mercredi 10 juin 2020, 06:27

Goal Click fait passer les réfugiés derrière l’objectif

La Journée mondiale des réfugiés a lieu tous les ans, le 20 juin. C’est dans ce contexte que Goal Click et le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies lancent une nouvelle série intitulée : Goal Click Réfugiés. Cette initiative unique en son genre donne la parole aux réfugiés et aux demandeurs d’asile du monde entier en leur proposant de raconter leurs histoires personnelles et leurs expériences à travers le football, à l’aide d’un appareil photo analogique.

Des photos intimes et des récits sans filtres ont ainsi vu le jour dans les camps de réfugiés en Jordanie, au Kenya et au Soudan du Sud, mais aussi sur des terrains de jeu à Londres et Sydney. Les organisateurs ont voulu offrir une plate-forme à des voix jusqu’alors inaudibles. Les participants ont ainsi pu mettre en avant leurs vécus, à travers le langage universel du football. Sur les cinq continents, plus de 25 réfugiés des deux sexes ont participé à cette aventure.

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Photographe : Shegofa Hassani Nationalité : afghane ONG : Football United Lieu : Sydney (Australie)

Je m’appelle Shogofa Rahimi. Je participe ici à une séance d’entraînement du Sydney United. J’ai appris à aimer le football dès mon plus jeune âge, en jouant avec mes frères. Pourtant, j’ai longtemps hésité à poursuivre mon rêve, à cause des barrières culturelles et de ma famille.

Beaucoup de gens pensent encore que les femmes afghanes n’ont pas leur place dans le sport. C’est l'occasion pour nous de leur prouver qu'ils ont tort, tout en restant actives et connectées socialement. J’aimerais que plus de jeunes filles afghanes se lancent à la poursuite de leurs rêves. Elles sont encore trop nombreuses à s’interdire des choses en raison de barrières culturelles, familiales ou financières. Les filles ne jouaient pas au football chez nous, car les filles n’ont pas le droit de jouer en Afghanistan.

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Photographe : Sofia Nationalité : afghane ONG : Caritas Lieu : Cardiff, Pays de Galles (Coupe du Monde des sans-abris)

Je suis née en Afghanistan et j’ai grandi en Iran. En Iran, en tant que jeune fille, je n’étais pas autorisée à jouer au football. J’avais toujours vu des garçons jouer et il ne m'était jamais venu à l'esprit que je pouvais participer aussi. Je suis très heureuse d’avoir été autorisée à vivre en Autriche. Ici, les femmes ont le choix. J’ai parfois l’impression de vivre dans un paradis, tant les opportunités sont nombreuses.

Un jour, j’ai vu qu’on cherchait des joueurs pour la Coupe du Monde des sans-abris. J’ai été choisie pour représenter l’Autriche. J’ai su alors que tout le monde me voyait comme un être humain. En Iran, on ne voulait pas de moi. Personne ne me parlait. On m’ignorait. Ici, je fais partie d'une équipe et ça me plaît énormément.

Je passe mes journées à jouer au football. J’adore le football. Le football me nourrit, il me donne de l’énergie. J’espère qu'un jour, je pourrai aider à mon tour toutes les jeunes filles de mon pays, en leur donnant accès au sport. J’ai aussi connu des moments difficiles sur un terrain mais, pour moi, le football est comme un manège ; il n’arrête jamais de tourner.

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Photographe : Yvan Bikambo Nationalité : camerounaise (réfugié de République centrafricaine) ONG : Red Deporte Lieu : Mandjou (Cameroun)

À l’école primaire de Bindia, les enfants des familles de réfugiés sont majoritaires. En classe, les petits Camerounais côtoient les petits Centrafricains. Pendant la récréation, ils jouent ensemble. Ils se retrouvent aussi en dehors de l’école, car ils vivent dans les mêmes quartiers de Mandjou. Ici, les réfugiés sont bien intégrés. Certains ont même ouvert des commerces : ils vendent des céréales et des légumes, du bœuf ou des produits ménagers.

