lundi 11 septembre 2017, 08:07

Steinhaus, la vie en rose de la femme en noir

  • Première arbitre féminine de l'histoire de la Bundesliga

  • La policière de 38 ans a été élue six fois arbitre de l'année en Allemagne

  • Une expérience solide chez les hommes comme chez les femmes

À l'occasion du match entre le Hertha Berlin et le Werder Brême, Bibiana Steinhaus est devenue ce 10 septembre 2017 la première femme à arbitrer un match de Bundesliga. La policière de 38 ans a été élue six fois arbitre de l'année en Allemagne. Depuis 2007, elle a déjà dirigé plus de 80 rencontres de deuxième division masculine. Parallèlement, elle officie régulièrement dans des matches féminins de haut niveau. FIFA.com a recueilli ses impressions au lendemain de cet événement historique.

Bibiana, vous considérez-vous comme une pionnière ou êtes-vous simplement là pour arbitrer des matches de l'élite allemande ? Quand je suis avec mes collègues, le fait que je sois une femme n'a aucune importance. Tous les arbitres sont jugés selon des critères précis, en fonction de leurs performances. Pour donner un exemple, tous les quatrièmes arbitres de la prochaine Coupe du Monde U-17 en Inde seront des femmes, qui ne doivent leur présence qu'à leur talent. C'est une évolution remarquable.

En tant que femme, avez-vous tout de même vécu quelques expériences négatives au fil des ans ? Chaque expérience vécue est l'occasion d'avancer et d'apprendre. C'est de cette façon que je peux élargir mon champ d'action. Cette philosophie est valable pour l'individu, la personnalité et l'arbitre que je suis. J'en tire une immense satisfaction. Les arbitres se distinguent avant tout par la justesse de leurs décisions et par leur personnalité sur le terrain. Il est très important de faire les bons choix. C'est la base. On doit également savoir communiquer et interagir avec les représentants des équipes, les joueurs et, évidemment, ses collègues arbitres.

Préparez-vous vos matches de façon approfondie ou, au contraire, préférez-vous aborder la rencontre avec un esprit neuf ? J'ai testé chacune de ces méthodes. Personnellement, j'ai plutôt tendance à privilégier une préparation spécifique. J'essaye de me préparer au mieux, sans pour autant me surcharger. J'ai le sentiment qu'une préparation intensive me permet de mieux anticiper les événements sur le terrain. Le football ne cesse d'évoluer, il est aujourd'hui de plus en plus rapide. En tant qu'arbitres, nous nous devons d'accompagner cette évolution.

Quels souvenirs gardez-vous de la finale de la Coupe du Monde Féminine 2011 et de la finale du Tournoi Olympique de Football Féminin 2012, deux rencontres que vous avez dirigées ?Je garde des souvenirs fantastiques de ces deux tournois et pas uniquement des finales. J'ai eu la chance de travailler avec des collègues merveilleuses. Nous étions un groupe de 50 ou 60 personnes très soudées, y compris l'équipe derrière l'équipe. Nous avons toutes passé de très bons moments ensemble et nous avons goûté au succès. Nous avions toutes travaillé très dur pour gagner le droit de participer à ces compétitions. Au final, nous avons accumulé des expériences formidables. En tant que sportive, c'est une chance extraordinaire de pouvoir vivre un grand tournoi international dans son pays.

Vous parlez d'équipe et de collectif alors qu'aux yeux du public, les arbitres paraissent souvent bien seuls... C'est dommage ! Pendant le match, on ne voit que quatre personnes en action, mais nous formons en réalité une équipe beaucoup plus importante. Dans un tournoi, on compte généralement une cinquantaine d'arbitres actifs, auxquels il faut ajouter une trentaine de personnes qui forment l'équipe. Nous donnons le maximum pour que l'équipe arbitrale soit la plus performante possible et pour offrir aux équipes en lice les meilleures conditions de jeu.

Les arbitres assistants passent souvent inaperçus. Quelle importance ont-ils pour l'arbitre de champ ? Pourtant, nous fonctionnons en équipe. Nous mettons nos efforts en commun pour toujours prendre la bonne décision. Le football est devenu extrêmement complexe. Je pense par exemple au hors-jeu. Imaginons qu'un joueur se trouve en position de hors-jeu. De par sa simple présence, a-t-il une influence sur le déroulement d'une action de but ? Là, l'équipe arbitrale ne dispose que de quelques secondes pour prendre la bonne décision. Il faut communiquer très vite et efficacement. Une personne seule serait incapable de faire les bons choix.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune, voire à un très jeune arbitre ? Je leur souhaite de toujours éprouver du plaisir sur le terrain. Pour moi, il faut voir l'arbitrage comme une expérience collective, ce qui suppose de partager son vécu avec ses collègues et de beaucoup communiquer.