samedi 28 novembre 2020, 08:05

L’île Maurice voit plus loin que demain

  • L’île Maurice a une longue tradition de football, mais peu de résultats

  • La génération qui s'est qualifiée pour la CAN 1974 reste la référence

  • "Nous sommes en train de construire quelque chose", assure le défenseur Lindsay Rose

Située dans l'Océan Indien, l’île Maurice s'est ouverte au football, introduit par les colons britanniques, au début du 20ème siècle. Dans la foulée, de nombreux clubs voient le jour sur toute l’île. Comme en Angleterre, certains sont liés à des formations universitaires, à l’image du Royal College de Curepipe ou du Saint-Joseph College. Les noms de ces clubs font souvent référence aux origines de leurs membres, comme les Dragons Chinois, ou à des symboles nationaux, à l’instar du Dodo Football Club, en référence au grand oiseau terrestre, aujourd’hui éteint, qui vivait exclusivement sur l’île Maurice.

Petit à petit, les clubs et les premiers dirigeants du football mauricien entreprennent de se structurer. Le championnat national débute officiellement en 1935. La Coupe de la République complète le tableau des compétitions nationales à partir de 1957. Entre ces deux événements, le pays se dote d'une équipe nationale. Le Club M dispute son premier match en 1947, face à la Réunion. Entre 1947 et 1963, il remporte à dix reprises la Triangulaire des Jeux de l’Océan Indien, ancêtre des Jeux des Îles de l’Océan Indien.

En 1952, la Fédération mauricienne de football voit le jour, avec pour mission de coordonner les activités liées au football sur l’île. Dix ans plus tard, elle intègre la Confédération Africaine de Football (CAF), avant de rejoindre la FIFA en 1964. À ce stade, l’équipe nationale a besoin d’un stade à la hauteur de ses ambitions pour disputer ses matches à domicile. Le stade George V ouvre donc ses portes à Curepipe en 1955.

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Présence internationale

L’Île Maurice franchit les étapes avec application mais, jusqu’à présent, sa superficie relativement modeste (environ 2 000 kilomètres carrés) ne lui a pas permis de jouer un grand rôle sur la scène continentale. Elle n’a participé qu'une fois à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF, en 1974, et ne compte qu’une victoire aux Jeux des Îles de l’Océan Indien, en 1985.

Voté en 2001, le Sports Act modifie en profondeur le paysage footballistique sur l’Île Maurice. Le texte prévoit notamment que les clubs mauriciens qui évoluent dans les trois divisions nationales ne seront plus organisés en fonction de leur appartenance ethnique, mais de leur situation géographique. De son côté, la fédération décide de mettre l’accent sur la formation.

En 2003, l’Île Maurice accueille les Jeux des Îles de l’Océan Indien au stade George V, rénové pour l’occasion. Profitant de l’avantage du terrain, les locaux ajoutent une médaille d’or à leur tableau de chasse. En mai 2013, le pays organise cette fois le 63ème Congrès de la FIFA, confirmant ainsi son ambition d’être beaucoup plus présent sur la scène internationale. Parallèlement, l’instance dirigeante du football mondial lance plusieurs Projets Goal sur l’île, à commencer par la construction, en 2013, d’un terrain artificiel au centre de performance Trianon. Fort de ces investissements, ce site fait aujourd'hui la fierté des quelque 80 000 licenciés que compte le pays.

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Beaucoup de chemin parcouru

L’équipe nationale, pour sa part, vit son plus grand succès il y a une vingtaine d’années, lorsqu'elle atteint la 116ème place du Classement mondial FIFA/Coca-Cola. Il s’agit de la meilleure performance de l’histoire de l'Île Maurice, si l’on excepte la 112ème place qui lui a été attribuée à la création du classement, en 1992.

Pour en arriver là, les insulaires obtiennent des nuls méritoires contre des adversaires du calibre du Gabon et de l’Afrique du Sud, et la victoire arrachée à l’Angola dans les qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2000 reste une référence. Jimmy Cundasamy, un footballeur amateur qui a porté les couleurs de plusieurs clubs à l’Île Maurice et à la Réunion, reste la figure de proue de ces Dodos historiques.

"Sur l’île, on ne parle que de cette fameuse génération dorée qui s’est qualifiée pour la Coupe d’Afrique 1974. Cette équipe est entrée dans l’histoire grâce à un exploit exceptionnel. Tous les Mauriciens qui s’intéressent de près ou de loin au football connaissent son histoire", explique le défenseur international Lindsay Rose, interrogé par FIFA.com. "Ma première sélection remonte seulement à deux ans et demi, mais nous avons parcouru beaucoup de chemin au cours de cette période. Nous partageons tous l’ambition d’obtenir de bons résultats. La fédération ne ménage pas ses efforts pour le développement du football sur toute l’île et pour aider l’équipe nationale à progresser. Il y a donc toutes les raisons d’être optimiste."

"Il faut juste être patient"

Pour l’heure, l’Île Maurice a été écartée des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2021 par São-Tomé-et-Príncipe (battue 5-2 sur l’ensemble des deux manches) et de celles pour la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™ par le Mozambique (battue 3-0 en cumulé). "Le bilan n’est pas totalement négatif pour autant. L’équipe peut s’appuyer sur de bons éléments et nos adversaires redoutent de venir jouer chez nous. C’est un point de départ intéressant pour la suite", estime Rose.

Pour confirmer ce nouveau départ, la fédération a recruté en février 2020 un nouveau directeur technique, le Sud-Africain Zunaid Mall, et un nouveau sélectionneur, le Franco-Algérien Boualem Mankour. "Il faut penser à l’avenir et l’avenir, c’est la jeunesse. Nous allons profiter des deux prochaines années pour bien nous préparer", promettait Mankour à son arrivée sur l’île.

"Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas marcher sur les traces de nos illustres prédécesseurs. Il faut juste être patient. Nous sommes en train de construire quelque chose", conclut Lindsay Rose.