samedi 18 septembre 2021, 11:00

Rodrigo, la torpille humaine veut frapper un dernier grand coup

  • Rodrigo est le premier défenseur de l'histoire du futsal à marquer 100 buts en sélection.

  • Le capitaine brésilien évoque cet exploit, son coéquipier Ferrao et ses espoirs de titre.

  • Il justifie prendra sa retraite internationale après Lituanie 2021

À 19 ans, Rodrigo Hardy combinait ses études avec un travail. Aujourd'hui, à 37 ans, il fait de même. À l'époque, Rodrigo était employé de bureau dans un cabinet comptable, se destinant à une carrière dans les chiffres. Aujourd'hui, sa salle d'étude est une chambre d'hôtel ; sa profession, capitaine de l'équipe nationale de futsal du Brésil. Les chiffres continuent néanmoins de marquer la vie de Rodrigo. Il a déjoué les probabilités mathématiques pour devenir le premier défenseur de l'histoire du futsal à marquer 100 buts en équipe nationale. La "Torpille humaine" a posé quelques instants ses manuels de cours en éducation physique pour répondre aux questions de FIFA.com dans l’hôtel où séjourne la Seleção. Il évoque son 100ème but, la puissance de sa frappe, son coéquipier Ferrão, les chances de titre du Brésil et sa décision de prendre sa retraite internationale après la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™.

Qu'avez-vous ressenti en marquant votre 100ème but pour le Brésil ? Je ne suis pas quelqu'un qui pense beaucoup à ces étapes d’une carrière individuelle, mais c'était vraiment spécial. Les marques d’attention que j'ai reçues de la CBF, les félicitations de la FIFA ont beaucoup compté. Le maillot que la CBF m'a donné... il restera dans ma famille pendant des générations et des générations. Pour un défenseur, ce n'est pas facile de marquer 100 buts. Après la rencontre, mes parents étaient très émus, ils n'arrivaient même pas à parler ! Je pense que je réagirais de la même façon s’il s’agissait de mon enfant. Je suis donc très fier et j'espère que mes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants ressentiront de la fierté lorsqu'ils verront ce maillot.

On vous a surnommé la Torpille humaine et de nombreuses statistiques montrent la puissance de vos tirs. Pensez-vous avoir la frappe la plus puissante du futsal ? C'est difficile à dire. Ferrao a une bonne frappe lui aussi. Je me placerais parmi les meilleurs, dans le top 10. Ce qu’il y a de différent dans mon arsenal, c'est ma capacité de tirer de la pointe du pied. Très peu de joueurs peuvent exécuter des pointus comme moi. Comment jugez-vous votre coéquipier Ferrão ? C’est le meilleur joueur du monde, et de loin. Ces deux dernières années, il a élevé son jeu à un autre niveau. Il a tout ce qu'il faut. Il est excellent dos au but, sa capacité à se retourner est sans équivalent dans le futsal, il peut tirer des deux pieds. Il a amené le futsal à un niveau supérieur. Il est incroyable et la Seleção doit profiter de son état de forme exceptionnel.

Quel est le plus grand rival du Brésil dans la course au titre ? Évidemment, il y a l'Espagne, l'Iran, la Russie, le Portugal, l'Argentine, le Brésil. Mais chaque équipe qui atteint la phase à élimination directe peut aller au bout. C'est une Coupe du Monde, tout le monde peut battre tout le monde, ce n'est plus comme avant. Nous allons considérer chacun des matches à venir comme s'il s'agissait d'une finale. Si je devais donner deux favoris, je dirais d’abord l'Espagne. Elle a une grande histoire, c’est une équipe très forte et qui n’a plus remporté le titre depuis longtemps, elle sera donc déterminée à ramener le trophée. Et puis l'Argentine, qui possède d'excellents joueurs et une excellente équipe. Vous avez pris la troisième place du classement du meilleur joueur du monde de futsal l'année dernière. Pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite internationale après ce tournoi ? J'aurai 40 ans lors de la prochaine Coupe du Monde. Pour porter ce maillot, il faut être capable de donner quelque chose en retour. Je ne veux pas être sélectionné uniquement parce que j'ai été capitaine de la Seleção pendant toutes ces années, pour ma réputation. Si je jouais pour une nation de futsal moins compétitive, je pense que je pourrais participer à la Coupe du Monde à 40 ans. Mais le Brésil a une réserve incroyable de talents. C'était une décision difficile, je sais que ça va faire mal, mais je pense que c'était la bonne. Jouer la Coupe du Monde, c'est indescriptible. Les joueurs qui montent méritent de vivre cette expérience incroyable. Il ne serait pas logique que quelqu'un en soit privé parce qu'on a sélectionné un joueur en fonction de ce qu'il a fait pour la Seleção les années précédentes.

Quel effet cela fait-il de savoir que vous ne porterez bientôt plus le maillot du Brésil ? Je décompte chaque seconde. Après chaque match, je me dis : "Encore 40 minutes qui sont parties". Je sais que mon temps arrive à son terme. Cela me remplit d’émotions, mais je veux être sûr de finir ma carrière sur un titre. Je donnerais ma vie pour gagner cette Coupe du Monde. S'il le faut, je m'arracherai le cœur et l'échangerai contre le trophée. Ce serait magnifique pour nous. Tout a changé depuis que nous avons l’insigne de la CBF sur nos maillots. L'exposition du futsal, le niveau a évolué. Nous ne nous battons pas pour nous-mêmes, nos familles, l'équipe d'entraîneurs. Nous nous battons pour une cause : développer le futsal dans notre pays. Pendant très longtemps, ce développement a uniquement reposé sur les rêves des joueurs. Maintenant, nous avons des infrastructures. Les choses sont déjà en train de changer, mais ce titre accélérerait encore le processus.