mardi 10 novembre 2020, 04:44

Cazorla : "Xavi deviendra vite un grand entraîneur"

  • Santi Cazorla fait partie de la génération dorée du football espagnol

  • Il a rejoint Al Sadd pour vivre une nouvelle aventure

  • Il nous parle des préparations du Qatar pour la Coupe du Monde et son entraîneur, Xavi

Santi Cazorla a fait partie d’une génération exceptionnelle qui a offert à l'Espagne une Coupe du Monde de la FIFA™ et deux UEFA EUROS. International depuis 2008, l’ancien milieu de terrain que l’on surnomme El Mago ("le Magicien") se distingue par la précision de ses passes, son sens du dribble et sa capacité à marquer des deux pieds.

Malgré son âge - 35 ans - et les nombreuses blessures qui ont rythmé sa carrière, Cazorla ne semble pas encore prêt à raccrocher les crampons. De retour à Villarreal, le club de ses débuts professionnels, en 2018, Cazorla a attiré l’attention d’Al Sadd et de son entraîneur Xavi, qui l’a convaincu de rejoindre le Qatar, pays hôte de la prochaine Coupe du Monde de la FIFA™.

Quatre mois après avoir posé ses valises à Doha, il revient au micro de FIFA.com sur son transfert, ses expériences avec la Roja, et sur les entraîneurs qui l'ont marqué, de Vicente Del Bosque à Xavi.

Santi, pourquoi avez-vous décidé de rejoindre le Qatar et Al Sadd ?

C’est toujours intéressant de partir à la découverte d'un nouveau pays. Avec Xavi, nous avons eu l’occasion de parler à plusieurs reprises du Qatar et d’Al Sadd et à chaque fois, il m’a invité à suivre son exemple et à tenter l’aventure. Il a toutefois bien insisté sur le niveau de la compétition. Al Sadd pratique un football de qualité. Le club fait partie des candidats aux titres nationaux et continentaux. Si je suis venu, c’est pour aider le club à réaliser ses ambitions. Je me sens bien ici. Je crois que c’est le bon endroit pour finir ma carrière.

Vous avez déjà remporté un titre cette année et vous avez marqué vos premiers buts officiels dans l’un des stades de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™. Quelles sont vos premières impressions ?

Effectivement, j’étais très content de marquer dans un stade de la Coupe du Monde 2022. Je ne l’oublierai jamais. En plus, nous avons largement gagné. J’ai signé un doublé et j’ai le sentiment d’avoir tout donné pour l’équipe. Grâce à mes coéquipiers, j’ai vite trouvé mes marques. Cette victoire en Stars Cup est de bon augure pour la suite.

Vous n’avez pas connu la même réussite en Ligue des champions de l’AFC 2020. Avez-vous des regrets ?

Nous voulions nous qualifier pour la finale, d’autant qu’elle devait avoir lieu à Doha. Malheureusement, nous avons eu beaucoup de mal à gérer la répétition des matches. Nous avons pourtant bien négocié la phase de groupes. Le match contre Persépolis était très serré. Nous nous sommes procuré beaucoup d’occasions, mais nous n’avons pas su les convertir. Finalement, tout s’est joué sur un corner. Nous avons manqué de concentration. Avec le recul, le résultat est frustrant, mais cette défaite va nous obliger à progresser. Nous avons atteint la finale de la Coupe de l’Emir et nous sommes en tête de la Stars League. Il faut donc continuer sur notre lancée et attendre la prochaine Ligue des champions pour prendre notre revanche.

Vous travaillez actuellement sous les ordres de Xavi, votre ami et ancien coéquipier. Que pouvez-vous nous dire sur lui en tant que joueur et entraîneur ?

Xavi est un grand joueur. Tout le monde a vu ce qu'il a accompli avec le FC Barcelone et l’Espagne. Il fait partie des plus grands milieux de terrain de tous les temps. Il l’a prouvé à maintes reprises sur le terrain et son palmarès parle de lui-même. J’ai la chance de jouer sous ses ordres à Al Sadd. Il s’en sort très bien et il a de grandes ambitions. Tout le monde apprécie son travail.

On compare beaucoup sa trajectoire à celle de Pep Guardiola. Est-ce aussi votre avis ?

