jeudi 29 août 2019, 08:00

Les Barea ne regardent plus vers le bas

  • Madagascar a intégré le Top 100 du Classement Mondial

  • Les Barea récoltent les fruits de leur campagne historique à la CAN 2019

  • Les Malgaches visent les sommets, mais gardent les pieds sur terre

Non inscrit. Forfait. Tour préliminaire. Exclu. Ce sont les quatre situations qu’a connues Madagascar dans les qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF entre 1957 et 2017, soit 31 éditions passées à voir les autres pays à se disputer le trône du Continent Mère sans avoir son mot à dire.

Les Barea ont finalement vu le bout de ce tunnel de 60 ans en octobre dernier, lorsqu’une victoire 1-0 sur la Guinée Équatoriale a validé leur participation à l’édition 2019 en Égypte. Promis à un rôle de Petit Poucet dans un groupe relevé, Madagascar se serait presque contenté de participer, et de rentrer au pays avec trois défaites et des leçons pour l’avenir.

Au lieu de cela, les Malgaches ont atteint les quarts de finale ! Un parcours exceptionnel et des progrès qui se sont traduits par une progression de 12 rangs et une 96ème place au Classement Mondial FIFA/CoCa-Cola de juillet.

"Cela fait deux ans et demi que nous construisons cette équipe, pour réussir la performance de nous qualifier pour la CAN. Ce n'était pas évident, avec le Sénégal, le Soudan ou la Guinée équatoriale dans notre groupe. Et puis finalement, en octobre dernier, on a été les premiers qualifiés pour la CAN, ce qui nous a laissé du temps pour nous préparer, et arriver sans complexes", avance le capitaine Faneva Andriatsima pour tenter d’expliquer ce succès inattendu.

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Le parcours de Madagascar à la CAN 2019

  • Guinée 2-2 Madagascar (Groupe B)

  • Madagascar 1-0 Burundi (Groupe B)

  • Madagascar 2-0 Nigeria (Groupe B)

  • Madagascar 2-2 (4 t.a.b.2) RD Congo (Huitième de finale)

  • Madagascar 0-3 Tunisie (Quart de finale)

Le devoir de produire du jeu

Bien préparés, pleins d’enthousiasme et portés par l’envie de rendre encore plus heureux 25 millions de Malgaches qui n’en finissaient plus de fêter la qualification, les Barea ont réalisé un premier coup d’éclat en tenant en échec la Guinée de Naby Keita, avant de prendre le meilleur sur le Burundi, lui aussi néophyte dans l’épreuve. Mais le meilleur restait à venir…

Pour son dernier match de groupe, Madagascar domine le Nigeria, poids lourd continental et le prive de la première place, puis se défait de la RD Congo, ancienne championne en huitième. Si les résultats surprennent, ils semblent pourtant logiques au vu du jeu proposé. "Je leur donne carte blanche par rapport au jeu, ils ont même le devoir de produire du jeu, puisqu'on sait le faire", insiste Nicolas Dupuis, le sélectionneur français des Barea dans une interview à France Football. "Le redoublement de passes et la possession doivent être notre marque de fabrique. Sur le plan défensif, on est capable, contrairement à beaucoup d'équipes africaines, de proposer un bloc cohérent. Voilà ce qui fait un peu la différence."

L’autre explication des exploits dans la compétition continentale tient peut-être aussi dans l’image qu’avait la sélection avant que Dupuis n’en prenne les rênes en 2016. "J'avais le sentiment que nos adversaires étaient trop confiants et qu'ils nous prenaient un peu à la légère, alors qu'on savait ce qu'on était capable de faire", assure le sélectionneur qui, en parallèle, entraîne le FC Fleury 91, en National. "Il n'y a que nous qui étions sûrs de nos forces, personne d'autre."

Au vu du relatif anonymat des Malgaches depuis plusieurs années dans la hiérarchie mondiale, difficile pourtant de reprocher à leurs adversaires de les avoir sous-estimés.

Madagascar au Classement FIFA :

  • Position moyenne depuis la création du classement : 135

  • Classement en juin 2019, avant la CAN : 108

  • Pire classement : 190 (mars 2014)

  • Meilleure position : 78 (décembre 1992)

Peu de moyens, beaucoup de cœur

Leurs performances en terres égyptiennes les ont certes menés dans le grand huit africain, et dans le Top 100 de la hiérarchie mondiale, mais les Barea savent que le plus difficile n’était pas d’atteindre ce niveau, mais d’y rester. "Cela va être difficile de faire mieux la prochaine fois", prévient d’ailleurs Dupuis. "Il faut se servir de ce qu'on a fait pour dire que le travail paye. Il faut continuer à travailler, ou, sinon ça peut être quelque chose d'éphémère", précise l’entraîneur qui a su tirer parti du soutien des autorités malgaches et des projets de développement financés par la FIFA ces dernières années,.

"On reste une petite équipe, avec peu de moyens, mais beaucoup de cœur. Et avec un peu de chance et d'intelligence, on se retrouve là", savoure Andriatsima du haut de ses 35 ans. "On a su représenter le pays dignement. Même si nous avons été éliminés en quart de finale, nous avons pu réunir les Malgaches du monde entier. J’espère qu’on sera à la prochaine CAN dans deux ans."