jeudi 11 février 2016, 08:33

Trentenaires toujours plus verts

Quand un attaquant atteint la trentaine, on dit parfois que c'est le début de la fin. Moins de vitesse, moins d'énergie, moins d'agilité : passé le cap des 30 ans, le déclin semble inévitable. Mais comme toujours, il y a des exceptions. Certains attaquants trentenaires connaissent même une forme de résurrection, qui leur permet de toujours occuper la tête du classement des buteurs et d'être appelés en sélection nationale.

Aritz Aduriz vient de souffler ses 35 bougies, mais cela ne semble affecter en rien ses qualités de buteur. Renommé pour sa puissance physique et son habileté dans le jeu aérien, la pointe de l'Athletic Bilbao présente la particularité d'avoir inscrit plus de buts dans le football professionnel depuis qu'il a fêté ses 30 ans que sur l'ensemble de sa carrière avant la trentaine.

Aduriz est revenu dans le club basque pour un troisième mandat en 2012. Incapable de percer à Bilbao dans ses jeunes années, le natif de Saint-Sébastien a fait un premier retour à San Mames en 2005, où sa route a été barrée par Fernando Llorente. La troisième a été la bonne pour Aduriz, qui a bouclé la Liga 2014/15 avec 26 buts, son meilleur total sur un exercice. Cette saison, il a déjà inscrit plus de buts que Neymar et Lionel Messi toutes compétitions confondues, faisant même trembler les filets à quatre reprises face à Barcelone dans la dernière Supercoupe d'Espagne. "Nous avons beaucoup de chance de l'avoir dans notre équipe. Il s'améliore d'année en année", affirme son entraîneur Ernesto Valverde. "Il a une énorme confiance en ses capacités et pour nous, il est souvent la solution aux problèmes posés par l'adversaire."

La campagne impressionnante d'Aduriz depuis l'été 2015 a amené le sélectionneur à se demander s'il ne pourrait pas donner un coup de main. À ce jour, Aduriz n'a porté qu'une seule fois le maillot de la Roja. Il était entré en jeu en fin de partie lors d'un Espagne-Lituanie en 2010. Vicente Del Bosque ne semble toutefois pas déborder d'enthousiasme par rapport à une éventuelle convocation du Basque en 2016. "Pour notre prochain rendez-vous international, Aduriz sera peut-être convoqué. Ou peut-être pas... Tout le reste n'est que spéculation. En mars, je vais publier une nouvelle liste. Il faudra attendre jusque-là", tranche Del Bosque à ce sujet.

Quand il évoluait aux Émirats Arabes Unis, le Brésilien Ricardo Oliveira ne pensait certainement pas à la Seleção. Mais depuis son retour au Brésil dans les rangs du Santos FC en janvier 2015, il a affolé les compteurs en championnat, terminant meilleur buteur de l'exercice 2015 avec 20 réalisations, soit six de plus que son premier poursuivant, Vagner Love.

Récompense pour l'intéressé : une sélection à l'âge de 35 ans, huit années après sa précédente convocation. "Quand j'ai signé au Moyen-Orient, j'ai fait une croix sur la Seleção", admet Oliveira en toute franchise. "Huit ans plus tard, cela me fait toujours autant de frissons. C'est vraiment émouvant d'être appelé en sélection. Et ça le restera toujours. C'est un plaisir de servir son pays. Je suis dans la forme de ma vie, j'ai emmagasiné énormément d'expérience et je suis à un excellent niveau. Je reviens avec espoir de mettre mon expérience et mon talent au service de la Seleção."

L'ancien attaquant de l'AC Milan a été sélectionné à trois reprises en 2015, inscrivant même son premier but sous le maillot auriverde depuis février 2005, suite à une entrée en jeu dans un match de qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA™ contre le Venezuela. "Il est important d'avoir des joueurs expérimentés dans une équipe pour aider dans les moments décisifs et ajuster le tempo", poursuit Oliveira. "Je suis tellement heureux de porter ce maillot et de représenter mon pays de nouveau. Revenir en Seleção en marquant un but est très important."

Oliveira n'a pas été le seul attaquant de plus de 30 ans à terminer meilleur buteur de son championnat la saison dernière. Après avoir quitté le Bayern Munich en 2010, Luca Toni est passé entre autres par le Genoa, la Juventus, Al Nasr et la Fiorentina, sans jamais parvenir à atteindre la barre symbolique des dix buts. Alors qu'on le pensait définitivement bon pour la retraite, le grand attaquant s'est relancé au Hellas Vérone, où il a débarqué en 2013. À 38 ans, il a bouclé la Serie A 2014/15 en tête du classement des buteurs, à égalité avec Mauro Icardi, de 16 ans son cadet. Il n'avait plus été Capocannoniere depuis neuf saisons. À l'époque, il portait le maillot violet de la Fiorentina. "Un jour ou l'autre, il faudra bien que je raccroche les crampons. Je verrai au mois de juin comment je suis, physiquement et mentalement. D'ici là, je vais me concentrer sur mon jeu", affirme celui qui fêtera ses 39 ans le 26 mai prochain.

Alexander Meier réalise un parcours similaire en Allemagne. Aujourd'hui âgé de 33 ans, le capitaine de l'Eintracht Francfort a inscrit 19 buts lors de la Bundesliga 2014/15, terminant ainsi à la première place du classement des buteurs devant les Munichois Robert Lewandowski et Arjen Robben, deuxièmes ex aequo. Quand on lui demande les secrets de sa longévité, Meier répond sans hésiter : "C'est grâce à la pratique. Je m'entraîne depuis que je suis tout petit. Avec les années, j'ai pu perfectionner les choses les plus simples. Regardez, même Roger Federer continue de travailler son coup droit, alors qu'il est parfait."

Le tennisman suisse fait effectivement toujours partie des meilleurs joueurs de sa discipline. Et pourtant, il a aussi dépassé la trentaine depuis quatre ans...