dimanche 18 juillet 2021, 04:29

Tijerino, du règne régional à l'espoir mondial

  • À 24 ans, Tijerino brille sous les couleurs du Costa Rica

  • Objectif : franchir les huitièmes de finale à Lituanie 2021

  • "Nous sommes les rois de la région", annonce-t-il

Il y a deux mois, Milinton Tijerino travaillait dans un entrepôt, qu'il s'empressait de quitter en fin de journée pour enfiler le maillot de la sélection de futsal du Costa Rica. Il s'entraînait avec un seul objectif en tête : emmener son pays à la consécration. 

"Au Costa Rica, la situation financière du futsal est un peu compliquée. Seules quatre ou cinq équipes appartenant à l'élite ont les moyens de verser un salaire, dont le montant est de toute façon insuffisant pour vivre. Il faut prendre un autre travail pour compléter ses revenus", explique-t-il à FIFA.com. "J'avais la chance d'avoir un patron très souple en ce qui concerne les congés et qui, en plus, aimait beaucoup le futsal. Il m'a toujours permis d'aller disputer les tournois et les qualifications. Certains de mes coéquipiers n'obtiennent l'autorisation de leur employeur qu'après intervention de la fédération."

Doué balle au pied, dribbleur et charismatique, Tijerino porte les espoirs costaricainsà à la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™. "Sans vouloir paraître prétentieux, nous sommes les rois de la région en ce moment. Nous avons travaillé dur pour gagner ces trois titres et nous avons porté haut les couleurs du Costa Rica", commente-t-il à propos des qualifications de la CONCACAF, qui ont vu les Ticos décrocher leur troisième championnat régional de rang.

"La Fédération du Costa Rica a récemment construit un gymnase qui nous est réservé. À présent, nous pouvons nous entraîner sur notre propre terrain aux heures et jours qui nous conviennent. Et plus on s'entraîne et plus on est performant."

La passion d'une vie

Contrairement à beaucoup de footballeurs, Milinton a toujours voulu devenir joueur de futsal. "J'ai baigné dans le futsal pendant toute mon enfance et mon adolescence. J'adore le football à 11, je suis fan du Real Madrid. Je m'y suis essayé pendant un an, mais je n'ai pas accroché. Je suis habitué à évoluer sur un terrain plus petit, à toucher plus souvent le ballon et être tout le temps dans l'action."

Conscients que le sport lui éviterait de tomber dans la délinquance ou la toxicomanie, ses proches, et surtout son père, lui ont toujours apporté un soutien inconditionnel. 

Milinton Tijerino of Costa Rica

Le succès est arrivé vite. En 2020, à 23 ans, son rêve d'une carrière européenne s'est profilé quand il a attiré l'attention d'un club français. "Il est très difficile de se rendre en Europe. C'est compliqué pour un joueur tico, parce que sans passeport européen, il faut vraiment se démarquer pour être recruté", précise celui qui a souffert de la pandémie de Covid-19. "À mon arrivée, la France paraissait maîtriser totalement la pandémie. J'ai disputé quelques amicaux avant l'interdiction du jour au lendemain de toutes les activités sportives. J'avais tant à donner ! Devoir rentrer chez moi m'a démoralisé."

Une nouvelle opportunité

Une fois sa déception digérée, Milinton Tijerino a repris du poil de la bête et a continué de vivre sa passion pour le futsal. Après avoir atteint son objectif de qualification mondialiste, il a reçu un nouvel appel en provenance de l'Europe, cette fois de Pologne, où il se rendra bientôt pour poursuivre sa carrière sur le vieux continent.

Aujourd'hui, il se concentre sur sa condition physique pour arriver au meilleur de sa forme en Lituanie, où la Sele jouera en lever de rideau. Il a quitté son travail à l'entrepôt pour se consacrer entièrement au futsal.

"Nous espérions être versés dans le groupe de la Lituanie. Lors de la Coupe du Monde en Thaïlande, le Costa Rica a disputé le match d'ouverture et nos coéquipiers ont beaucoup apprécié ce moment. Nous avions envie, nous aussi, de vivre la cérémonie d'inauguration dans un stade comble."

Les Ticos brûlent de se surpasser en Lituanie. Malgré leurs performances dans la Zone Amérique du nord, centrale et Caraïbes, ils n'ont pas réussi à franchir les huitièmes de finale en Coupe du Monde. Ils entendent donc faire briller sur la scène planétaire les qualités qui leur ont valu d'imposer leur loi dans la région.

"Notre équipe s'appuie sur un bon mélange de jeunes talents et de mondialistes aguerris. Nous avons soif de victoires et envie de bien faire les choses, alors nous écouterons les joueurs d'expérience. Nous nous considérons comme une famille, parce que nous nous voyons presque tous les jours."

Bien qu'il vive une belle aventure, il n'oublie pas ses compatriotes. À travers chaque dribble, chaque but, chaque Coupe du Monde, il envoie un message aux jeunes Costaricains : le vrai bonheur ne se trouve pas dans les plaisirs éphémères des addictions, mais dans l'effort et la constance. "Aujourd'hui, j'accomplis un rêve. C'est bien que les enfants le voient et sachent qu'à force d'amour, de dévouement et de passion, on peut aller loin dans le futsal", conclut-il.