vendredi 12 avril 2013, 08:51

Mirandinha, le pionnier brésilien de l'Estadio Castelão

Au milieu des trophées, des photos, des vidéos et des témoignages d'anciennes gloires locales, les visiteurs du musée du football de Ceara peuvent découvrir une authentique curiosité : un maillot de Newcastle. Celui-ci a été offert par l'un des employés de l'Estadio Castelão de Fortaleza, première enceinte inaugurée dans le cadre de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™. FIFA.coma rencontré ce généreux donateur en pleine préparation du match Ceará-Fortaleza, programmé ce 13 avril.

Remarqué lors d'une tournée de la Seleção au Royaume-Uni, Mirandinha devient en 1987 le premier Brésilien à intégrer l'élite anglaise, en passant de Palmeiras à Newcastle. Son séjour dans le nord de l'Angleterre ne dure que deux saisons mais le joueur conservera néanmoins des liens très profonds avec les Magpies. Désormais, l'ancien attaquant travaille au sein de l'équipe de direction de l'Estadio Castelão, qui accueillera cet été trois matches de la Coupe des Confédérations de la FIFA. Des années plus tard, il suit toujours de loin - et même de près, quand l'occasion se présente - les résultats de Newcastle. Il s'intéresse également aux performances de ses compatriotes en Premier League, lesquels sont de moins en moins rares. À l'en croire, leur adaptation est beaucoup plus facile aujourd'hui qu'à son époque.

Mirandinha, pourquoi avez-vous fait étape en Angleterre ? Les dirigeants de Newcastle me surveillaient déjà depuis un moment. Tout a commencé grâce à un supporter de Palmeiras qui s'est rendu là-bas dans le cadre d'un échange culturel. Il vivait chez un homme d'affaire qui avait des contacts au sein du club. Ce Brésilien a parlé de moi. Il a montré des articles de journaux et de magazines qui ont éveillé l'intérêt des responsables anglais. Ensuite, j'ai été convoqué pour disputer la Coupe Stanley Rous contre l'Angleterre et l'Écosse. Mes futurs employeurs en ont profité pour me superviser. J'ai eu la chance de réussir deux très bons matches. J'ai marqué lors du nul contre l'Angleterre et j'ai donné une passe décisive pendant la victoire 2:0 sur l'Écosse. Quand je suis rentré au Brésil, Newcastle a fait une offre à Palmeiras. J'étais alors à deux doigts de signer à l'América, au Mexique. Tout était pratiquement réglé mais les Anglais m'ont convaincu de revenir sur ma décision.

Le style de jeu pratiqué en Angleterre avait-il quelque chose à voir avec celui que vous aviez connu au Brésil ? À cette époque, beaucoup de clubs anglais étaient encore amateurs du kick and rush. Heureusement pour moi, Newcastle était différent. Mes coéquipiers n'abusaient pas des longs ballons aériens, ce qui a facilité mon adaptation. En outre, le football anglais misait énormément sur la vitesse. C'était justement l'un de mes points forts. Le style de jeu était certes très différent de ce qui se faisait au Brésil mais ma plus grosse difficulté en arrivant a été la langue. Je ne parlais pas un mot d'anglais.

L'apprentissage a-t-il été difficile ? Vos coéquipiers vous ont-ils aidé ? À mon arrivée, le club m'a présenté un Anglais qui avait vécu au Portugal pour me servir d'interprète. Mais dès ma deuxième saison, j'ai dû me débrouiller seul. Je dois dire que Paul Gascoigne m'a été d'un grand secours. Il m'a appris tous les gros mots ! Je regrette vraiment d'avoir perdu le contact avec lui. Cela fait environ trois ans que nous ne nous sommes plus parlé, depuis que son état de santé a empiré. Malgré tout, j'essaye toujours de lui rendre visite lorsque je vais en Angleterre.

