mardi 10 décembre 2019, 07:29

Kai, une vie de sacrifice pour un exploit historique

  • Hienghène Sport a remporté la Ligue des champions de l’OFC

  • Les Néo-Calédoniens vont disputer leur première Coupe du Monde des Clubs de la FIFA

  • Entretien avec Bertrand Kai, l'un des joueurs les plus expérimentés de l'équipe

Hienghène, qui compte à peine 2 500 habitants, est située à 380 km de Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie. Pourtan, la petite ville s'apprêté à se produire sur la scène mondiale. Après avoir remporté la Ligue des champions de l’OFC, Hienghène Sport participe en effet à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Qatar 2019™.

Avec ce triomphe continental, Hienghène Sport a offert à la Nouvelle-Calédonie sa première couronne océanienne. Les exploits des hommes de Félix Tagawa sont une source de fierté pour la ville et un pays où le football reste largement amateur. Les joueurs travaillent toute la journée, s’entraînent le soir et disputent leurs matches le week-end. Bertrand Kai incarne parfaitement ce modèle. Le capitaine de Hienghène s’occupe de la logistique dans un internat. Il va travailler tous les matins et s’entraîne tous les jours, à l’exception du mercredi. Le samedi, il rejoint ses partenaires pour la journée de championnat.

Ses deux fils et sa femme l’accompagnent régulièrement aux matches, afin de profiter un peu de lui malgré ce calendrier chargé. "En tant qu’amateurs, nous menons une vie ordinaire. Il faut essayer de trouver le bon équilibre entre le travail, la famille et le football. C’est très difficile, surtout maintenant que nous avons atteint ce niveau", admet l'attaquant au micro de FIFA.com. "La victoire en Ligue des champions a tout changé. Si nous n’avions pas fait certains sacrifices, rien de tout ça n’aurait été possible."

Élevé dans la tribu des Ganem, Kai a dû assumer de lourdes responsabilités dès son plus jeune âge. En plus de la chasse et de la pêche, il a appris à cultiver la terre. "Nous fonctionnons selon le principe des tribus. Cette culture nous a permis de resserrer les liens dans notre équipe. Nous faisons beaucoup de sacrifices pour jouer au football le week-end. Il nous faut quitter nos familles", détaille Kai qui, à 36 ans, reste affûté physiquement, et précis techniquement comme en témoigne sa récente nomination au titre de meilleur joueur du championnat.

D'un rêve à l'autre

Hienghène Sport a réalisé un exploit en remportant la Ligue des champions au terme d’une finale haletante, décidée sur un seul but. Désormais, Kai et ses coéquipiers s’apprêtent à vivre un nouveau rêve. "Personne ne nous imaginait gagner ce titre. En venant au Qatar pour participer à cette grande compétition, nous avons réalisé quelque chose d’unique. Nous-mêmes, nous ne pensions pas aller si loin, mais grâce à des années de dur labeur, nous avons pu faire honneur à tous ceux qui nous ont précédés et qui nous ont appris le sens du mot sacrifice", insiste-t-il.

En guise d’entrée en matière, Hienghène affrontera le représentant du pays hôte, Al Sadd, dans un match à quitte ou double. "Nous allons faire de notre mieux pour représenter notre club et notre pays, mais aussi pour donner une bonne image de la Nouvelle-Calédonie. Nous aurons des professionnels en face de nous et je m’attends à souffrir", reconnaît Kai. "Notre mission ne sera pas facile mais nous allons nous battre", prévient Kai, qui aborde la rencontre et le tournoi avec la fierté du devoir déjà accompli, mais l'ambition de faire encore mieux : "Nous sommes déjà contents d’être là. C’est une belle réussite en soi, mais nous espérons battre Al Sadd pour aller le plus loin possible", conclut-il.