“Je connais ces joueurs depuis cinq ans et je peux vous dire que Serhii est un excellent joueur mais je ne veux pas m’attarder sur telle ou telle performance ce soir. Comme je dis à chaque fois, il n’y a pas de star dans notre équipe“, matraquait une nouvelle fois Oleksandr Petrakov en conférence de presse ce mardi, après la victoire ukrainienne contre l’Italie.

Depuis le début du tournoi, le sélectionneur ukrainien nous a habitués à cette réponse, qui revient comme un mantra à chaque fois fois qu’on le questionne sur les individualités de son groupe.

On a pas rêvé pourtant : Serhii Buletsa a bel bien été brillant ce soir, comme à son habitude depuis son arrivée en Pologne. En première mi-temps, il a provoqué la plus grosse suée d’Alessandro Plizzari qui a dû s’étirer au sol pour sortir le boulet de canon du maître à jouer ukrainien, sur coup franc (37’).

Le gardien transalpin n’a en revanche rien pu faire sur l’appel parfait en diagonale du héros du jour, qui l’a crucifié après l’heure de jeu (65’). C’est le troisième but dans la compétition de Buletsa, qui a aussi donné deux passes décisives, ce qui fait de lui le joueur le plus décisif de son équipe. Mais pas sa star, souvenez-vous.

Il s’est en tous cas fait désirer par la presse en sortant le dernier du vestiaire, mais ce n’était pas pour fanfaronner : “Je voudrais avant tout rendre hommage à mes coéquipiers. C’est toute l’équipe qui gagné ce soir. Notre force, c’est d’être tous ensemble et de faire bloc. Je suis très heureux d’avoir inscrit ce but, mais c’est toute l’équipe qui a marqué.“

Le coup du collectif, Buletsa le joue presqu’à l’outrance. Le regard rivé sur la pointe de ses chaussures, il n’est visiblement pas décidé à s’écarter de la ligne de conduite du collectif ukrainien, et le fantastique parcours des futurs finalistes de Pologne 2019 ne peut que lui donner raison.

Mais après le tournoi ? Pour faire carrière dans le foot, il faudra bien qu’il accepte de s’affirmer individuellement et répondre de la qualité de son travail devant un micro, non ? Sa langue se délie un peu quand on l’interroge sur son numéro 10 et sa signification : “J’ai toujours porté le numéro 10 depuis que j’ai commencé à jouer au foot. C’est quelque chose qui me donne confiance en moi mais c’est juste psychologique.“

“J’aime beaucoup Lionel Messi, j’aimerais atteindre son niveau“. Et devenir un star, donc ? “Si ça arrive un jour, ce sera parce que les fans et les entraîneurs en jugeront ainsi, pas moi“. En attendant, il continue à travailler, tête baissée, sans trop regarder trop vers le ciel. Et tant mieux s'il brille ainsi !