dimanche 19 septembre 2021, 13:00

Gonzalez, l’expérience argentine pour la renaissance américaine

  • Luciano Gonzalez est l’un des seuls Américains à avoir une expérience dans le futsal.

  • Né aux USA de parents argentins, il a joué avec émotion contre l’Albiceleste.

  • Sa mission : apporter son expérience pour aider au développement du futsal US

Si l’Argentin Juan Carlos Ceriani a inventé le futsal en Uruguay dans les années 1930, l’idée lui serait venue lors de son passage à l'International YMCA Training School du Springfield College, en assistant à des parties de football en salle. Les origines de la discipline se trouveraient donc dans ce gymnase des États-Unis où, accessoirement, James Naismith a inventé le basketball parce que trop de fenêtres auraient été cassées par les footballeurs… Comme toutes les légendes, impossible à vérifier si elle est vraie, mais on a envie d’y croire. Et si on y croit, on se demande pourquoi près d’un siècle plus tard, le futsal n’a jamais pris son envol aux États-Unis. La sélection a même été abandonnée à l’issue des qualifications - manquées - pour la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA 2016. Ce n’est qu’en 2019 que la fédération a relancé le futsal en nommant Dusan Jakica à la tête de l’équipe nationale et du programme de développement.

Parmi toutes ses idées, le technicien serbe a eu celle de convoquer Luciano Gonzalez, né dans le New Jersey de parents argentins, qui a grandi en Argentine et qui évolue dans le championnat italien, l’un des plus relevés du monde. Autant dire un apport inestimable pour renforcer une équipe qui n’a aucune référence dans le futsal international. "Ce que me demande l’entraîneur, la raison pour laquelle il m’a proposé d’intégrer cette équipe, est d’apporter un peu de mon vécu", confirme Lucho au micro de FIFA.com. "Nous avons des joueurs jeunes, qui ne jouent pas spécifiquement au futsal, mais au football indoor, qui est un peu différent. L’entraîneur veut que je leur apporte de l’organisation, de la discipline tactique, de l’expérience."

Avec discipline, envie et cœur

À voir son attitude, Gonzalez prend sa mission au sérieux. Il dicte le tempo, replace ses coéquipiers, distille ses consignes et ses encouragements pendant tout le temps qu’il passe sur le terrain - et depuis le banc de touche quand il n’y est pas ! - et, accessoirement, c’est lui qui a inscrit les deux seuls buts américains depuis le début de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™, contre la RI Iran, troisième de la dernière édition.

De quoi rendre fier Gonzalez et ses coéquipiers malgré la défaite (2-4), après avoir déjà chuté d’entrée contre un autre poids lourd, l’Argentine, tenante du titre (0-11). "J’ai essayé de montrer l’exemple, et j’ai eu la chance de marquer, ce qui me rend très fier, mais nous avons tous fait un grand match", estime le joueur de Citta di Massa. "Nous avons essayé de jouer, de construire des actions, de mettre en application ce que nous avons travaillé, et nous sommes passés près d’un très bon résultat. Avec discipline, avec envie, avec le cœur, on peut tenir tête à de grandes équipes. En tout cas, on a pu s’exprimer un peu plus par rapport au match contre l’Argentine. C’était difficile à vivre. Ils ont eu le ballon pendant 38 minutes, et nous n’avons jamais pu jouer..."

Un match difficile, donc, mais surtout particulier pour Gonzalez, qui a quitté les États-Unis à l’âge de trois ans pour vivre à Mendoza, et qui a porté les couleurs de l’Albiceleste dans des tournois internationaux. "Ça m’a procuré beaucoup d’émotions", admet-il. "Mais je représente les États-Unis, le pays où je suis né et qui m’a donné la possibilité de participer à la meilleure compétition qui existe dans le monde. Je suis très reconnaissant de cette chance qui m’est donnée. C’est un honneur d’avoir eu la possibilité de jouer contre le champion en titre, et encore plus pour moi, pour tout ce que ce pays représente."

Revenir et progresser

Après le tenant du titre en entrée, et le médaillé de bronze en plat de résistance, Team USA se prépare à affronter la Serbie, avec un infime espoir de se qualifier en cas de victoire. "Contre l’Iran, nous avons perdu, certes, mais de la bonne manière. En gardant nos nerfs, en montrant des progrès, en n’ayant aucun regret, et nous jouerons de la même manière contre la Serbie. Nous n’avons rien à perdre", annonce Gonzalez, qui tire déjà les enseignements du tournoi, quelle qu’en soit l’issue.

"Nous sommes venus pour prendre de l’expérience, en pensant au futur, et les défaites contre les meilleures sélections, c’est le chemin qu’il faut suivre", accepte l’ailier, optimiste pour le futur de sa sélection. "J’ai 26 ans, je peux encore apprendre, m’améliorer, et continuer à apporter quelque chose à l’équipe pour voir nos progrès dans les prochaines années. Nous voulons revenir et progresser à chaque fois. Nous nous sommes mesurés à de grandes équipes, avec des jeunes joueurs qui n’ont pas d’expérience de futsal, et malgré tout nous avons réussi de belles performances. Ça remplit de fierté et d’espoir et nous donne la force de travailler pour le futur."

Si la légende veut qu’un Argentin ait eu l’idée d’inventer le futsal aux États-Unis, une autre racontera peut-être qu’un Américain d’origine argentine l’aura fait renaître au même endroit

Luciano Gonzalez, of USA