"Le football féminin est parti pour s’implanter durablement", imprimait le journal de Christchurch, The Press, en évoquant le premier match de football féminin opposant deux équipes néo-zélandaises, Wellington à Christchurch, en 1921. La rencontre s’était déroulée le 24 septembre, le même jour que le premier match comptant pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023. Cent ans plus tard, des joueuses représentant les deux régions se sont réunies ce 4 décembre 2021 dans le même stade d’English Park à Christchurch, afin de revivre ce match fondateur. Pendant ce temps, moins de 24 heures plus tôt, Wellington Phoenix rejoignait les neuf autres clubs du championnat australien et devenait ainsi la première équipe professionnelle de football féminin du pays à disputer un match comptant pour la nouvelle A-League Women.

“C’est un moment déterminant”, confie Gemma Lewis, l’entraîneur de Wellington passée par le Programme de Mentorat pour Entraîneurs de la FIFA. “Nos meilleures joueuses devaient partir à l’étranger pour devenir professionnelles. C’était un obstacle pour beaucoup d’entre elles, surtout les plus jeunes. Pour les Kiwis, il y a désormais une équipe proche de chez elles. Elles peuvent suivre leur voie en Nouvelle-Zélande de manière durable. Ce n’est plus la peine de partir à l’étranger si elles n’en ont pas envie.” En raison des restrictions liées à la crise sanitaire, l’équipe devra jouer la plupart de ses matches en Australie, alors qu’elle est principalement composée de jeunes joueuses. Lewis et un grand nombre de ses protégées retrouveront toutefois un environnement familier. Une partie d'entre elles faisaient partie du groupe ayant décroché le bronze lors de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA 2018 sous les ordres de la Galloise de 31 ans.

Le camp d’entraînement de Phoenix en Australie permet à Lewis de toujours avoir ses joueuses sous la main. Celles-ci peuvent donc profiter de ses analyses techniques et de séances quotidiennes. Lewis espère que cela accélérera leur progression. Le scénario est certes bien différent de celui d’il y a 100 ans, mais ces pionnières ont marqué l’histoire. The Press écrivait d'ailleurs que les protagonistes du match de 1921 ont “affirmé leur droit à jouer au football, une activité jusque-là considérée comme un privilège réservé aux hommes”. “Ceux qui s’attendaient à un spectacle burlesque ont dû être déçu. Les joueuses, en tenue complète et spécialement entraînées pour l’occasion, ont pris la rencontre au sérieux et ont montré de très belles choses”. En effectuant ce bond dans le temps, la Nouvelle-Zélande peut aujourd’hui dresser le bilan d’un siècle de football féminin, même si les célébrations ont dû être repoussées de quelques mois en raison de la pandémie. Ce long chemin atteindra son point culminant en 2023, lorsque la Nouvelle-Zélande et l’Australie accueilleront le monde.