football mondial dans notre groupe, mais dans toutes les coupes du Monde U-17 et U-20, il y a toujours eu des surprises. Soyons prudents. Le Honduras fait par exemple partie de ce profil d’équipe dont il faut se méfier.** **C’est une équipe très équilibrée avec un quatuor devant de grande qualité. C’est une équipe qui fait beaucoup d’effort, qui défend en bloc, à plusieurs, et qui attaque aussi à six ou sept. Attention à cette équipe. Il faudra être prêt dès le premier match !

Head Coach of France Ludovic Batelli looks on

En juillet 2013, des B**leuets désormais célèbres ont éclos sous le regard du monde entier. Ils s’appellent Paul Pogba, Samuel Umtiti, Geoffrey Kondogbia, ou encore Alphonse Areola et ont offert à la France son premier sacre en Coupe du Monde U-20 de la FIFA. Quatre ans après Turquie 2013, d’autres Bleuets aux carrières déjà florissantes espèrent faire de même sur le pré coréen.

Au micro de FIFA.com, leur sélectionneur Ludovic Batelli évoque cette génération pas comme les autres, qui court après un titre mondial après avoir décroché le graal européen l'été dernier.   ** **

Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, Maxime Lopez, Lucas Tousart, Theo Hernandez, Issa Diop… La génération 97-98 semble vraiment avoir quelque chose de spécial. Peut-on parler d’une "génération dorée" ? Je ne sais si "dorée" est le terme adapté. Cette génération est très talentueuse en tout cas. J’ai eu la chance d’avoir à ma disposition cette génération 97 et d’avoir pu également intégré progressivement des plus jeunes, en avance de par leur maturité et leur talent. Je pense à Kylian Mbappé mais aussi à Faitout Maouassa. C’est un privilège de pouvoir coacher des joueurs de cette qualité et de cette mentalité. Grâce à leur grand talent, la plupart ont joué rapidement au plus haut niveau dans leurs clubs. C’est d’ailleurs un peu grâce à leur histoire personnelle que notre histoire collective à l’Euro U-19 a pu s’écrire avec l’happy end que tout le monde connaît.

Vous suivez ces joueurs depuis quelques années pour avoir été le sélectionneur de l’équipe de France U-18 puis U-19 . Honnêtement, vous attendiez-vous à ce que certains d’entre eux crèvent l’écran à ce point ? Était-ce décelable il y a deux ans ? Le talent était là. Mais au-delà du talent, il faut l’envie de travailler, l’envie d’écouter, globalement un état d’esprit. C’est sur les aspects mentaux que les choses évoluent dans le bon sens ou non. Quand au talent, il faut juste le peaufiner. Je parle d'Ousmane et Kylian en particulier. Ils ont eu cette chance de jouer rapidement, d’avoir des coaches qui leur ont ouvert la porte. A partir du moment où on leur ouvre la porte, des garçons de cette qualité savent s’y engouffrer. Et c’est très difficile de s’en passer ensuite. Ils se sont installés dans les affectifs de fort belle manière. Quelle est votre part de responsabilité dans l’éclosion de ces phénomènes ? On n’a pas une grande part, parce que l’on ne les a pas eu beaucoup. On a eu Ousmane en U18 et U19, après il a été propulsé chez les espoirs puis chez les A. Kylian est venu sur le tour élite en mars 2016 et sur la phase finale de l’Euro U19 cet été. Ensuite, il a été propulsé en A sans passer par la case espoir. Je n’avais pas de doute sur leur talent. Le mérite revient évidemment aux joueurs mais aussi aux entraîneurs de club qui leur ont donné leur chance.

Ce serait donc là la clé de leur réussite… Il se passe en France une espèce de "jeunisme" : On utilise de plus en plus les jeunes dans les clubs. Mais on ne va pas s’en plaindre ! Il y a trois étapes décisives dans la formation : la détection, la formation en elle-même, ensuite il faut qu’il y ait des entraîneurs d"équipe senior capables de vous ouvrir la porte et de vous faire jouer rapidement. En France, on a la chance d’avoir un système de formation très performant qui fournit de très bons joueurs. Je ne suis pas surpris que les entraîneurs soient de plus en plus tentés de faire jouer leurs jeunes. Ce qui se passe aujourd’hui à 18 ans se passait il y a quelques années autour des 20.

D’après vous, quel est le principal écueil à éviter pour eux aujourd’hui ? Le principal écueil est peut-être de partir trop vite à l’étranger, quoique… (Il réfléchit) Là ça a marché avec Ousmane Dembélé. C’est une vraie réussite. En fait, l’essentiel est qu’il puisse, dans leur club, avoir un coach qui compte sur eux et qui les fait jouer. Le principal écueil est de vouloir aller trop vite à l’étranger, pour des salaires plus élevés, mais dans des clubs où ils ne joueront plus. Le principal frein à leur progression se situerait là, d’après moi.

Pour cette Coupe du Monde U-20, votre équipe compte quelques absences de poids : Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, mais aussi Theo Hernandez,…   A titre personnel, est-ce que cela vous frustre ? Ce n’est pas le fait qu’on ait des joueurs de talent en moins qui me frustre. Ça aurait été une vraie plus-value de les avoir. Ce qui me frustre c’est surtout d’un point de vue collectif. Pour qu’un collectif soit bien huilé, ça prend beaucoup de temps. On va intégrer des bons joueurs, le souci n’est pas là. Le problème est sur l’aspect collectif, sur la vie de groupe aussi. J’ai eu deux ans pour façonner mon groupe en vue de l’Euro U-19. En deux ans, on a le temps pour travailler les automatismes. Là, avec toutes ces absences, en si peu de temps, ça va être un peu plus compliqué.

Sans eux, quels seront les "leaders" de l’équipe de France en Corée ? Les leaders seront les gardiens. J’ai trois très bons gardiens. J’ai une charnière centrale de haut niveau avec Issa (Diop) et Jérome (Onguéné). J’ai Lucas Tousart en capitaine qui fait office de leader de vie, leader de groupe, de patron. Devant avec des joueurs du calibre de Jean Kevin Augustin et Allan Saint Maximin, je dispose de garçons capables de se comporter comme des leaders. Ensuite, on a des leaders d’agressivité, d’impact, avec Denis Poha et Jeando Fuchs ; des leaders techniques avec Amine Harit et Christopher Nkunku. J’ai des garçons qui arrivent dans le groupe et qui auront à cœur de montrer des choses, comme Martin Terrier. Je pourrais en citer d’autres. Chacun est, à sa façon, un leader !

On parle beaucoup de la France parmi les prétendants au titre… Je sais qu’on va nous coller cette étiquette de favori en tant que champion d’Europe. Moi, Je ne pense pas que nous le sommes, mais cela n’empêche pas l’ambition : on veut aller très loin ! On peut difficilement dire que nous sommes favoris alors qu’il nous manque cinq-six majeurs. Mais on a un autre groupe, avec d’autres arguments. Avec une autre façon de le faire vivre, peut-être aussi une autre façon de le faire jouer. Il y a encore de la qualité !

Quelles équipes craignez-vous ? Il n’y a certes pas de noms ronflants du football mondial dans notre groupe, mais dans toutes les coupes du Monde U-17 et U-20, il y a toujours eu des surprises. Soyons prudents. Le Honduras fait par exemple partie de ce profil d’équipe dont il faut se méfier.** **C’est une équipe très équilibrée avec un quatuor devant de grande qualité. C’est une équipe qui fait beaucoup d’effort, qui défend en bloc, à plusieurs, et qui attaque aussi à six ou sept. Attention à cette équipe. Il faudra être prêt dès le premier match !