Il y a sept ans, Dusan Jakica quittait la Serbie avec sa femme, ses deux filles et quatre valises pour tout bagage. Dans quelques jours, il participera à la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA™ en tant que sélectionneur des États-Unis. L'ancien formateur en génie électrique et mécanique réside désormais à Eden Praire, dans la banlieue de Minneapolis, mais son histoire d’amour avec le futsal trouve ses origines en Serbie. En 2006, ce passionné de basketball et de danse folklorique mène l’école supérieure de génie mécanique de Novi Sad au titre national, devançant plus de 500 autres établissements supérieurs. Au cours des six années suivantes, il occupe le poste de sélectionneur adjoint de la Serbie. Lors du tirage au sort des groupes de la Coupe du Monde de Futsal en juin dernier, le destin a réuni les États-Unis de Jakica et la Serbie au sein du Groupe F, en compagnie de l’Argentine et de la RI Iran. "Mon intuition ne m’a pas trompé. J’en avais même rêvé : nous affrontions la Serbie et nous obtenions un bon résultat", confie-t-il à FIFA.com. "Il ne faut pas avoir peur de rêver. Parfois, les rêves deviennent réalité, il faut y croire. Sur le papier, les Serbes sont les plus forts mais, en sport, ce n’est pas toujours le plus fort qui l’emporte..." ”

Le reste de la famille de Jakica vit toujours en Serbie et sera certainement vissé devant la télévision le 20 septembre prochain pour assister au match entre Dusan et sa patrie. "Ce sera certainement un moment très émouvant pour moi, mais je suis un professionnel avant tout. Je vais tout faire pour battre la Serbie. Je sais que je vais vivre le match de ma vie", prévoit-il. En outre, deux membres de la sélection serbe, Davor Popovic et Dragan Tomic, ont été ses élèves. À 15 ans, le premier a suivi un cours dispensé par Jakica dans une école professionnelle, tandis que le second a joué au sein d’une équipe universitaire dirigée par ce même Jakica. "Ils ont fait leurs premiers pas en futsal avec moi. Ils m’écrivent tous les jours pour m’encourager : ‘Si quelqu’un mérite de réussir, c’est bien vous, professeur’. C’est fabuleux de retrouver en équipe nationale des joueurs qu’on a connu très jeunes. Aujourd'hui, ils sont pères de famille. Les joueurs et les entraîneurs serbes sont comme des frères pour moi. Je les connais par cœur et moi non plus, je n’ai pas de secrets pour eux."

Les États-Unis ne font pas partie des favoris. Composée d’amateurs qui occupent d’autres emplois pour gagner leur vie, cette équipe se prépare à affronter l’Argentine, lauréate de l’épreuve en 2016, la RI Iran, troisième la même année, et la Serbie, qui compte parmi les dix meilleures sélections au monde. "Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Rien. Au contraire, nous avons tout à gagner dans un tel groupe. Ici, il n’y a pas de championnat, pas de clubs et pas d’entraînements réguliers. Malgré tout, nous allons affronter des joueurs qui consacrent leur vie au futsal. Nous sommes prêts. Nous allons tout donner", annonce l'entraîneur. La sélection américaine propose un mélange de jeunesse et d’expérience, à l’image d’Everson Maciel (43 ans) et de Tomas Pondeca (19 ans), meilleur buteur de l’équipe avec six réalisations depuis le début de ce cycle. Les hommes de Jakica ont validé leur billet pour la Lituanie en battant la République dominicaine 2-0 en quart de finale du Championnat de Futsal de la CONCACAF, avant de terminer à la deuxième place du tournoi derrière le Costa Rica. "On ne va pas se mentir, ce serait un miracle d’atteindre la seconde phase", reconnaît Jakica. "Les joueurs en lice évoluent dans les meilleures équipes professionnelles du monde, en Italie et en Espagne. Maintenant, regardez notre effectif : pas de club, pas de club, charpentier, livreur à domicile, agent immobilier. Mais nous allons en étonner plus d'un", conclut-il avec optimiste.