Vous rendez-vous fréquemment à Newcastle ? Aussi souvent que possible. J'adore ce club et cette ville. Je compte encore de nombreux amis là-bas. Je suis toujours très bien reçu et les supporters me traitent avec énormément de respect. En Angleterre, on m'appelle encore Mira, comme du temps où j'étais joueur. C'est magique. Quand je ne suis pas sur place, je regarde les matches à la télévision. J'étais très triste de voir le club descendre en deuxième division et à l'inverse ravi de le retrouver en Premier League. L'an dernier, les Magpies ont fait une très bonne saison. Les supporters de Newcastle sont très fidèles. Ils n'ont jamais abandonné leur équipe, même dans les moments difficiles. Avec ça, on peut aller très loin.

De nos jours, les Brésiliens sont plus nombreux en Angleterre. Qui se distingue le plus, selon vous ? J'aime beaucoup David Luiz, à Chelsea. Il a beaucoup de talent et il compte certainement parmi les meilleurs défenseurs du monde. Oscar, qui évolue aussi à Chelsea, réussit de très bonnes choses, même s'il n'est pas encore un titulaire indiscutable. Il a un bel avenir devant lui. Tous les deux ont la chance de pratiquer leur métier dans un environnement bien différent de celui que j'ai connu à mon époque. Aujourd'hui, les joueurs de haut niveau profitent tous de pelouses en excellent état. De mon temps, il fallait parfois jouer sur des terrains en synthétique, comme à Luton. En l'espace de quelques années, le football anglais a connu une véritable révolution culturelle.

En quoi consiste votre travail à l'Estadio Castelão ?Je suis administrateur, ce qui signifie que je suis l'interlocuteur de toutes les équipes qui viennent jouer ici. Je m'occupe du terrain, des vestiaires et des délégations. Quand les matches ont lieu l'après-midi, j'arrive au stade vers 9 heures du matin et je repars en fin de journée. Je suis un peu le gardien du stade (rires). Néanmoins, j'aime beaucoup ce travail. Je suis heureux de contribuer à ce projet, qui est une source de fierté pour toute la région. Un stade comme celui-ci fait le bonheur de tout un peuple. Je n'ai pas eu la chance de disputer une Coupe du Monde en tant que joueur mais je vais pouvoir apporter ma contribution ici, dans ce stade. Nous attendons aussi la Coupe des Confédérations avec impatience.

Votre bureau est tout près du musée du football de Ceara. Vous avez été très impliqué dans ce projet. Pouvez-vous nous en parler un peu ? J'ai été très marqué par mon passage à Newcastle et par la manière dont les supporters anglais traitent leurs idoles. Je pense que nous devrions nous inspirer de cette culture, au Brésil. Des espaces comme ce musée et d'autres, qui seront prochainement construits, peuvent contribuer à faire évoluer les mentalités. J'ai eu l'occasion de rencontrer des grands joueurs de la région pour intégrer leurs témoignages dans ce musée. Il me paraît essentiel de protéger ce patrimoine. Je ne suis pas vaniteux mais je peux vous dire qu'il est très important pour un ancien joueur de se sentir aimé et apprécié.

Ce 14 avril, l'Estadio Castelão accueille un match test en vue de la Coupe des Confédérations de la FIFA. Pour l'occasion, Ceará affrontera Fortaleza dans le grand derby de la région. Comment expliqueriez-vous l'importance de cette affiche à vos amis de Newcastle ou à des touristes étrangers ?Je leur dirais que cette affiche n'a rien à envier à des matches comme Corinthians-Palmeiras, Newcastle-Sunderland ou Liverpool-Manchester United. Pendant la semaine, personne ne parle d'autre chose. Les gens dorment, se réveillent, prennent le petit déjeuner, déjeunent et dinent en pensant à ce match. J'ai eu l'occasion de prendre part à ce derby en tant que joueur et entraîneur. Dans le premier cas, on a le sentiment de pouvoir influer sur l'issue de la rencontre ; dans le second, on est dépendant des autres. J'ai eu la chance de gagner le titre avec Fortaleza dans les deux rôles, ce qui a contribué à créer un lien très fort entre ce club et moi. Malgré tout, mon cœur restera à jamais corail, la couleur d'un autre grand club de la région : Ferroviário.

Documents Connexes