jeudi 22 décembre 2016, 09:16

Grosso, l’homme de la dernière minute

A l'occasion de l'anniversaire de Fabio Grosso le 28 novembre, FIFA.com revient sur l'heure de gloire du défenseur, qui a permis à l’Italie de décrocher sa quatrième étoile, en remportant la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006 à Berlin.

"Pourquoi moi ?" Fabio Grosso se souvient très bien de sa réaction lorsqu’on lui a demandé de tirer le célèbre penalty immortalisé sur cette photo. L’arrière gauche savait qu’il ne figurait pas sur la liste des cinq tireurs désignés avant la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2006™, puisque Marcello Lippi avait opté pour Pirlo, Materazzi, De Rossi, Del Piero et Totti. Même après la sortie de Totti, remplacé à l’heure de jeu, d’autres joueurs semblaient plus indiqués pour assumer cette lourde responsabilité : Luca Toni, Vincenzo Iaquinta ou encore le capitaine Fabio Cannavaro, pour ne citer que ces trois-là.

Grosso admettra plus tard avoir été "étonné" qu’on lui demande de tirer, lui qui avait tiré son dernier penalty cinq ans auparavant, alors qu’il évoluait encore en Serie C2, le quatrième échelon italien. C’est qu’avant 2006, le défenseur menait une carrière des plus modestes. Il avait tout d’abord défendu les couleurs de Chieti au sein des divisions inférieures, avant de s’imposer peu à peu au plus haut niveau sous le maillot de Pérouse, puis de Palerme.

La réponse de Lippi a néanmoins fusé : "Parce que tu es l’homme de la dernière minute", s'est exclamé l’entraîneur, qui faisait allusion au but de l’arrière gauche inscrit en fin de rencontre contre l’Allemagne en demi-finale et au penalty qu’il avait obtenu dans le temps additionnel face à l’Australie.

Tout aurait pu être fini avant le cinquième tir au but, mais le destin en a décidé autrement. Grosso serait une fois encore l’homme providentiel pour l’Italie. Les quatre Azzurri qui l’avaient précédé n’avaient pas tremblé, tandis que la tentative de David Trezeguet, dont le penalty manqué avait coûté la Ligue des champions de l'UEFA 2003 à la Juventus de… Lippi, avait heurté la barre. "Quand Trezeguet s’est apprêté à tirer, je me suis dit qu’il m’en devait une", ironisera plus tard le coach transalpin.

Cependant, le suppléant de Totti devait encore marquer et, étant donné le bilan désastreux des Italiens aux tirs au but à l’époque, l'affaire était loin d'être entendue. Sous les yeux du monde entier et portant le poids des espoirs et des rêves de tout un pays sur les épaules, Grosso s’est avancé vers le point fatidique. Comment un joueur si peu habitué à cet exercice est-il parvenu à tirer un penalty parfait, avec suffisamment de hauteur et de puissance, prenant qui plus est Fabien Barthez à contre-pied ?

"Je me suis efforcé de garder mon sang-froid", s’est souvenu le Romain. "Dans ces moments-là, l’expérience ne compte absolument pas. La technique entre évidemment en ligne de compte, mais c’est avant tout une question de mental, en particulier pendant les quelques secondes qui précèdent la frappe."

Et d'ajouter : "Je n’oublierai jamais que j’ai vaincu une malédiction, celle qui pesait sur l’Italie lors des séances de tirs au but et les prolongations : la finale de la Coupe du Monde 1994, le quart de finale en 1998, l’Euro 2000. Ça nous trottait dans la tête avant la finale en 2006, mais cette fois nous avons su rester sereins. Lippi nous a mis en confiance, il nous a transcendés."

Le saviez-vous ?

Les lunettes que portait Lippi durant cette finale (celles qu’il a retirées après le penalty de Grosso) font partie des nombreux objets uniques et fascinants qui composent l’exposition Allemagne 2006 présentée au Musée du Football Mondial de la FIFA.