Il a énormément de talent. Je le côtoie tous les jours et il n’a rien perdu des qualités d’organisateur qui ont fait son succès sur le terrain. En tant qu’entraîneur, il est sur une trajectoire ascendante. Il développe ses propres idées. Je pense qu’on le retrouvera un jour du le banc du Barça, mais c’est à lui d’en décider. Lui seul sait quand il sera prêt. Mais même s’il est passé par la Masia comme Guardiola, les deux hommes sont très différents. Xavi a son propre style et ses propres stratégies. En tout cas, je suis sûr qu'il deviendra vite un grand entraîneur. Un peu de patience...

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Luis Aragones a été le premier à vous convoquer en 2008. Quel souvenir gardez-vous de cette première sélection ?

Je lui dois énormément. Il a beaucoup donné au football espagnol. Grâce à lui, de nombreux joueurs ont eu l’occasion de briller et d’accéder au très haut niveau. Je me souviens de ma première convocation, juste avant l’Euro 2008. Pour un jeune joueur, c’est une opportunité fabuleuse.

Que retenez vous du sacre de l’Espagne cette année-là ?

C’était formidable. Je jouais aux côtés de Xavi, David Silva, Andrés Iniesta... J’ai beaucoup appris avec eux. Ils m'ont donné de nombreux conseils pendant le stage et avant les matches. Je me souviens notamment de ce quart de finale très compliqué contre l’Italie. J’ai remplacé Iniesta en seconde mi-temps et le match s'est achevé aux tirs au but. J’ai été désigné pour frapper le second penalty. je l'ai mis au fond, mais la pression était inimaginable

Que ressent-on lorsqu’on dispute une finale de cette importance ?

Tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti, une finale n’est jamais terminée... surtout contre une équipe comme l’Allemagne ! Nous avons dû rester concentrés du début à la fin, en essayant de contrôler le rythme de la partie. Au bout du compte, nous avons accompli notre mission. Nous aurions pu marquer davantage de buts, mais nous étions avant tout heureux d’avoir offert à notre pays son premier titre depuis 44 ans.

On dit souvent qu’il est plus difficile de se maintenir au sommet que d’y arriver. Avez-vous eu ce sentiment quatre ans plus tard ?

Les candidats au titre étaient pourtant assez nombreux, mais le tournoi nous a paru plus facile. Nous avons dominé nos matches et en finale, contre l’Italie, nous avons marqué quatre buts. Nous étions simplement meilleurs que les autres.

Cette victoire vous a-t-elle consolé d’avoir manqué la Coupe du Monde 2010 ?

La Coupe du Monde est la plus grande compétition à laquelle un footballeur peut prendre part. Malheureusement, une blessure m’a privé du bonheur d’accompagner mes partenaires dans cette belle aventure. Malgré tout, je suis content pour eux. L’année précédente, nous avions terminé troisièmes de la Coupe des Confédérations. C’est peut-être là que nous avons puisé la motivation pour remporter cette Coupe du Monde.

Quatre ans plus tard, vous étiez du voyage au Brésil. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Les choses ne se sont pas passées comme je l’aurais voulu. Notre élimination dès le premier tour a été une grosse surprise pour tout le monde. C’est le jeu. Parfois, la réussite vous fait défaut dans les moments importants. Au-delà des résultats, je tiens à remercier Vicente del Bosque de m’avoir donné ma chance. C’est un grand entraîneur, qui a permis à la Roja de tout gagner durant plusieurs années. Il a beaucoup compté dans nos vies.

La prochaine Coupe du Monde aura lieu dans deux ans. Où en sont les préparatifs du pays hôte ?

Je suis impatient d’y être. Franchement, je suis sidéré par ce qu’ont accompli les Qatariens. Ils ont l'air prêts à accueillir l’une des meilleures éditions de tous les temps. J’ai joué dans plusieurs stades de la Coupe du Monde et j’ai été impressionné par l’architecture et la qualité des terrains. Les joueurs et les supporters vont vivre une très belle expérience, dans deux ans.

Que pensez-vous de l’équipe d’Espagne actuelle ?

Je suis très enthousiaste. Nous avons beaucoup de jeunes prometteurs, qui réalisent de grandes choses compte tenu de leur manque d’expérience. Luis Enrique est sur la bonne voie. Il faut lui donner le temps de construire son groupe, afin que les joueurs acquièrent l’expérience dont ils auront besoin pour se lancer à la conquête de la Coupe du Monde.