mercredi 12 octobre 2016, 06:18

Ri veut être reçue dix sur dix

"Le 10 à l'ancienne a disparu, mais il existe toujours. C'est un numéro éternel qui traverse le temps." Michel, l’ancien milieu de terrain de l’Espagne et légende du Real Madrid, sait de quoi il parle lorsqu’il lâche ses propos en 2013 dans le magazine So Foot, lui qui a joué à une époque où on pouvait croiser sur les terrains de Diego Maradona, Zico, Roberto Baggio, ou Rui Costa. "Avec eux, le chemin du but est moins long, les 90 minutes sont moins longues et le plaisir est plus grand. Pour tout le monde."

Trois ans après, les mots de celui qui est devenu entraîneur, notamment du FC Séville ou de l’Olympique de Marseille, se confirment depuis le début de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Jordanie 2016. Ri Hae Yon crève en effet l’écran avec ce numéro mythique floqué sur son maillot rouge de la RDP Corée. En trois rencontres du Groupe D, soldées par un nul spectaculaire contre l’Angleterre et deux victoires contre le Brésil (1:0) et le Nigeria (3:0), elle a affiché les qualités qu’on associe généralement à ces deux chiffres, à savoir vision du jeu, aisance technique et qualité de passe. La milieu de terrain parfaite ?

Pas vraiment. Ri est en fait attaquante et compte dans son arsenal la vitesse, l'adresse devant le but et le jeu de tête qui lui ont permis d’inscrire déjà quatre buts et de pointer à la deuxième place du classement des buteuses du tournoi. "Je suis évidemment très heureuse à chaque fois que je marque un but, mais je ne me suis pas fixé comme objectif de terminer meilleure buteuse", confie-t-elle au micro de FIFA.com après avoir inscrit un triplé face aux Nigérianes. "Mais si je peux encore en inscrire qu’ils nous permettent d’aller en finale et de remporter la Coupe du Monde, j’en serai très heureuse !", ajoute-t-elle en serrant contre elle le diplôme de Joueuse Live Your Goals du Match.

Un seul objectif L’appétit venant en mangeant, Ri se verrait bien agrandir sa collection de buts contre le Ghana en quart de finale. Mais à l’image des numéros dix classique, qui préfèrent souvent le plaisir de la bonne passe à celui du but, elle n’aurait rien contre le fait de laisser le soin à ses coéquipières de finir le travail. "Je préfèrerais largement ne plus marquer un seul but et gagner le tournoi, plutôt que d’en marquer encore quatre ou cinq et ne pas soulever le trophée", assure la joueuse d'April 25 SC.

Car même si elle admet désormais garder un œil sur le Soulier d’Or adidas récompensant la meilleure artilleuse du tournoi, puisqu’elle ne compte qu’un but de retard sur l’Espagnole Lorena Navarro et ses cinq buts, elle ne perd pas de vue l’objectif principal qu’elle s’est fixé depuis qu’elle a décroché la qualification pour le tournoi jordanien. "Nous sommes très heureuses d’être qualifiées pour les quarts de finale, mais depuis le début, nous n’avons qu’un seul objectif : d’être là le jour de la finale et de la remporter", annonce l’admiratrice de Cristiano Ronaldo. "Bien sûr, on pensait d'abord à passer le premier tour. Mais lorsqu'on se qualifie, on doit ensuite viser le titre de championne du monde."

Les Asiatiques imiteraient ainsi leurs aînées, vainqueurs de la première Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA 2008 en Nouvelle-Zélande. A l’époque, Jon Myong Hwa avait déjà inscrit quatre buts au moment des quarts de finale et figurait alors parmi les meilleures buteuses. Elle n’avait par la suite plus trouvé le chemin des filets… mais elle avait ensuite soulevé le trophée. Et d’après vous, quel numéro portait-elle dans le dos ? "L'importance du 10 dans l'histoire du football est fondamentale. Tous les joueurs qui font que ce sport soit le plus populaire du monde portent ce numéro : Zidane, Platini, Maradona, Pelé… Si on aime ce jeu, c'est avant tout grâce à eux", disait d’ailleurs Michel.