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Photographe : Maram Nationalité : syrienne ONG : UNICEF Lieu : Zaatari (Jordanie)

Notre équipe de filles est basée dans le camp de Zaatari. Je voulais montrer de quoi nous étions capables car le football est une source d’espoir pour moi. Beaucoup de gens ici pensent que le football est réservé aux garçons et que les filles ne devraient pas y jouer. Pourtant, quand je suis sur le terrain, ça me remonte le moral. Je retrouve ma confiance en moi. Je suis une fille, ce qui signifie que j’ai le pouvoir de changer la façon dont cette communauté voit le football féminin. Je peux briser le mur de la honte.

Je veux progresser en tant que footballeuse pour réaliser mon rêve. J’espère devenir célèbre un jour, voyager avec ma famille et jouer au football ailleurs que dans ce camp.

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Photographe : David Philip Nationalité : soudanaise / sud-soudanaise ONG : Green Kordofan Lieu : Yida (Soudan du Sud)

Près de 60 000 personnes ont été contraintes de quitter leur foyer pendant la guerre et vivent désormais à Yida. Le football m’a permis de me faire des amis dans d’autres tribus et partout dans le monde. Pour moi, il est source de paix et d’unité entre les peuples.

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Photographe : Mehdi Rakhshandeh Nationalité : iranienne ONG : MFC Foundation Lieu : Middlesbrough (Royaume-Uni)

Nos séances hebdomadaires réunissent des gens venus d’horizons très divers. On trouve des Africains, des Iraniens, de Syriens et, bien entendu, des Anglais. Tous les Anglais que j’ai rencontrés m’ont accueilli chaleureusement.

Le football a joué un grand rôle dans ma vie. Quand je suis arrivé au Royaume-Uni et à Middlesbrough, il a facilité mon intégration. J’ai joué chaque semaine avec la MFC Foundation. J’ai ainsi pu rencontrer de nouvelles personnes, me familiariser avec mon nouvel environnement et améliorer mon anglais ! Si je me suis tout de suite senti chez moi dans cette communauté, c’est grâce au football.

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Photographe : Mahmoud Nationalité : syrienne ONG : HCR Lieu : Zaatari (Jordanie)

Les enfants et les adultes qui vivent dans ce camp jouent au football sur l’aire de jeu et dans les rues. Il y a aussi un terrain de football à l’extérieur. Le football occupe une grande place ici. Les gens y sont très attachés.

Je me suis intéressé au sport dès mon enfance, quand je vivais à Daraa, en Syrie. Aujourd'hui, le sport me permet de combattre la tristesse et la dépression qui règnent dans ce camp. J’ai joué au football en Syrie, dans mon pays, avec l’équipe de mon école. Malheureusement, j’ai dû partir à cause de la guerre. J’aime le football ; jouer me donne de l’espoir. Un jour, j’aimerais rejoindre une équipe européenne.

Le sport est toute ma vie. Je ne pourrais pas m’en passer. Je ne peux même pas passer une journée sans faire du sport ou jouer au football. C’est une bonne façon d’évacuer le stress. J’ai la chance de jouer dans des équipes jordaniennes. Cette expérience me permet de voir le monde en dehors de notre camp de réfugiés.

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Photographe : Samuel Gédéon Nationalité : haïtienne ONG : RIFA Lieu : New York (États-Unis)

Les immigrés de différents pays partagent une même passion pour le football. Grâce au ballon, ils ont formé une communauté. Ils sont d’origines diverses, mais ils ont appris les uns des autres. Ils ont commencé à changer leur manière de voir les autres et ils aident désormais leur quartier à travers des projets sociaux.

Je suis haïtien et le football est l’une de mes grandes passions. Je jouais au football dans la rue. J’ai aussi pratiqué le futsal. J’ai joué dans des clubs et j’ai pratiqué le football avec des amis. Il nous est arrivé d’organiser des matches de football de rue contre d’autres quartiers. En 2015, je me suis installé à New York, avec l’espoir de trouver une bonne équipe. En arrivant, j’ai découvert que tout le monde jouait au basket. Mais à force d’efforts, j’ai fini par trouver Rooklyn, en 2017.