mercredi 30 novembre 2016, 11:55

Jon à onze mètres du bonheur

Un penalty détermine parfois l’issue du match. "Au Brésil, on dit que les penalties sont tellement importants que le président est le seul à pouvoir les tirer", a un jour déclaré Carlos Dunga, le capitaine de la sélection sacrée championne du monde en 1994. Si Jon So Yon voit les choses de manière nettement moins dramatique, elle n’en est pas moins consciente de l’importance d’une telle situation. "Le fait que le ballon rentre ou non peut bien sûr avoir une influence déterminante sur le cours du match. Mais c’est aussi une immense responsabilité car toute l’équipe vous fait confiance", explique-t-elle à FIFA.com.

La défenseuse sait de quoi elle parle puisqu’en 11 matches de Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA, elle a inscrit cinq buts pour la RDP Corée, tous depuis le point de penalty. En 2014, au Canada, elle s’était déjà avancée devant le but adverse et avait marqué contre le Nigeria, les États-Unis et le Ghana. "Les coups de pied arrêtés sont ma spécialité, alors si je peux m’en servir pour aider l’équipe, ça me rend d’autant plus heureuse. Peu importe si c’est moi qui marque ou si je suis à l‘origine de la passe décisive. Le principal, c’est que la victoire soit au rendez-vous", assure-t-elle.

Cette année en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Jon a déjà eu l’occasion de montrer à deux reprises ses qualités de tireuse : en phase de groupes face au Brésil puis en demi-finale contre les États-Unis. Les Nord-Coréennes lui font confiance pour la plupart des coups de pied arrêtés, y compris les corners et les coups francs. "Quand je m’avance vers le point de penalty, je vois toujours ma famille défiler devant mes yeux. C’est pour elle que je tire", confie la joueuse de 20 ans. "Mon père est entraîneur d’une équipe de première division nord-coréenne, il regarde tous mes matches. Il me donne toujours des conseils."

Doublement douloureux Les Asiatiques s’apprêtent à présent à affronter la France, qui est un peu devenue leur bête noire. Les Bleuettes ont déjà gâché la fête des Nord-Coréennes à deux reprises. À chaque fois, Jon figurait dans le onze de départ. Il y a deux ans au Canada, le match pour la troisième place s’est soldé par une victoire 3:2 des Européennes. En 2012, la RDP Corée s’est inclinée en finale de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA aux tirs au but (6:7). Si l’on ajoute le nul 1:1 de la phase de groupes en Azerbaïdjan, on obtient un bilan sans appel - et sans aucune victoire des Asiatiques contre la France dans les compétitions de jeunes. "Je me souviens en particulier de la défaite en finale. J’avais été remplacée et je devais me contenter de regarder le match. Ça a été doublement douloureux", reconnaît-elle.

Jon n’est pas la seule à espérer pouvoir prendre sa revanche. Huit autres joueuses de l’époque, à savoir Kim Phyong Hwa, Ri Un Sim, Ri Hyang Sim, Ri Un Yong, Kim Un Hwa, Rim Yong Hwa, Ri Kyong Hyang et Kim So Hyang sont cette année elles aussi de la partie. Côte français, Marion Romanelli, Onema Geyoro ainsi que Cindy Perrault étaient déjà présentes il y a quatre ans. Deux autres joueuses ont également marqué l’esprit de Jon. "Il y avait une joueuse qui évoluait en attaque et qui est depuis devenue capitaine, l’autre était arrière droite." Elle pense ici à Delphine Cascarino, l'une des meilleures joueuses de cette Coupe du Monde à Port Moresby, et à Juliane Gathrat.

Le 3 décembre sur la pelouse du National Football Stadium, Jon et ses coéquipières espèrent pouvoir inverser la tendance face à la France et décrocher leur deuxième titre mondial, après leur sacre en 2006. "Nous allons nous donner à fond en finale,  c’est une chance en or. Notre voyage n’est pas encore terminé. Les Françaises sont très fortes, nous le savons, mais je suis sûre que nous serons championnes du monde." Et s’il y a un penalty sifflé en faveur de la RDP Corée ? "Alors je m’avancerai devant le but et je marquerai. J’en suis convaincue."