mercredi 11 mai 2022, 11:00

Stott : "Je mesure ma chance depuis mon retour du cancer"

  • Rebekah Stott a appris qu’elle souffrait d’un lymphome de Hodgkin en mars 2021

  • Désormais guérie, l’internationale néo-zélandaise a fait son retour en sélection

  • Elle revient sur cet épisode douloureux et évoque ses projets d’avenir

L’internationale néo-zélandaise Rebekah Stott a vécu les pires moments de sa vie et de sa carrière en 2021 en livrant un combat contre le cancer. Au fil des longs mois d’une chimiothérapie éprouvante, Stott a pris le dessus sur la maladie, grâce en partie au soutien de la grande famille du football mondial. Loin de se sentir isolée, la défenseuse s’est retrouvée submergée de vœux de rétablissement.

"Franchement, ça m'a fait chaud au cœur. C’était extraordinaire. Je ne me doutais pas que j’étais aussi connue ou que mon histoire pouvait toucher autant de gens", confie-t-elle. "Je suis très reconnaissante à tous ceux qui ont pris le temps de m’encourager et de m’accompagner sur le chemin de la guérison. Sans le savoir, ils m’ont énormément aidée."

Grandes rivalités et belles amitiés

Les pays hôtes de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023™ ont pris fait et cause pour Stott. Arrivée très tôt en Australie, elle a représenté son pays d’adoption dans les catégories de jeunes. Elle incarne donc le lien particulier qui uni les Matildas, les Football Ferns et les pays qu’elles représentent.

Dès l’annonce du diagnostic, les messages d’affection ont commencé à pleuvoir, des deux côtés de la mer de Tasman. Ses retours, d’abord en W-League puis en équipe nationale, ont suscité une vive émotion. "Ça ne m’a pas échappé", confirme l’intéressée à la FIFA. "Je suis arrivée sur la Sunshine Coast à l’âge de 11 ans. J’ai beaucoup d’amis dans chacune de mes deux patries."

"Steph Catley, qui compte parmi mes amies les plus proches, fait partie des Matildas. Je connais aussi d’autres internationales australiennes. De ce point de vue, la Coupe du Monde 2023 aura évidemment une résonance particulière pour moi."

L'Australienne Stephanie Catley et la Néo-Zélandaise Rebekah Stott sont amies.

"Quand le moment sera venu, il faudra oublier toutes ces amitiés, d’autant que la rivalité entre nos deux équipes reste très forte. Malgré tout, ces relations sont très importantes à mes yeux. J’ai eu la chance d’être très bien entourée par toute la communauté du football, en Australie comme en Nouvelle-Zélande."

Cette proximité s’est encore illustrée le mois dernier, quand l’Australienne Aivi Luik a invité Stott à venir lui couper les cheveux sur le terrain à l’issue d’un match amical entre les deux voisins. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d'une campagne de levée de fonds pour aider le frère cadet de la Matilda, qui souffre lui aussi d'un cancer. Après avoir touché des milliers de personnes via son site Internet @BeatItByStotty et son compte Instagram, la Néo-Zélandaise s’est empressée d’accepter.

"Aivi et moi, nous avons joué ensemble et nous nous connaissons bien. C’était très important à mes yeux de l’aider à collecter de l’argent pour lutter contre le cancer du cerveau qui touche son frère. Une fois de plus, la générosité de la communauté du football m’a laissée sans voix."

Retours et ambitions

Lors de la défaite (3-1) concédée ce jour-là, Stott est entrée en jeu pour la quatrième fois depuis son retour en sélection, en février, en SheBelieves Cup. "Je n’oublierai sans doute jamais ce match contre l’Islande. En goûtant à cette ambiance et en foulant la pelouse avec mon maillot de l’équipe nationale, je me suis rendu compte à quel point tout ça m’avait manqué."

"Je joue au football depuis que j’ai quatre ans. Le ballon a toujours fait partie de ma vie. Ça n’a pas été simple de rester loin des terrains pendant ma chimiothérapie. Je mesure d’autant plus ma chance depuis mon retour. Je suis tellement heureuse de me retrouver sur la pelouse, même si c’est pour un simple entraînement. J’ai l’impression d’être de retour à la maison."

"Je n’ai pas encore retrouvé tous mes moyens. Je suis loin du niveau qui était le mien avant le traitement. Je suis sûrement à 70 ou 80 %. Il me reste de la marge. Mais je travaille dur et j’espère être à 100 % aux alentours du mois de juillet. En tout cas, je suis en train de remonter la pente."

La n°6 néo-zélandaise Rebekah Stott lors d'un match contre l'Islande

La prochaine étape consistera à retrouver prochainement un club à l’étranger. Sa maladie a mis fin à un bref passage à Brighton, en WSL anglaise, mais Stott espère retourner en Europe, après avoir évolué en Allemagne, en Norvège et aux États-Unis.

"Je vais tout faire pour aborder l’année prochaine dans les meilleures conditions. Je ne vois pas de plus belle motivation qu’une Coupe du Monde pour progresser", assure-t-elle.

Un exemple pour aujourd’hui et pour demain

Si Stott semble bien décidée à faire tout son possible pour retrouver la trajectoire qui était la sienne avant son cancer, elle n’entend pas oublier pour autant les épreuves qu’elle a traversées.

Son attitude positive et son engagement ont donné des idées à d’autres personnes, engagées dans des batailles similaires. "Quand on découvre certains messages, on ne peut s’empêcher d’être émue. Je n’ai pas de mots pour dire à quel point je suis honorée que l'on me fasse ainsi confiance."

"J’ai connu des moments difficiles et je sais que ce n’est pas fini. Si je pouvais effacer tout ce qui m’est arrivé l’année dernière d’un trait de plume, je le ferais sûrement. Mais dans la vie, on n’a pas toujours le choix. J’ai décidé de rester optimiste et avec le recul, je peux dire que j’en ai retiré beaucoup de choses. J’essaye de voir le verre à moitié plein."

"Cette épreuve fait désormais partie de moi et de mon histoire. Je vais donc m'appliquer à sensibiliser le public à ces questions le plus longtemps possible." Rendez-vous la semaine prochaine sur FIFA+ pour découvrir les meilleurs souvenirs de Stott en Coupe du Monde Féminine et ses ambitions pour Australie & Nouvelle-Zélande 2023