mercredi 04 avril 2018, 03:14

Solano assiste enfin au rêve péruvien

  • Nolberto Solano compte 95 sélections avec le Pérou

  • Il a pris part à quatre campagnes de qualification pour la Coupe du Monde

  • Il est l’adjoint du sélectionneur Ricardo Gareca depuis 2015

Pendant des années, le Pérou a pu voir évoluer Nolberto Solano en sélection nationale, dont il fut l’un des fers de lance d’une génération exceptionnelle, aux côtés d’autres grands noms comme Roberto Palacios ou Juan Reynoso. Une génération qui, malgré tout son talent, n’a jamais réussi à emmener la Blanquirroja en Coupe du Monde la FIFA™.

Aujourd’hui âgé de 43 ans, Solano va enfin atteindre cet objectif, dans un autre rôle, celui d’adjoint du sélectionneur Ricardo Gareca. Il est désormais à même d’analyser pourquoi le Pérou a échoué à son époque, mais également de mesurer le chemin parcouru par la sélection sur la route de la Russie.

Espagne 1982 : les premiers souvenirs "J’avais huit ans, et à cet âge-là, personne ne regarde un match pendant 90 minutes. J’aimais tellement le football que je préférais aller jouer dehors avec mon ballon. Quand j’entendais qu’il y avait un but, je revenais à la maison en courant. J’étais tellement passionné par le football que je ne pouvais pas m’arrêter", se souvient Solano au micro de FIFA.com.

"Savoir que le monde entier regarde son pays procure un grand sentiment de fierté. À cette époque, nous avions des joueurs que j’ai toujours admirés : Oblitas, Cueto, Velázquez, Cubillas, Uribe… de grands noms du football péruvien. Moi, je rêvais de participer à une Coupe du Monde."

France 1998 : la frustration de toute une génération Sa première campagne de qualification a marqué les esprits et a influencé la suite des événements : "Nous sommes passés très près de la qualification. Sous les ordres de Juan Carlos Oblitas, nous avons malheureusement échoué à la différence de buts. Il y avait énormément de talent dans cette équipe, mais aussi une grande instabilité. Il suffisait qu’on ne démarre pas très bien une campagne pour que le sélectionneur soit remplacé", confie l’actuel adjoint de la sélection.

"Et la possibilité de ne pas participer à une Coupe du Monde nous mettait une pression énorme sur les épaules. Plus le temps passait, plus elle s’accentuait. Les médias nous ont mis dans une situation très difficile, où tout était négatif. Les joueurs évoluant à l’étranger ne se bousculaient pas non plus pour venir en sélection et ça nous a fortement diminués. Toutes ces circonstances et le manque de stabilité peuvent expliquer notre échec", ajoute El Ñol,  qui a joué au Pérou, en Argentine et en Angleterre.

Solano en sélection

  • 5ème joueur totalisant le plus grand nombre de sélections (95)

  • 6ème meilleur buteur (20 buts)

  • 4 campagnes de qualification pour la Coupe du Monde : France 1998, Corée/Japon 2002, Allemagne 2006 et Afrique du Sud 2010

  • *Statistiques en qualifications : 52 matches, 6 buts

Le Pérou entre dans une nouvelle ère "Ce qui s’est passé avec Ricardo Gareca lors de la précédente campagne illustre bien la différence entre hier et aujourd’hui", confie Solano, qui a intégré le staff technique péruvien en mai 2015. "Malgré notre mauvais départ, la fédération a continué à croire au projet du sélectionneur et lui a maintenu sa confiance. Ça a été un élément déterminant. La fédération a effectué du très bon travail. Elle a accepté l’entraîneur et ses méthodes."

Les résultats parlent d'eux-mêmes. "Je suis très content pour mon pays, où le football est presque une religion. Les Péruviens ont toujours été de fervents supporters de la Blanquirroja. Personnellement, j’ai vécu de bons et de mauvais moments. Peut-être plus de mauvais que de bons d’ailleurs (rires), mais les gens m’ont toujours soutenu. On peut facilement imaginer la folie du peuple péruvien quand nous nous sommes qualifiés. Nous sommes très heureux d’avoir pu leur offrir ces moments de bonheur."

Russie 2018 : pas de plaisir sans souffrance Durant la campagne de qualification, Solano a apporté toute son expérience : "En tant qu’adjoint, j’ai essayé de collaborer avec le sélectionneur et de garder la même ligne de conduite. Ricardo est un entraîneur très ouvert, toujours à l’écoute. Comme je suis également un ancien international, je me suis efforcé d’être proche des joueurs et de les soutenir", explique Solano, avant de donner un exemple concret. "Si l’un d’eux traverse une mauvaise passe, il faut l’aider, mais de manière un peu détournée, par exemple en lui parlant des expériences qu’on a vécues. Mais le plus important a été de rester cohérent vis-à-vis des joueurs."

Et d’apporter la sérénité nécessaire. "Avec le recul, on constate que nous avons souffert durant les qualifications. Chez nous, on dit souvent : 'Si le Péruvien ne souffre pas, il ne prend pas de plaisir'. Disons que les planètes se sont finalement alignées et que nous en avons profité."

Le Pérou est-il capable de s’illustrer en Coupe du Monde ? "En Russie, nous allons devoir nous montrer à la hauteur de nos trois redoutables adversaires. Il va falloir travailler dur et aussi souffrir… Sans oublier de prendre du plaisir, comme tout Péruvien qui se respecte !"