mardi 14 septembre 2021, 07:00

Ramírez écrit le dernier chapitre en lettres d’or

  • William Ramírez dispute sa quatrième Coupe du Monde de Futsal.

  • Il espère décrocher la première qualification du Guatemala pour le deuxième tour.

  • Le gardien de but évoque un parcours fait de coups durs et de leçons.

Un grand éclat de rire ! Voilà comment réagit William Ramírez quand FIFA.com lui montre la photo suivante. Celle du jeune gardien de but du Guatemala lors de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Brésil 2008…

William Ramirez, goalkeeper of Guatemala at Brazil 2008

Les cheveux (très) courts, le regard un peu perdu, et un incroyable maillot avec un motif de squelette (que le portier remplit plutôt bien…). Il le reconnaît volontiers : il n’avait pas grand-chose d’un sportif professionnel à l’époque, et les anecdotes qu’il raconte n’ont pas vraiment de rapport avec le terrain. "Comme on le voit, mes cheveux commencent à repousser. J’étais depuis six ans en sélection, et la tradition veut qu’on rase la tête aux nouveaux joueurs", raconte-t-il. "Mais je leur disais tout le temps que je ne pouvais pas à cause de mon travail. Et juste avant le Mondial, ils n’ont rien voulu savoir, et ils m’ont rasé... Et ce maillot, quel souvenir !", ajoute-t-il, précisant qu’il l’a toujours à la maison, comme celui de chacun des tournois mondiaux qu’il a disputés, à part Thaïlande 2012, sa valise s’étant perdue. "Ces souvenirs m’aident à penser à qui j’étais, à qui je suis devenu, et à l’héritage que je laisserai quand j’arrêterai." À 41 ans, avec quatre Coupes du Monde au CV, c’est avec un statut de monument du futsal qu’il raccrochera les crampons. Et Ramirez sait que ce moment approche. "Ce Mondial a une saveur différente, parce que je commence à voir le compte à rebours en termes de hautes performances", admet le dernier rempart qui, à chaque édition, estime avoir progressé. "À mon premier Mondial, je jouais peu. Au deuxième, j’ai appris à gérer la tension, l’adrénaline, ce que l’on ressent avant un match. Mais j’ai aussi appris beaucoup des coups durs…", avoue-t-il avec des regrets dans la voix.

William Ramirez, goalkeeper of Guatemala (2)

Une journée pour l’Histoire

Le plus douloureux s’est produit en 2012 où, après avoir battu la Colombie et perdu contre la Russie, les Chapines avaient besoin d’une victoire contre les Îles Salomon, déjà éliminées, pour atteindre le deuxième tour. "En théorie, c’était l’équipe la plus accessible. Mais on a perdu alors qu’on avait fait le plus dur en battant la Colombie, qui ensuite, est arrivée en quart de finale. On a appris beaucoup de cette situation, et on essaie d’en tirer profit aujourd’hui." Car, ironie du destin, le Guatemala est dans la même situation à Lituanie 2021, après avoir battu l’Ouzbékistan en ouverture, avant d’affronter l’Égypte et la RFU. "On a encore fait le plus dur, on a bien commencé dans la quête de notre objectif d’écrire l’histoire", annonce Willi qui, comme ses coéquipiers, rêve d’une première qualification en quatre tentatives, et qui pourrait l’obtenir dans des conditions particulières. "Nous fêtons le bicentenaire de l’Indépendance du Guatemala le 15 septembre, jour du match contre l’Égypte. Alors gagner notre qualification jour-là, ce seraient un exploit et une journée extraordinaires." Extraordinaire, comme le sentiment qui a envahi tout le pays lorsque le capitaine Alan Aguilar a inscrit le but de la victoire contre l’Ouzbékistan dans les ultimes secondes, alors que les Centrasiatiques étaient revenus de 1-4 à 4-4 et semblaient destinés à s’imposer sur la fin. "Quand ils ont égalisé, il restait encore deux minutes. Je me disais qu’il fallait au moins sauver le match nul pour rester en vie pour jouer notre avenir contre l’Égypte. Et le but d’Alan nous a sauvés. C’est ce qui est magnifique dans le futsal. Tout peut changer en une seconde…" Cette abnégation, Ramírez sait parfaitement où les Guatémaltèques l’ont puisée. "Nous ne sommes pas des joueurs qui vivent du futsal. L’effort que nous devons faire dans un Mondial est différent des autres équipes", explique celui qui, avec une Licence en Relations Internationales et un diplôme spécialisé dans les Droits de l’Homme, a travaillé 15 ans dans une institution gouvernementale, avant que l’administration ne la ferme, laissant 200 personnes, dont Ramírez, sans travail. "Ce furent sept mois difficiles, à chercher un nouveau travail et des solutions pour vivre", détaille-t-il, soulagé d’avoir trouvé un emploi administratif à la fédération de football.

Que cela en vaille la peine

"Pour disputer un Mondial, nous devons sacrifier beaucoup de choses. Nous nous entraînons à 4h15 du matin jusqu’à 6h30, après on va travailler, et on a encore une session d’entraînement le soir", précise-t-il. "Ces sacrifices donnent un courage encore plus grand car on sait que peu de monde est capable de les faire. Le groupe se le rappelle ici et maintenant. Il faut que cela en vaille la peine."

Ramírez lui-même avait renoncé à ces contraintes lorsque, en 2016, il avait décidé de se retirer de la sélection, et d’accepter la proposition du sélectionneur Estuardo De Leon de devenir entraîneur des gardiens. Mais après les qualifications pour Lituanie 2021 en mai dernier, le Profe lui a proposé de renfiler les gants.

"J’avais arrêté la sélection, mais je continuais à jouer avec mon club", raconte le dernier rempart de Glucosoral. "J’en ai parlé avec mon épouse et mes filles, et elles m’ont dit : ‘Si tu acceptes, prépare-toi bien pour le faire bien, pour qu’ils voient un bon travailleur, une bonne personne, une personne loyale. Si tu le fais comme ça, on te soutient’."

Depuis, Ramírez a fait un travail intense, même s’il a contracté le Covid-19 en juin, ce qui l’a forcé à rester 15 jours à l’arrêt et perdre les bénéfices de son premier mois de préparation. "L’envie et le désir m’ont aidé à arriver où je suis aujourd’hui, prêt à terminer mon parcours avec la sélection en écrivant l’Histoire", conclut-il avec une sagesse et une détermination que le jeune homme sur la photo de 2008 n’aurait sans doute jamais imaginé connaître.

William Ramirez, goalkeeper of Guatemala (3)