dimanche 29 novembre 2020, 08:00

Retrouvailles spéciales pour Signeul

  • La Finlande opposée à l’Écosse dans les qualifications pour l’Euro

  • Un match particulier pour Anna Signeul, sélectionneuse finlandaise

  • "J’ai vécu des choses fantastiques en Écosse", assure-t-elle

Pourquoi a-t-il fallu qu’on tombe sur elle ? Cette pensée a sans doute traversé l'esprit d’Anna Signeul en découvrant que la Finlande croiserait la route de l’Écosse dans les qualifications pour l’UEFA EURO féminin. Il faut dire que la technicienne a dirigé l’équipe au chardon pendant 12 ans et demi. Au cours de cette période, elle a offert à son pays d’adoption sa première qualification pour une grande compétition internationale, l’Euro 2017. Autant dire que ce duel ne pouvait pas la laisser indifférente.

"J’ai vécu des choses fantastiques en Écosse. Ensemble, nous avons accompli de nombreux exploits. J’ai connu certaines internationales écossaises lorsqu’elles avaient 12 ans. Nous avons tissé des liens au fil du temps et j’ai envie de les voir réussir, individuellement et collectivement. Mon objectif était de mener ces joueuses et l’équipe d’Écosse le plus loin possible", explique Signeul dans un entretien accordé à FIFA.com.

"En découvrant que nous évoluerions dans le même groupe que l’Écosse, je n’étais pas très contente, à titre personnel. C’est compliqué pour moi de jouer contre ce pays, mais je suis une professionnelle et je sais faire la part des choses entre mes émotions et la situation."

Les résultats obtenus par la Finlande incitent également à l'optimisme. Avec quatre victoires (dont un succès 1-0 à l’aller contre l’Écosse) et un nul, les Finlandaises occupent actuellement la première place du Groupe E – une performance dont la sélectionneuse n’est pas peu fière, d’autant que cette issue n’avait rien d'une évidence.

"Nous avons disputé quatre matches avant la pandémie. Je suis très satisfaite des prestations de mon équipe. Nous avons dominé la plupart de nos adversaires et nous avons marqué beaucoup de buts. Ensuite, nous avons été contraintes d’annuler les rencontres programmées en avril et en juin, comme tout le monde. Quand les équipes ont repris la compétition en septembre, nous étions au repos. Nous n’avons joué qu’un match en 2020, au mois d’octobre, contre l’Écosse. Nous avons livré une performance extraordinaire, ce jour-là. Les joueuses ont été incroyables. Elles ont tout laissé sur le terrain et, au bout du compte, elles méritent amplement leur victoire", estime la Suédoise. Ce succès est aussi l’occasion pour elle de rappeler les sacrifices consentis par les chacune de ses protégées.

En manque de rassemblements

Le confinement a permis aux joueuses et à Signeul de mesurer l’importance des rassemblements de la sélection, mais aussi de prendre conscience des conséquences qu’entraînerait sa disparition. "Durant la pandémie de Covid-19, des millions de personnes à travers le monde ont perdu la vie. Des familles ont été plongées dans la détresse. Beaucoup de gens n'ont pas pu voir leurs proches. Cette année a été très difficile pour tout le monde. La vie de tous les jours est devenue un véritable défi. L’énergie et l’enthousiasme que dégage ce groupe lorsqu’il est au complet m’ont beaucoup manqué. J’étais aussi déçue de ne pas pouvoir poursuivre le travail engagé à l’entraînement et en match. J’aurais aimé que nous ayons la possibilité de démontrer nos progrès sur le terrain", poursuit la technicienne de 59 ans.

Plusieurs internationales finlandaises se sont retrouvées coincées à l’étranger, loin de leur famille et de leur amis, dans un pays où elles ne connaissaient pas grand monde. "Je suis vraiment fière de la façon dont elles ont su relever les défis posés par cette pandémie", s’enthousiasme Signeul. Et de rappeler l’importance du sport dans ces périodes difficiles.

"Je pense que le sport est très important dans notre société. Il a le pouvoir d’unir les individus. Il faut en être fier. C’est une activité qui a un impact positif sur la santé physique et mentale. Malheureusement, on ne s’en rend compte qu’une fois qu'on en est privé. Il ne fait aucun doute que le sport en général et le football en particulier représentent une part essentielle de ma vie et de mon identité. J’ai toujours dit que je faisais le plus beau métier du monde et que j’étais très heureuse. Cette pandémie n’a fait que renforcer mes convictions"

L’heure est maintenant venue pour Signeul de transposer cet environnement motivant et inspirant sur le terrain face à l'Écosse, et de l'emporter pour consolider la première place de la Finlande. "Je pense que c’est cette ambition qui peut nous permettre d’aller au bout. Elle pousse mes joueuses toujours plus loin. Elles ne sont jamais satisfaites", conclut-elle.